De Québec à Ottawa, découvrez ce qui a retenu l’attention de nos correspondants parlementaires cette semaine.

Bonne semaine

Erin O’Toole, député de Durham et ancien chef conservateur

À Ottawa, les observateurs sont unanimes : l’ex-chef conservateur a offert le meilleur discours sur les ingérences du régime de Pékin dans les élections canadiennes. Et le meilleur argumentaire aussi en faveur d’une enquête publique. M. O’Toole n’était pas à la recherche de la phrase-choc pour passer à la télé. Il a préféré le fond à la forme. Il a aussi montré comment attaquer le gouvernement libéral sans sombrer dans la démagogie. Le député conservateur a ainsi donné une leçon à son successeur Pierre Poilievre, qui dit ne pas vouloir consulter les informations confidentielles pour garder sa liberté de parole. M. O’Toole a quant à lui accepté un breffage sur de tels renseignements secrets, et cela a renforcé la crédibilité de ses critiques.

Paul Journet, La Presse

Dure semaine

Michael Rousseau, PDG d’Air Canada

PHOTO ALAIN ROBERGE, ARCHIVES LA PRESSE

Michael Rousseau, PDG d’Air Canada

Depuis des décennies, Air Canada rit au visage des francophones. La compagnie aérienne est l’incarnation du mépris envers le français. Les rapports des commissaires aux Langues officielles se suivent et se ressemblent : le transporteur accumule les plaintes, il promet de faire mieux et il continue de faire pire. Le rapport déposé cette semaine s’inscrivait dans cette lignée. Les anecdotes tournent autour du même scénario : l’anglais est la langue normale, on demande aux francophones s’ils le comprennent, puis s’ils demandent d’être servis dans leur langue, on les fait sentir intolérants. Michael Rousseau, PDG qui se vante de pouvoir vivre en anglais à Montréal, en a conté une bonne : il a promis d’apprendre le français. On se sent mal pour ceux qui y ont cru.

Paul Journet, La Presse

Le chiffre de la semaine

195 000 $

C’est la rémunération annuelle de la nouvelle présidente du conseil d’administration d’Hydro-Québec, Manon Brouillette. Il s’agit d’une augmentation de 63 % par rapport à sa prédécesseure, Jacynthe Côté, qui touchait 119 360 $. Au cabinet du premier ministre François Legault, on signale qu’il a été « convenu que la présidence du conseil d’administration d’Hydro-Québec devrait toucher le même salaire que la présidence du conseil d’administration de la Caisse de dépôt et placement du Québec, en raison de l’importance des fonctions ».

La citation de la semaine

PHOTO CHARLES WILLIAM PELLETIER, ARCHIVES COLLABORATION SPÉCIALE

Pierre Fitzgibbon, ministre de l’Économie

Écoutez, on va le dire bien net : il y a une ligne entre la vie personnelle et la vie professionnelle. Et là, c’est ma vie personnelle, ça ne vous regarde pas ! […] J’y retourne l’an prochain !

Le ministre Pierre Fitzgibbon, après le dépôt d’un rapport de la commissaire à l’éthique de l’Assemblée nationale. Elle a conclu qu’il n’a pas enfreint le code de déontologie en participant à une partie de chasse au faisan dans une île privée propriété de gens d’affaires. Mais elle lui a fait une « mise en garde » pour l’avenir qu’il n’a pas digérée.

Du côté de Québec

La « ligue du vieux poil » ?

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

Jennifer Maccarone, députée de Westmount–Saint-Louis

La députée libérale Jennifer Maccarone a bien fait rire ses collègues en commission parlementaire cette semaine quand elle a parlé de la « ligue du vieux poil », plutôt que de la ligue du vieux « poêle » comme le veut l’expression. L’anecdote a permis de faire baisser les tensions et a aussi mis en lumière le fait que les députés qui sont d’expression anglaise enrichissent, en siégeant au Parlement, leurs connaissances des couleurs et particularités de la langue française parlée au Québec. Un jour, a promis l’élue libérale, elle écrira ses mémoires et relatera toutes ces expressions qu’elle a apprises et qu’elle utilise maintenant.

Un gouvernement « brouillon » sauf quand…

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

Marc Tanguay, chef par intérim du Parti libéral du Québec

Les troupes libérales de Marc Tanguay ne ratent pas une occasion de qualifier le gouvernement Legault de « brouillon » depuis l’abandon de sa promesse phare du troisième lien autoroutier. La CAQ a même voulu faire bannir le qualificatif peu élogieux en Chambre. Or, voilà que le chef libéral par intérim a déclaré en conférence de presse que le gouvernement n’a pas été « brouillon » dans un dossier : la hausse du salaire des élus ! Grâce au projet de loi 24, qui a l’appui du Parti libéral, les 125 députés verront leur salaire augmenter de 30 % d’un coup, au moins 30 000 $. Une chose est sûre, dans le compte en banque, le gain sera clair, net et précis… pas brouillon du tout !

Du côté d’Ottawa

Des coups en bas de la ceinture

PHOTO JUSTIN TANG, LA PRESSE CANADIENNE

Le chef conservateur Pierre Poilievre

Le dossier de l’ingérence étrangère soulève les passions à la Chambre des communes. Cette semaine, Justin Trudeau et Pierre Poilievre se sont échangé des coups… en bas de la ceinture. « Monsieur le Président, le problème avec le chef de l’opposition, c’est qu’il aime beaucoup s’entendre parler, mais il ne se donne pas la peine de vérifier les faits », a lancé le premier ministre mercredi aux Communes. La réplique du chef conservateur a été cinglante. « Le professeur d’art dramatique au secondaire qui se trouve en face de nous accuse les autres d’aimer le son de leur propre voix. Ces propos viennent d’un homme qui, s’il était en chocolat, se mangerait lui-même. » Le ton est donné pour la prochaine campagne électorale.

Le sacrilège de Pablo Rodriguez

PHOTO ADRIAN WYLD, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

Le ministre du Patrimoine, Pablo Rodriguez

Le ministre du Patrimoine, Pablo Rodriguez, adore la culture québécoise. Et il n’hésite pas à citer des chansons québécoises pour riposter aux questions du Bloc québécois. « Monsieur le Président, je parlais directement à mes amis du Bloc québécois qui cherchent constamment un sujet de chicane. En parlant de chicane, cela me fait penser à la fameuse chanson du groupe du même nom, le Bloc a de la “misère [en] calvaire” et il a “du ressentiment [en dedans]”. » Il s’est fait rappeler à l’ordre par le président de la Chambre des communes. « Il y a des mots qu’on ne dit pas. Ce mot n’est pas parlementaire. J’aimerais que le ministre continue sans utiliser de sacres », a dit le président Anthony Rota.

La période des questions

Le courant passera-t-il mieux pour Pierre Fitzgibbon avec Michael Sabia qu’il ne passait avec Sophie Brochu ? M. Sabia a-t-il été choisi pour son expertise en finance uniquement ? Si c’est le cas, qui veillera à respecter les valeurs écologiques préconisées par Mme Brochu ? Le Québec sortira-t-il gagnant de cette nomination ?

Nicole Lavoie

M. Sabia a été choisi pour son expérience de financier, mais aussi de gestionnaire. Après son passage à la Caisse de dépôt et placement, il a présidé le conseil d’administration de la Banque d’infrastructures du Canada, puis il a été sous-ministre des Finances du Canada. Il a donc été impliqué dans des politiques liées à la transition énergétique. Mme Brochu venait du secteur gazier, dont le rôle est critiqué par certains écologistes. Face à M. Fitzgibbon, elle défendait les intérêts de la société d’État, qui craint que le gouvernement caquiste n’autorise trop de projets industriels énergivores alors que l’énergie manque déjà. On peut présumer que M. Sabia défendra de la même façon la perspective d’Hydro-Québec. Mais comme d’habitude, le dernier mot reviendra à son patron : l’actionnaire unique, le gouvernement.

Paul Journet, La Presse

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