(Ottawa) Le député conservateur Michael Chong, contre qui la Chine aurait déployé une campagne d’intimidation, a demandé trois rencontres en moins d’un an avec le Service canadien du renseignement de sécurité (SCRS) parce qu’il se croyait visé par des menaces.

Après que l’agence d’espionnage fédérale eut offert au député (ainsi qu’à d’autres) une séance d’information d’ordre général sur l’enjeu de la sécurité nationale, le 24 juin 2021, celui-ci a subséquemment réclamé trois autres rencontres avec le SCRS.

« C’était pour relayer des informations que je détenais sur des menaces, et dont je croyais être la cible », a déclaré mardi Michael Chong au sujet de ces échanges qui ont eu lieu le 5 août 2021, le 5 février 2022, puis le 18 juillet 2022, comme l’a rapporté La Presse il y a quelques jours.

Sauf pour dire que les menaces en question émanaient, selon lui, du régime chinois, l’élu ontarien n’a pas voulu entrer dans le détail lors de sa comparution devant un comité de la Chambre des communes qui se penche sur son cas.

« Pendant aucune de ces rencontres avec le SCRS ne m’a-t-on fourni de l’information au sujet de Zhao Wei, le diplomate de la République populaire de Chine [au consulat de] Toronto », a-t-il toutefois assuré en faisant référence au représentant chinois que le gouvernement Trudeau a expulsé la semaine dernière.

L’histoire de Michael Chong a été révélée par le Globe and Mail, à qui une source de renseignement a confié que le député et des membres de sa famille à Hong Kong étaient dans la mire de Pékin, et que le SCRS avait consigné des informations allant en ce sens dans un rapport de juillet 2021.

Le document confidentiel ne portait pas spécifiquement sur lui. Une quarantaine de députés ont d’ailleurs pris part à la séance du 24 juin 2021, c’est-à-dire un peu moins de trois mois avant l’élection canadienne du 20 septembre 2021.

Depuis que l’affaire Chong a éclaté, le 1er mai dernier, le SCRS est entré en contact avec la néo-démocrate Jenny Kwan, de la Colombie-Britannique, a indiqué lundi sa formation. L’ancien chef conservateur Erin O’Toole a aussi reçu un appel de l’agence, d’après les informations du Globe and Mail.

Nouvelle directive

Avant la comparution de Michael Chong, le ministre de la Sécurité publique du Canada, Marco Mendicino, a divulgué les quatre piliers d’une directive ministérielle que lui et le premier ministre Justin Trudeau avaient déjà annoncée la semaine dernière.

« Le SCRS s’efforcera, dans la mesure du possible et dans le respect de la loi, tout en protégeant la sécurité et l’intégrité des opérations et des enquêtes de sécurité nationale et de renseignement, de veiller à ce que les parlementaires soient informés des menaces à la sécurité du Canada qui sont dirigées contre eux », y lit-on.

Selon Michael Chong, des informations de telle nature devraient aussi être partagées avec le président de la Chambre des communes, afin que celui-ci puisse alerter tout député concerné. Et d’ici là, il faut trouver où la machine gouvernementale a flanché, a-t-il plaidé en comité.

Surveillance accrue pour quatre partielles

Mardi, toujours, le gouvernement Trudeau a annoncé que les quatre élections complémentaires en vue d’un scrutin le 19 juin prochain feraient l’objet d’une supervision étroite, afin de contrer toute tentative potentielle d’ingérence étrangère.

Un groupe de travail « effectuera une surveillance accrue et l’évaluation des menaces d’ingérence étrangère » durant cette période, et « produira un rapport classifié et un rapport non classifié après le jour du scrutin », a indiqué le bureau du ministre Dominic LeBlanc, responsable des Institutions démocratiques.

Des élections complémentaires se tiendront le 19 juin dans les circonscriptions de Notre-Dame-de-Grâce–Westmount (Québec), Oxford (Ontario), Portage–Lisgar (Manitoba) et Winnipeg–Centre-Sud (Manitoba).