(Québec) Le premier ministre François Legault ouvre la porte à ce que le nouveau PDG d’Hydro-Québec, Michael Sabia, soit convoqué en commission parlementaire pour présenter sa vision de l’avenir énergétique.

Les partis d’opposition avaient demandé en vain, depuis des mois, d’entendre sa prédécesseure Sophie Brochu sur le sujet et le plan stratégique d’Hydro-Québec. C’est dans le contexte où le Québec a besoin d’au moins 100 térawattheures (TWh) d’énergie supplémentaires, 50 % de la production actuelle d’Hydro-Québec, pour atteindre la carboneutralité d’ici 2050.

Le gouvernement veut construire de nouveaux barrages, développer davantage l’éolien et revoir les tarifs d’Hydro, notamment. Il doit également faire des choix parmi de nombreux projets présentés par des entreprises qui demandent plus d’énergie. Un projet de loi sur Hydro-Québec et la Régie de l’énergie est attendu cet automne. La société d’État vient tout juste de revoir les cibles de son plan stratégique, lançant une étude concernant un nouvel ouvrage hydroélectrique sur la rivière du Petit Mécatina (Côte-Nord).

Lors de la période des questions au Salon bleu jeudi, le chef parlementaire de Québec solidaire, Gabriel Nadeau-Dubois, est revenu sur la nomination de Michael Sabia par le conseil des ministres mercredi. Il s’est dit inquiet d’une « privatisation en douce » d’Hydro-Québec, sur la base de propos récents du ministre de l’Économie et de l’Énergie, Pierre Fitzgibbon. Il a souligné que Michael Sabia est « l’un des architectes de la privatisation du CN ».

François Legault a répondu qu’il n’est « pas question de privatiser Hydro-Québec », tout en accusant son adversaire de dépeindre le privé comme le « diable ». Notons que son gouvernement a néanmoins refusé son consentement au dépôt d’une motion du Parti québécois demandant « que l’Assemblée nationale s’oppose à la possibilité de confier de nouvelles centrales hydroélectriques au secteur privé et de vendre ou de céder, en tout ou en partie, les actifs d’Hydro-Québec ».

Au cours des échanges en Chambre, Gabriel Nadeau-Dubois a ensuite demandé à François Legault s’il « est d’accord pour que Michael Sabia vienne devant les élus du peuple québécois exposer sa vision pour l’avenir d’Hydro-Québec ».

« Oui », a répondu le premier ministre, précisant qu’« on va laisser [Michael Sabia] arriver ».

Le nouveau patron d’Hydro-Québec entrera en fonction le 1er août. Un éventuel passage en commission parlementaire ne pourrait avoir lieu avant l’automne. On peut penser que M. Sabia se présentera à tout le moins en commission parlementaire lors des consultations qui suivront le dépôt du projet de loi de Pierre Fitzgibbon concernant Hydro-Québec et la Régie de l’énergie.

Le passage du patron d’Hydro-Québec en commission parlementaire est peu fréquent. Il est appelé à rendre des comptes une fois l’an, mais dans un exercice bien circonscrit, celui de l’étude des crédits budgétaires du ministère de l’Énergie au printemps. Sophie Brochu n’était pas de l’exercice cette année, au début du mois de mai, puisqu’elle avait quitté ses fonctions en avril.