(Québec) Le Parti québécois dit craindre une montée de la droite radicale comme en Hongrie si le Québec continue de recevoir plus d’immigrants qu’il ne peut selon lui en intégrer. Il invite même le gouvernement Legault à fermer le chemin Roxham si Ottawa ne le fait pas.

Le chef de la formation indépendantiste a lancé cet avertissement mercredi en marge du caucus présessionnel. Il en a aussi profité pour présenter 11 co-porte-paroles non élus qui viendront épauler les trois députés élus sous la bannière du Parti québécois.

« J’ai vécu au Danemark, puis j’ai vécu en Suède. Je regarde la Hongrie, la France, l’Angleterre. Si on fait l’erreur de ne pas trouver des modèles durables, ça a des conséquences sur certaines parties de l’électorat », a déclaré Paul St-Pierre Plamondon.

« On est les seuls à être à la recherche d’un modèle durable, de sorte que, justement, on évite ce qu’on voit ailleurs dans le monde en ce moment, la montée des extrêmes. »

Ces déclarations faites en marge du caucus présessionnel du PQ donnent à penser que la question de l’immigration sera de nouveau centrale pour les trois élus péquistes cet hiver.

Lors de la dernière campagne électorale, le PQ proposait d’accueillir 35 000 immigrants par année. La Coalition avenir Québec (CAQ), qui a été réélue en raflant 90 des 125 sièges, proposait quant à elle d’en accueillir 50 000.

Le chef péquiste a dit déplorer mercredi que le gouvernement de François Legault soit incapable de faire fermer le chemin Roxham. Ce passage permet à des demandeurs d’asile d’entrer au pays sans possibilité d’être refoulés aux États-Unis.

L’entente entre Ottawa et Washington sur les tiers pays sûrs ne s’applique qu’aux demandeurs qui se présentent à un poste frontalier.

L’an dernier, un nombre record de 39 171 demandeurs d’asile ont été interceptés au chemin Roxham. En décembre seulement, 4689 personnes y ont été interceptées, un sommet qui représente aussi une hausse de 26 % par rapport au mois de novembre.

« Le chemin Roxham est un sujet depuis près de six ans. Le nombre de passages irréguliers augmente d’année en année », a lancé Paul St-Pierre Plamondon.

« La ministre [Christine] Fréchette est sortie en grande pompe pour dire : “Là, Joe Biden s’en vient, et on va faire la une des médias en disant que c’est la venue de Joe Biden qui va tout solutionner”. Ça a pris 24 heures, 24 heures à se faire rabrouer explicitement, là. C’est gênant. »

Le ministre fédéral de l’Immigration, Sean Fraser, a en effet dit douter qu’il soit possible d’annoncer une nouvelle entente sur les tiers pays sûrs avec les États-Unis lors de la visite du président américain Joe Biden en mars.

Le chef du PQ a dit mercredi qu’en l’absence de règlement, Québec devrait lancer un ultimatum et « intervenir » lui-même pour fermer Roxham, sans mentionner comment. « Il faut que le gouvernement du Québec assume sa responsabilité, ne peut pas se cacher derrière un gouvernement fédéral qui est un peu méprisant. »

L’incapacité de Québec de faire fermer Roxham relève, selon la formation indépendantiste, du « nationalisme verbal » de la CAQ, une posture vouée à l’échec.

Des co-porte-paroles en renfort

Le petit caucus du Parti québécois a par ailleurs annoncé mercredi s’adjoindre l’aide de 11 co-porte-paroles. Ces candidats défaits du PQ viendront à tour de rôle à l’Assemblée nationale pour s’adresser aux médias sur leurs sujets d’expertise. Huit des 11 porte-paroles sont des femmes.

« Plus on élargit le groupe, plus on va chercher de la diversité hommes-femmes et de la diversité régionale, d’âges, etc. », a noté le chef.

Le PQ a aussi nommé cette semaine Méganne Perry Mélançon porte-parole du PQ. Ce poste est rémunéré, contrairement à ceux de co-porte-paroles.