(Montréal) Devant l’échec criant du gouvernement de la Coalition avenir Québec en matière de recrutement de préposés aux bénéficiaires à l’étranger, les partis d’opposition réclament des gestes concrets.

Du côté de l’opposition officielle, le porte-parole en matière de santé André Fortin parle d’une situation « particulièrement désolante » puisque l’enjeu numéro un dans le réseau de la santé est précisément d’attirer du personnel qualifié.

« Toutes les juridictions l’ont compris ! C’est pour ça que l’Ontario et le Nouveau-Brunswick ont des campagnes agressives de recrutement de nos professionnelles québécoises », s’insurge le député de Pontiac.

« Et pendant ce temps-là, on dirait que la CAQ regarde le train passer », ajoute-t-il.

André Fortin dénonce d’ailleurs le fait que le gouvernement n’ait pas dit un mot publiquement au sujet des ratés du Programme pilote d’immigration permanente des préposés aux bénéficiaires avant que La Presse Canadienne ne dévoile les données lundi matin.

Ce programme lancé en grande pompe en 2020 devait permettre de recruter 550 préposés aux bénéficiaires par année en provenance de l’étranger. En date du 20 janvier 2023, seulement 78 candidatures avaient été sélectionnées depuis l’entrée en vigueur du programme.

« S’il faut le changer le programme, changeons-le. S’il faut modifier les critères, modifions-les. S’il faut viser des pays différents, visons ailleurs. Mais Christian Dubé et Christine Fréchette ne peuvent pas rester les bras croisés », demande le porte-parole libéral.

M. Fortin rappelle au gouvernement que cet échec a pour conséquence de priver les Québécois de services dont ils ont besoin.

Rattrapée par son incohérence

Dans le camp de Québec solidaire, Vincent Marissal croit que « la CAQ est rattrapée par son incohérence en matière d’immigration et de santé ».

« D’un côté, on dit qu’on veut recruter massivement et très rapidement à l’international les gens dont on a besoin », note le porte-parole en matière de santé. Et en même temps, il souligne que la CAQ continue de « toujours suspecter l’immigration d’être la cause principale des problèmes sociaux et linguistiques au Québec ».

Pour ajouter aux incohérences, poursuit M. Marissal, il faut avoir des postes attrayants à offrir pour attirer de la main-d’œuvre compétente.

« Pour recruter des gens, pour les déraciner, les forcer à l’exil en quelque sorte, ça prend quand même de bons arguments de vente. Visiblement, les arguments ne sont pas là », souligne-t-il.

Le député solidaire de Rosemont fait également remarquer que l’immigration est engluée dans « toutes sortes de problèmes bureaucratiques » contre lesquels les bureaux de circonscription des élus doivent se battre quotidiennement.

Vincent Marissal reproche aussi à la CAQ d’avoir une fois de plus fait miroiter une « solution miracle » à un enjeu complexe.

« Ça avait toutes les qualités sur papier, mais aucune sur le terrain », tranche-t-il.

Pour le Parti québécois, ce programme est « un lamentable échec », a commenté son porte-parole en matière de santé, Joël Arseneau.

« Si les conditions de travail médiocres ne changent pas et que les délais de traitement en matière d’immigration sont toujours aussi longs, on ne peut pas espérer que des travailleurs étrangers souhaitent venir travailler dans le réseau de la santé au Québec », estime-t-il.

Le député des Îles-de-la-Madeleine croit d’ailleurs que le gouvernement devrait s’attarder rapidement au défi de retenir les professionnels dans le réseau de la santé afin d’endiguer l’exode de la main-d’œuvre vers le privé.

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