Le ministre de l’Éducation, Bernard Drainville, a annoncé mardi le déclenchement d’une « enquête générale » sur les multiples allégations de crimes sexuels survenues dans le réseau scolaire au courant des derniers mois.

M. Drainville a fait cette annonce en après-midi, en réponse à une question de la solidaire Ruba Ghazal, en affirmant que l’enquête fera suite à de « multiples dénonciations et d’allégations d’inconduites de nature sexuelle ou de comportements inadéquats portés à l’attention » de son ministère ces derniers mois.

Dans son allocution, le ministre a notamment cité le cas du Centre de services scolaire du Chemin-du-Roy, où l’histoire d’un enseignant ayant eu une liaison avec une adolescente, qui aurait eu un enfant de lui, avait fait beaucoup de bruit ces derniers temps. Par la suite, l’enseignant en question se serait épris d’une autre élève avec qui il aurait eu trois enfants.

Le cas du centre de services scolaire de la Pointe-de-l’Île, où l’éducatrice spécialisée Véronie Campeau a été accusée de contact sexuel sur une mineure de moins de 16 ans, a aussi été cité en exemple par le ministre.

Ce dernier a enfin rappelé l’affaire au Centre de services scolaire des Patriotes. Un professeur qui avait été condamné pour proxénétisme à la fin des années 1990 a pu y réintégrer son poste d’enseignant après avoir purgé sa peine de pénitencier.

« Portée générale »

Si la plupart des centres de service cités plus haut font déjà l’objet d’une investigation gouvernementale, l’enquête déclenchée mardi aura toutefois une « portée générale », a fait valoir M. Drainville. Ce sont des fonctionnaires de la direction générale des affaires internes de son ministère qui mèneront l’enquête.

Ces fonctionnaires devront faire part de leurs recommandations au ministre dans un rapport préliminaire au plus tard le 2 juin prochain. Un rapport final est aussi attendu d’ici le 31 juillet prochain. Québec n’exclut pas d’avoir recours à la Loi sur les commissions d’enquête pour obtenir tout document ou renseignement qui serait pertinent pour l’enquête.

« Les personnes désignées devront faire enquête de portée générale concernant toute situation impliquant des comportements pouvant raisonnablement faire craindre pour la sécurité physique ou psychologique des élèves, incluant celles qui seraient portées à l’attention du ministère de l’Éducation au cours de la présente enquête. Ça pourrait inclure bien entendu les affaires de Cowansville », a détaillé le ministre.

Il faisait ainsi référence à l’école secondaire anglophone Massey-Vanier, à Cowansville. Lundi, plusieurs élèves ont affirmé lundi être victimes de violences sexuelles fréquentes et répétées de la part d’un garçon de l’école, s’en prenant au passage au manque d’actions de l’établissement.

Enquête « malheureusement nécessaire »

Dans l’opposition, la libérale Marwah Rizqy a affirmé mardi que « cette enquête est malheureusement nécessaire ». « Vous aurez ma pleine collaboration. Nous devons tourner toutes les pierres pour comprendre ce fléau et mieux protéger les jeunes dans nos écoles. Il reste beaucoup à faire mais chaque geste compte », a-t-elle dit au ministre.

« Les agressions sexuelles dans nos écoles sont intolérables. Une enquête était rendue nécessaire. Le #moiaussiscolaire appelle à un changement de mentalités profond dans nos écoles. La prévention passera par une loi-cadre », a de son côté soulevé Ruba Ghazal, chez Québec solidaire.

Au Parti québécois, la porte-parole Méganne Perry Mélançon a soutenu que « face à la multiplicité des cas de violences sexuelles en milieu scolaire qui sont rapportés dans les médias, nous accueillons positivement la tenue d’une enquête, qui est un pas dans la bonne direction ». « Cependant, nous croyons qu’il aurait été préférable que celle-ci soit tenue par des personnes indépendantes du réseau de l’éducation », a-t-elle dit, réitérant aussi la nécessité de mettre sur pied une loi-cadre.

En février 2022, cinq jours après l’arrestation de trois entraîneurs de l’école Saint-Laurent qui également ont été accusés de plusieurs crimes sexuels, une coalition avait réclamé l’adoption « rapide et urgente » d’un projet de loi pour « prévenir et combattre » les violences sexuelles en milieu scolaire. Plus récemment, en février dernier, des victimes de violences sexuelles, des intervenantes et d’anciennes athlètes ont aussi réclamé une rencontre d’urgence avec le ministre Drainville, pour accélérer les choses.