(Ottawa) Les néo-démocrates disent faire de l’accès au logement et du coût de la vie leurs priorités, alors qu’ils sont réunis en caucus jusqu’à la fin de la semaine pour se préparer à la rentrée parlementaire. Ils insistent sur le mandat de la Banque du Canada qui, selon eux, devrait être revu.

« Il est temps de dire “assez, c’est assez” », a lancé mercredi leur chef, Jagmeet Singh, dans un discours marquant le début de trois jours de discussions à Ottawa.

Il a noté que la Banque du Canada a annoncé qu’elle maintient son taux directeur inchangé à 5 %, mais a déploré que les taux d’intérêt demeurent « plus élevés qu’ils ne l’ont jamais été dans les 20 dernières années ».

M. Singh a affirmé que les hausses passées des taux d’intérêt, établies en fonction du taux cible d’inflation de 2 % de la banque centrale, « font mal aux Canadiens et ne font rien pour empêcher les cupides PDG d’augmenter les prix afin de faire plus d’argent ».

Il a, du même souffle, accusé la Banque du Canada de « causer l’inflation qu’elle est censée combattre ».

« Il est temps pour Justin Trudeau – dont le gouvernement fixe le mandat de la Banque du Canada – de clairement lancer le message que les politiques qui font mal aux travailleurs et aux familles sont mauvaises », a dit le chef néo-démocrate à l’adresse du premier ministre.

En octobre dernier, M. Singh avait d’ailleurs écrit à M. Trudeau pour lui demander une révision du rôle de la banque centrale.

Le chef adjoint du Nouveau Parti démocratique (NPD), Alexandre Boulerice, a fait valoir en mêlée de presse mercredi que le mandat pourrait être élargi en fonction d’autres éléments que l’inflation.

« Je pense qu’on pourrait avoir un mandat de la Banque du Canada […] avec peut-être deux ou trois objectifs qui prennent en considération […] également l’emploi, le marché du travail et peut-être aussi la capacité des gens à être capables de se loger et à payer leurs maisons et leurs hypothèques », a-t-il soutenu.

M. Boulerice s’est distancié du chef conservateur Pierre Poilievre, qui critique aussi la Banque du Canada en promettant de congédier son gouverneur, Tiff Macklem, s’il devient premier ministre.

« M. Poilievre dit n’importe quoi avec une solution qui n’en est pas une du tout. […] Il n’a pas le pouvoir de le faire. C’est bien beau de faire de la politique fiction où tu te prends pour un petit chef qui décide de tout, mais ce n’est pas un petit Donald Trump, Pierre Poilievre, il n’est pas capable de faire ça », a-t-il affirmé.

Dans son discours, M. Singh s’en est d’ailleurs pris à maintes reprises au chef conservateur pour soutenir qu’il n’est pas qui il prétend être.

« Pierre Poilievre a beau essayer de se présenter sous un jour meilleur, mais on se rappelle tous de ses neuf ans au gouvernement (de Stephen Harper). Coupures d’impôt pour les grandes entreprises et coupures de service pour le reste d’entre nous », a-t-il soutenu.

Déjà, il avait donné le ton dans une entrevue accordée à La Presse Canadienne, en blâmant autant les conservateurs que les libéraux de Justin Trudeau pour la crise du logement. « (M. Poilievre) se présente comme quelqu’un qui s’inquiète du coût du logement, mais quand il était au pouvoir, à cause de ses décisions, les gens d’aujourd’hui ont perdu 800 000 logements abordables », a-t-il dit en entrevue.

Ces critiques contre M. Poilievre surviennent dans un contexte où ce dernier bénéficie d’une importante avance dans les sondages.

Questionné à savoir si cette posture des conservateurs l’incitait à diriger davantage ses attaques contre eux, M. Singh n’a pas répondu directement.

Le chef du NPD accuse aussi M. Poilievre de ne pas réellement défendre les intérêts des travailleurs.

Par ailleurs, des leaders syndicaux se joignent aux discussions du caucus néo-démocrate. « (C’est) pour renforcer encore notre engagement (envers) les droits des travailleurs et comment on trouve que, dans cette crise d’abordabilité, devenir membre d’un syndicat est un outil pour faire face à cette crise », a soutenu M. Singh.

L’entente du NPD avec le gouvernement libéral inclut d’ailleurs une éventuelle loi interdisant les briseurs de grève.

M. Singh a signalé qu’il compte continuer de miser sur l’avancement de cet élément de l’accord, mais qu’il souhaite également aller au-delà des points écrits noir sur blanc.

« Depuis le début, on n’a jamais dit que ce qu’on a négocié est une limite. C’est plutôt une fondation et il n’y a pas une limite. Donc on va continuer de mettre la pression pour réaliser d’autres choses. »

Le chef néo-démocrate estime notamment que c’est grâce aux pressions de son parti que l’augmentation du crédit de la TPS a été maintenue par le gouvernement.

« C’est un exemple de quelque chose hors de l’entente qu’on a réalisé. Donc on va continuer de faire exactement la même chose », a-t-il poursuivi.

L’entente du NPD avec les libéraux vient, en théorie, à échéance en 2025. En place depuis le printemps 2022, elle assure au gouvernement minoritaire de Justin Trudeau l’appui des néo-démocrates dans des votes clés aux Communes qui, autrement, pourraient mener à des élections.