Les résidants de la plus grande ville canadienne sont appelés à élire leur nouveau maire ce lundi. Malgré un déficit de près de 1 milliard de dollars sur fond de problèmes de logement, d’itinérance et de criminalité, un nombre record de 102 candidats se disputeront les clés de l’hôtel de ville. Gros plan sur une course… très courue.

Encore des élections à la mairie de Toronto ? Ça n’avait pas été réglé l’automne dernier ?

Effectivement, le maire John Tory avait été élu avec une confortable avance, pour la troisième fois depuis 2014. Son mandat a toutefois été de courte durée. Au début de février, il a démissionné en raison d’une relation extraconjugale nouée avec une employée durant la pandémie, alors qu’il était marié depuis plus de 40 ans.

Lisez l’article « Le maire de Toronto John Tory démissionne »

Intéressant ! Est-ce qu’il y a un peu de suspense dans cette élection ?

Oui et non. Avec 102 candidats, dont un qui fait campagne avec son chien, ça se bouscule au portillon. Olivia Chow, 66 ans, est largement en avance dans les sondages, avec un peu plus de 30 % des intentions de vote, mais ça ne garantit rien.

PHOTO COLE BURSTON, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

Olivia Chow, favorite dans la course à la mairie de Toronto, lors d’un évènement partisan le 16 juin dernier

La dernière fois où elle s’est présentée à la mairie, en 2014, elle est partie favorite, mais a mordu la poussière au fil d’arrivée, finissant troisième derrière John Tory et Doug Ford.

Cette Olivia Chow me dit quelque chose. Vous me rafraîchissez la mémoire ?

Je pourrais vous dire qu’elle a été commissaire scolaire et conseillère municipale avant de siéger à la Chambre des communes comme députée néo-démocrate, de 2008 à 2014. Mais si son nom est familier au Québec, c’est surtout parce qu’on l’a beaucoup vue aux côtés de Jack Layton, le très populaire chef néo-démocrate mort en 2011, qui était son mari.

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Mark Saunders (au centre) et le premier ministre de l’Ontario, Doug Ford (à droite), le 23 juin dernier

Doug Ford étant premier ministre de l’Ontario, ça laisse le champ libre à Toronto, non ?

Pas vraiment, puisque Doug Ford ne s’est jamais gêné pour se mêler de la politique de la Ville Reine, qui est la capitale de sa province. Mercredi dernier, il a déclaré que l’élection d’Olivia Chow serait « un désastre absolu ». M. Ford appuie Mark Saunders, qui a été candidat pour son parti aux dernières élections provinciales, et chef de la police torontoise de 2015 à 2020. Le premier ministre ontarien a toutefois indiqué que si Mme Chow était élue mairesse, il travaillerait avec elle.

Qui sont les autres favoris ?

Mark Saunders, qui a été policier à Toronto durant 38 ans, dont cinq ans comme chef, est ressorti bon deuxième dans plusieurs sondages. Il promet de s’attaquer à la criminalité et au sentiment d’insécurité, y compris dans les transports en commun, en empêchant les gens d’y mendier ou d’y dormir.

Un récent sondage, publié vendredi dernier par Mainstreet Research, suggère toutefois un refroidissement à son égard. La firme l’a placé quatrième, talonnant le chroniqueur conservateur Anthony Furey, mais derrière l’ex-conseillère municipale Ana Bailão, avec qui M. Saunders partageait le deuxième rang dans le précédent sondage Mainstreet. « Au lendemain des appuis reçus de l’équipe éditoriale du Toronto Star et de l’ex-maire John Tory, Ana Bailão a vu ses appuis bondir », a commenté la firme sur son site Web.

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Ana Bailão, candidate à la mairie de Toronto

Deux conseillers municipaux (Brad Bradford et Josh Matlow) et une ex-députée libérale provinciale qui a été ministre dans le gouvernement de Kathleen Wynne (Mitzie Hunter) complètent le peloton de tête.

Et le chien, avec qui fait-il campagne ?

Toby Heaps, qui se décrit comme « le candidat humain sur le bulletin de vote », fait campagne avec sa chienne Molly, 6 ans. « Molly serait premier maire honoraire canin de Toronto », explique le candidat humain sur son site Web, en citant le cas de Niagara Falls, où le maire a cédé son titre à un chien durant une fin de semaine en mai dernier, pour aider au financement d’une bonne cause. M. Heaps dirige l’entreprise d’économie responsable Corporate Knights, qu’il a cofondée. De tous les candidats qui n’ont aucune chance d’être élus maire de Toronto, Toby et Molly sont sans conteste les plus photographiés.

Consultez le site de Toby et Molly (en anglais)

C’est bien joli, mais les électeurs ne risquent-ils pas d’être perdus devant un bulletin à 102 noms ?

C’est une inquiétude partagée, en effet. Plusieurs candidats incluent le numéro qui figurera à côté de leur nom dans leur publicité électorale, dont Mark Saunders (# 84) et Anthony Furey (# 40). Et la Ville de Toronto, sans doute pour préparer les esprits, a publié un fac-similé du fameux bulletin sur son site Web. Les 102 noms tiennent sur une seule page, mais en trois longues colonnes bien tassées.

PHOTO TIRÉE DU SITE DE LA VILLE DE TORONTO

Le bulletin de vote qui sera présenté aux électeurs de Toronto

Il faut dire que les Torontois commencent à avoir l’habitude des défilés de prétendants. Si les plus récentes élections municipales avaient attiré « seulement » 31 candidats à la mairie, les précédentes, en 2014, avaient établi un premier record, avec 65 aspirants au titre.

Avec La Presse Canadienne