(Ottawa) Le régime chinois désapprouve la création d’une enquête publique sur l’ingérence étrangère et somme Ottawa de mettre au rancart ses « biais idéologiques », sans quoi des « conséquences » s’ensuivront.

L’annonce du déclenchement d’une commission d’enquête sur l’ingérence étrangère de pays comme la Chine a ulcéré l’ambassade de Chine à Ottawa, qui a réagi – comme elle en a l’habitude – de façon musclée, et avec un ton menaçant.

La Chine « déplore vivement » l’ouverture de cette enquête et s’y « oppose fermement », a écrit vendredi dans un courriel un porte-parole de la mission chinoise, accusant au passage le gouvernement canadien d’« exagérer les mensonges de la prétendue ingérence de la Chine dans les affaires internes du Canada ».

Dans la même déclaration, il reproche à « des politiciens et médias canadiens » de diffuser « des mensonges et de la désinformation contre la Chine », et de « saper la sécurité et la stabilité de la Chine » en appuyant, ouvertement ou pas, les enjeux liés à Taïwan, à Hong Kong et aux Ouïghours.

Il s’agit là d’ingérence canadienne dans les affaires chinoises, et la Chine somme donc le Canada d’« abandonner ses biais idéologiques », de « cesser d’induire le public en erreur », à défaut de quoi « le Canada devra en subir les conséquences », a conclu le porte-parole dans le même message.

Justin Trudeau prêt à témoigner

Le gouvernement Trudeau a confié jeudi les rênes de l’enquête publique sur l’ingérence étrangère à la juge Marie-Josée Hogue, de la Cour d’appel du Québec. La magistrate a le mandat de se pencher sur les actions perturbatrices de la Chine, de la Russie et d’autres États.

En conférence de presse à Singapour, dans les heures ayant suivi cette annonce, le premier ministre Justin Trudeau a affirmé qu’il témoignerait « volontiers et avec beaucoup d’enthousiasme » s’il était convoqué par la commissaire.

« Je vais toujours répondre “oui” aux questions de la Commission », a-t-il soutenu.

La Commission ayant été mise sur pied en vertu de la Loi sur les enquêtes, sa présidente dispose du pouvoir de contraindre des témoins à comparaître.

La juge Hogue entrera en poste le 18 septembre prochain. Ses délais sont serrés : la magistrate devra remettre un rapport intermédiaire d’ici le 29 février 2024, tandis que son rapport final est attendu au plus tard le 31 décembre 2024.