(Toronto) L’ancienne députée fédérale néo-démocrate Olivia Chow sera la prochaine mairesse de Toronto. Une progressiste – et une première femme issue de la diversité – s’installe donc aux commandes de la ville la plus peuplée du Canada.

La victoire de Mme Chow marque la fin d’une décennie de régime conservateur à l’hôtel de ville de Toronto, ainsi que le début d’un nouveau chapitre dans sa carrière politique déjà bien remplie.

Après son élection en tant que conseillère scolaire à Toronto, en 1985, elle a été conseillère municipale pendant 13 ans, puis députée à la Chambre des communes aux côtés de son défunt mari, l’ancien chef du Nouveau Parti démocratique Jack Layton.

« Si vous avez déjà douté de ce qu’il est possible de faire ensemble, si vous avez déjà remis en question votre foi en un avenir meilleur et en ce que nous pouvons faire les uns avec les autres, les uns pour les autres, vous avez votre réponse ce soir », a lancé Mme Chow, âgée de 66 ans, dans son discours de victoire prononcé devant une foule de partisans en liesse.

Merci aux habitants de Toronto pour la confiance qu’ils m’ont accordée et pour le mandat de changement qu’ils m’ont confié en tant que nouvelle mairesse.

Olivia Chow

Mme Chow succédera donc à John Tory, qui a démissionné quelques mois seulement après le début de son troisième mandat. Il a renoncé à ses fonctions lorsqu’il a annoncé avoir entretenu une liaison avec une membre de son personnel.

PHOTO CHRIS YOUNG, LA PRESSE CANADIENNE

Olivia Chow, peu après sa victoire dans la course à la mairie de Toronto

Il y avait un nombre record de 102 candidats sur les bulletins de vote à Toronto lundi, avec environ une demi-douzaine de noms qui se sont distingués particulièrement au cours de la campagne électorale de 12 semaines.

Malgré l’impressionnant nombre de candidats, la campagne est rapidement devenue une lutte à deux entre Mme Chow et l’ancienne mairesse adjointe Ana Bailão. Pendant ce temps, l’ancien chef de la police Mark Saunders a été relégué à un lointain troisième rang, malgré le soutien du premier ministre ontarien Doug Ford.

Doug Ford adoucit le ton

Le premier ministre Ford, qui a déjà affirmé qu’avoir Mme Chow à la mairie de Toronto serait un « désastre absolu », a adopté un ton plus conciliant dans un communiqué publié lundi soir, peu de temps après la victoire de la nouvelle mairesse.

Elle a prouvé son désir de servir la ville que beaucoup d’entre nous appellent « chez nous ». Bien que nous ne soyons pas toujours d’accord sur tout, ce sur quoi nous pouvons nous entendre, c’est notre engagement commun à faire de Toronto un endroit où les entreprises, les familles et les travailleurs peuvent prospérer.

Doug Ford, premier ministre de l’Ontario, dans un communiqué

Malgré une concurrence féroce pendant la campagne, Mme Bailão a reconnu sa défaite et souhaité le meilleur à Mme Chow pour les prochaines années.

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Ana Bailão, candidate défaite dans la course à la mairie de Toronto

« Le moment est venu de se rassembler en tant que ville pour résoudre nos plus grands défis », a soutenu Mme Bailão.

Le premier ministre du Canada, Justin Trudeau, a aussi félicité Mme Chow pour sa victoire. « Je suis impatient de travailler avec vous pour obtenir des résultats pour les Torontois », a-t-il écrit sur Twitter.

« Félicitations à la nouvelle mairesse ! J’ai hâte de poursuivre le travail et l’amitié entre nos villes ! » a quant à elle écrit la mairesse de Montréal, Valérie Plante, sur le même réseau social.

À la mairie de la Ville Reine, Mme Chow cherchera à unir les conseillers municipaux autour de sa plateforme, qui mettait de l’avant des promesses concernant la construction de logements plus abordables et l’ajout d’équipes de réponse aux crises dans toute la ville.

Elle héritera aussi d’un budget municipal avec un manque à gagner lié à la pandémie de près de 1 milliard, en partie à cause de la réduction des revenus du transport en commun et de l’augmentation des coûts de logement.

Mme Chow a promis de ne pas utiliser les pouvoirs de « maire fort » octroyés à certaines grandes municipalités par le gouvernement ontarien, qui permettent aux maires d’adopter des budgets avec seulement un tiers du soutien des membres du conseil municipal, de mettre un veto à certains règlements et de façonner unilatéralement l’administration supérieure de la ville.