(Ottawa) Les incendies de forêt qui font rage au Québec sont une preuve supplémentaire que le gouvernement Trudeau doit cesser de subventionner les énergies fossiles et accélérer sa lutte contre les changements climatiques, selon le Bloc québécois. Le parti utilisera sa journée de l’opposition jeudi pour forcer un débat à la Chambre des communes sur cette question.

« Je pense qu’on est rendu à agir », a constaté le chef bloquiste Yves-François Blanchet en entrevue.

« Il y a dix ans quand j’étais au ministère [de l’Environnement] à Québec, je disais et je dis encore aujourd’hui : plus on va tarder pour agir, plus les mesures qu’on va devoir prendre vont être radicales, a-t-il ajouté. Et là, on est en train d’arriver dans la période où il va falloir prendre des mesures désagréables. »

Il présentera une motion pour que « le gouvernement fédéral cesse d’investir dans les énergies fossiles » et « développe des incitatifs […] pour stimuler l’utilisation des énergies renouvelables et du transport collectif » tout en respectant les champs de compétence du Québec.

Il lui demandera également « d’investir davantage dans la lutte contre les changements climatiques qui risque de devenir de plus en plus coûteuse tant pour la population que pour l’environnement ».

Ironiquement, l’entrevue s’est déroulée mercredi alors que le Canada soulignait la Journée de l’air pur. À l’extérieur du parlement, la capitale fédérale était toujours enveloppée de cette fumée causée par les incendies de forêt.

Le chef bloquiste reconnaît qu’il est impossible de faire un lien de causalité direct entre les changements climatiques et les incendies de forêt qui consument actuellement une parie de la forêt québécoise. « Mais on sait que les changements climatiques vont augmenter la durée de la saison propice aux incendies de forêt, sécheresse, canicule et autres types d’évènements extrêmes, a-t-il précisé. On sait que ça va augmenter l’intensité des évènements extrêmes et on sait que ça va augmenter la probabilité des évènements extrêmes. »

PHOTO SEAN KILPATRICK, LA PRESSE CANADIENNE

Le chef bloquiste Yves-François Blanchet

Le gouvernement fédéral continue à subventionner massivement les hydrocarbures et les hydrocarbures sont la principale cause des changements climatiques.

Yves-François Blanchet

L’industrie pétrolière et gazière bénéficie de plusieurs subventions directes et indirectes dont il est difficile de faire le compte avec précision. Par exemple, le gouvernement fédéral a prévu un crédit d’impôt de 520 millions sur cinq ans pour le captage, l’utilisation et le stockage du carbone dans son dernier budget. Il s’agit d’une technologie qui « ne marche pas bien et qui est hors de prix présentement », selon M. Blanchet.

En octobre, le gouvernement a également approuvé une garantie de prêt d’environ 10 milliards pour l’expansion de l’oléoduc Trans Mountain, acheté pour 4,5 milliards en 2018 lorsque l’entreprise texane Kinder Morgan avait menacé d’abandonner le projet face à l’opposition de groupes écologistes.

Ces subventions aux énergies fossiles s’élevaient en tout à plus de 20 milliards en 2022, selon le groupe Environmental Defence qui a tenté d’en faire le décompte.

Les incendies de forêt ont mené à l’évacuation de 11 000 personnes au Québec, en plus de menacer l’industrie forestière. « On ne peut pas dire que ce sont des réfugiés climatiques, mais on peut dire que globalement, il va y avoir des gens qui vont devoir régulièrement être délocalisés à cause de l’effet général des changements climatiques. Ici, ça va être ça », a-t-il reconnu.

Le débat se tiendra sur la motion du Bloc québécois se tiendra jeudi matin pour un vote lundi.

Échanges musclés

Lors de la période des questions mercredi, le premier ministre Justin Trudeau a affirmé que son gouvernement était celui « qui en avait fait le plus pour lutter contre les changements climatiques » dans l’histoire du pays en réponse à une question du chef néo-démocrate Jagmeet Singh.

Le chef libéral s’est enflammé à plusieurs reprises alors qu’il était talonné par les conservateurs sur la hausse des taux d’intérêt, ce qui a donné lieu à un échange musclé avec le chef conservateur Pierre Poilievre.

« Est-ce qu’il est tombé tellement bas qu’il exploite les incendies pour distraire de ses politiques inflationnistes », a demandé M. Poilievre.

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Pierre Poilievre

Le premier ministre a rétorqué que les conservateurs ne proposent rien pour lutter contre les changements climatiques.

S’il a un meilleur plan, qu’il le dise parce que ça fait longtemps que nous attendons. Il n’a pas de plan pour lutter contre les changements climatiques. Il se demande encore si ça existe pendant que le Canada brûle.

a vociféré M. Trudeau, cachant mal sa colère

Le gouvernement s’est fixé comme cible de réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 40 à 45 % sous les niveaux de 2005 d’ici 2030. Il vise la carboneutralité d’ici 2050.