(Montréal) Pour s’assurer que les Québécois ne soient pas « étouffés » pendant cette période de forte inflation, le Parti conservateur du Québec réclame que le gouvernement plafonne les hausses de taxes municipales. La formation fait cette demande afin d’éviter que certaines municipalités imposent des hausses qui dépassent largement l’inflation.

« Pour nous, c’est important de donner un répit aux contribuables », a affirmé le chef conservateur, Éric Duhaime, lors d’un point de presse tenu vendredi matin à Québec.

Il réagissait ainsi aux hausses de taxes dépassant largement l’inflation, déjà élevée à 6,7 %, imposées par certaines municipalités de la province. M. Duhaime a cité l’exemple de La Macaza, dans les Hautes-Laurentides, où le conseil municipal a voté une majoration de près de 35 % des taxes en 2023.

Une telle augmentation ne peut pas être justifiée, dans ce cas comme dans d’autres, a plaidé M. Duhaime.

Le chef conservateur réclame donc une intervention du gouvernement pour venir limiter les hausses de taxes municipales. Il souhaite que Québec pige dans sa propre cour et dépose un projet de loi similaire à celui qu’il a présenté pour limiter les tarifs d’Hydro-Québec à 3 %.

« On disait que 6 %, c’était trop pour les tarifs gouvernementaux, mais là, pour les taxes municipales, il y a des citoyens qui nous écoutent aujourd’hui avec 35 % de hausse. C’est beaucoup plus important que même s’il y avait eu une hausse de 6 % des tarifs d’Hydro », a plaidé M. Duhaime lors de son point de presse.

« Le gouvernement a le pouvoir d’agir et a […] une responsabilité de s’assurer qu’il y a une certaine équité au niveau de la taxation », a-t-il fait valoir.

La ministre se penchera sur le dossier

Jeudi à l’Assemblée nationale, la ministre des Affaires municipales, Andrée Laforest, a révélé que du personnel de son ministère s’est déplacé dans « certaines municipalités » pour aller vérifier si les hausses de taxes étaient justifiées. Elle n’a toutefois pas précisé quelles étaient ces municipalités ni combien feront l’objet de telles vérifications.

La ministre répondait à ce moment à une question de la députée libérale Virginie Dufour au Salon bleu, qui déplorait qu’à « Compton et Lac-Saint-Joseph, le compte de taxes a monté de 12 %, à Notre-Dame-du-Mont-Carmel, 15 %, à Saint-Mathieu-du-Parc, 17 %, Rivière-Rouge, 20 %, à Potton, ça va aller jusqu’à 28 % ».

« 24 %, 28 %, est-ce que c’est normal ? Comme citoyenne, je trouve que c’est beaucoup, a avoué la ministre Laforest. Maintenant, pour une municipalité, est-ce qu’il y a de nouveaux services ? Est-ce qu’il y a de nouvelles infrastructures ? Est-ce qu’il y a un nouvel organisme qui est sur le territoire ?

« Il faut voir avec les élus, parce que les élus sont imputables devant leurs citoyens. C’est important de le mentionner. »

La FQM défend les municipalités

En réaction aux déclarations de Mme Laforest, la Fédération québécoise des municipalités (FQM) s’est portée à la défense de ses membres, appelant la ministre à la « prudence » et rappelant que les municipalités « ne sont pas sous la tutelle du gouvernement du Québec ».

« Il m’apparaît regrettable que la ministre commente des situations particulières alors que les budgets ont été adoptés démocratiquement, dans le respect des règles et alors que les élus municipaux concernés sont en mesure de rendre compte de leurs décisions auprès des citoyens », a souligné le président de la FQM, Jacques Demers, dans un communiqué publié jeudi.

M. Demers a noté que les municipalités sont aux prises avec une augmentation considérable de leurs dépenses dans un contexte de forte inflation. « Dans ma municipalité, c’est 109 % d’augmentation pour l’entretien hivernal, le coût au kilomètre passant de 4000 $ à 8800 $ », a indiqué celui qui est aussi maire de Sainte-Catherine-de-Hatley, une ville de quelque 2700 habitants en Estrie.

Vendredi, Éric Duhaime a reconnu que ce phénomène existe, mais il a rappelé qu’il est impossible de refiler toutes les factures aux citoyens.

« Il y a différentes choses que la ministre peut faire, mais en attendant, la chose la plus importante est de s’assurer que les contribuables ne sont pas étouffés en cette période inflationniste », a-t-il dit.