(Ottawa) Et de deux. Après Catherine Cano, c’est au tour de Geoffroi Montpetit de quitter le navire de la Francophonie dans des circonstances nébuleuses.

Le contrat de celui qui était le numéro deux au sein de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) depuis mars 2021 n’a pas été renouvelé, selon les informations obtenues par La Presse.

Le poste d’administrateur de l’OIF est réservé au Canada pour la durée du mandat de la secrétaire générale, Louise Mushikiwabo, lequel a été renouvelé pour un autre cycle de quatre ans en novembre dernier au sommet de Djerba, en Tunisie.

Le Canada avait accepté, en 2018, de larguer Michaëlle Jean et de se rallier à la Rwandaise qu’appuyait la France en échange de cette garantie, ainsi que d’un appui de l’OIF dans sa quête – qui s’est soldée par un échec – d’un siège au Conseil de sécurité des Nations unies.

PHOTO TIRÉE DU COMPTE TWITTER DE CATHERINE CANO

Catherine Cano, ex-administratrice de l’OIF

En 2019, Catherine Cano, ancienne cadre du secteur des médias, a été nommée au poste d’administratrice. Elle a démissionné subitement environ un an et demi plus tard, causant une commotion dans les cercles diplomatiques québécois et canadien⁠1.

S’il n’a pas été possible d’obtenir les motifs précis du départ de son successeur – Ottawa n’a officiellement rien confirmé non plus –, en coulisses, on montre la secrétaire générale du doigt.

« C’est la deuxième fois après Mme Cano. La question se pose à savoir si le problème est vraiment l’administrateur ou l’administratrice », lâche une source au fait du dossier, à qui La Presse a accordé l’anonymat, celle-ci n’étant pas autorisée à parler publiquement.

Le style Mushikiwabo

Ce n’est pas la première fois qu’on entend des propos de ce genre.

Dans un article paru en avril 2021, le quotidien Libération disait qu’il régnait « un climat délétère » sous la houlette de la secrétaire générale. Dans la foulée de la démission de Catherine Cano, à Ottawa, on se réjouissait que de telles critiques circulent.

« L’article [...] est intéressant, car il se termine par une remise en question du style de gestion de Louise Mushikiwabo », indiquait un fonctionnaire dans des documents obtenus par La Presse au printemps 2022.

L’OIF s’est imposé un grand ménage de ses pratiques de gouvernance. Lorsqu’elle en a pris les rênes, l’ex-ministre des Affaires étrangères du Rwanda s’était engagée à assainir les pratiques de l’institution dont 88 États et gouvernements sont membres.

Or, selon Libération, le ménage a été fait autrement : « la quasi-totalité des directeurs a été remplacée, une vingtaine de salariés ont été licenciés sans ménagement et plusieurs cadres ont démissionné », a écrit le journal français.

Le cabinet de la ministre des Relations internationales et de la Francophonie du Québec, Martine Biron, n’a pas voulu supputer sur les raisons pour lesquelles M. Montpetit a été remercié.

« On ne connaît pas les circonstances de son départ, mais on a compris que son mandat ne serait pas renouvelé, et c’est un dossier qu’on va suivre de près », a-t-on déclaré mardi.

La chaise resterait à un Canadien

L’OIF n’a pas répondu aux questions concernant l’avenir professionnel de Geoffroi Montpetit, ex-chef de cabinet au ministère fédéral du Développement international, pas plus que le principal intéressé. Il quitterait Paris, où est situé le siège de l’OIF, dans quelques semaines.

« Ça va prendre quelqu’un qui connaît bien l’OIF, qui sera capable de naviguer au sein de cette organisation-là, tant que les réformes ne seront pas terminées », a confié la source avec qui La Presse s’est entretenue, qui s’attend à ce que le poste reste à un Canadien.

La contribution du gouvernement canadien aux institutions de la Francophonie s’élevait à environ 43 millions de dollars en 2021-2022. Le Canada est membre de l’OIF au même titre que le Québec et le Nouveau-Brunswick.

1 Lisez « Le mystérieux départ de Catherine Cano »