(Ottawa) Le futur programme d’assurance médicaments devra tenir compte des finances du gouvernement, avertit le ministre fédéral de la Santé, Mark Holland. Les néo-démocrates menacent de retirer leur soutien au gouvernement libéral minoritaire s’ils n’obtiennent pas un programme entièrement public et universel dont la mise sur pied dépasserait les 10 milliards annuellement.

« Je pense qu’il y a des questions légitimes sur ce qui est possible à l’intérieur de notre cadre financier et je pense que les Canadiens s’attendent à ce que nous soyons prudents », a affirmé le ministre Holland à son arrivée au parlement lundi.

Il s’est dit prêt à faire des compromis, mais n’a pas voulu préciser si le gouvernement obtempérera à l’ultimatum des néo-démocrates. La fin de l’entente entre les libéraux et les néo-démocrates pourrait menacer la survie du gouvernement de Justin Trudeau pour la première fois depuis sa signature en 2022.

« Nous nous attendons à ce que les libéraux respectent leur promesse. C’est notre ligne rouge », a réitéré le porte-parole en matière de santé du Nouveau Parti démocratique (NPD), Don Davies.

Les délégués néo-démocrates réunis en congrès à Hamilton lors du week-end ont adopté à l’unanimité une résolution pour que le projet de loi des libéraux, attendu cet automne, jette les bases d’un programme « universel, complet et entièrement public ». Ils rejettent tout système à deux vitesses qui inclurait des compagnies d’assurance privées comme c’est le cas actuellement au Québec.

« En 1997, les libéraux ont promis aux Canadiens une assurance médicaments publique en campagne électorale, a rappelé M. Davies. À trois reprises, les délégués lors de leurs congrès de 2016, 2018 et 2021 ont voté pour. »

Avec le temps qui passe, les chances qu’un projet de loi pour créer un tel programme soit adopté d’ici la fin de l’année, comme le prévoit l’entente, s’amenuisent.

Indicateurs de performance

Si les néo-démocrates la déchirent comme ils menacent de le faire, le Bloc québécois pourrait se retrouver avec la balance du pouvoir. « Ça va donner plus d’ascendant au Québec », a reconnu son chef Yves-François Blanchet.

Il est prêt à soutenir un projet de loi sur l’assurance médicaments seulement si le gouvernement québécois peut exercer son droit de retrait avec pleine compensation. « Si Québec n’a pas de chèque, c’est clair qu’on n’ira pas en faveur de ça », a-t-il tranché.

Or, le gouvernement fédéral insiste pour associer des indicateurs de performance au chèque de 196 millions qu’il versera aux provinces sur 10 ans pour les soins de santé. Il pourrait donc aussi décider d’inclure des conditions aux sommes qui seraient éventuellement consacrées à l’assurance médicaments.

Une nouvelle analyse du directeur parlementaire du budget publiée jeudi estime que la mise sur pied d’un programme d’assurance médicaments public et universel à l’échelle du pays dès janvier coûterait 11,2 milliards la première année et s’élèverait à 13,5 milliards cinq ans plus tard.

Des économies de 1,4 milliard seraient générées la première année parce que le gouvernement serait en mesure de négocier un prix de gros. Elles grimperaient à 2,2 milliards en 2027-2028.