(Ottawa) Le Canada impose des sanctions à quatre hauts dirigeants du Sri Lanka, dont deux ex-présidents récents, les accusant de violations des droits de la personne pendant la guerre civile dans ce pays.

Cette annonce a pris par surprise le haut-commissariat du Sri Lanka à Ottawa, qui a mentionné à La Presse Canadienne qu’il préférerait que le gouvernement canadien lui fasse part directement de ses préoccupations.

Les sanctions visent l’ex-président Gotabaya Rajapaksa, qui a démissionné en juillet dernier, et son frère aîné, Mahinda Rajapaksa, qui avait été président puis premier ministre du Sri Lanka.

Gotabaya Rajapaksa a temporairement fui son pays l’été dernier après d’importantes manifestations contre le coût de la vie, tandis que son frère Mahinda a démissionné de son poste de premier ministre au printemps dernier.

La population majoritairement cinghalaise du Sri Lanka avait salué les deux frères pour avoir vaincu les séparatistes tamouls après une sanglante guerre civile de 26 ans, mais les deux hommes sont maintenant interdits de toute transaction financière au Canada.

Sont également sanctionnés deux officiers supérieurs de l’armée, dont le sergent d’état-major Sunil Ratnayake, qu’un tribunal a condamné à mort pour son rôle dans un massacre de Tamouls en 2000.

Ottawa sanctionne également le capitaine de corvette Chandana Prasad Hettiarachchi, qui a été accusé dans son pays d’avoir enlevé des civils qui ont ensuite été tués.

Les sanctions prévoient un gel de leurs avoirs et interdisent aux personnes au Canada, et aux Canadiens à l’étranger de participer à toute activité liée à leurs biens ou de leur fournir des services financiers. Ces personnes sont également interdites de territoire au Canada.

Cette annonce d’Ottawa a attiré l’attention des médias en Asie du Sud. Si M. Ratnayake et M. Hettiarachchi avaient déjà été sanctionnés par les États-Unis, il est extrêmement rare qu’un chef d’État récent se voie interdire d’entrer dans un pays occidental.

La haute-commissaire adjointe du Sri Lanka au Canada, Anzul Jhan, a rappelé que son gouvernement était attaché à la paix et qu’il préférerait qu’Ottawa lui fasse part directement de ses préoccupations.

Mme Jhan a noté que le Sri Lanka s’est engagé dans un plan des Nations Unies pour la responsabilité, la réconciliation et la décentralisation du pouvoir. Le pays a signé des mémorandums avec divers autres pays pour officialiser les consultations bilatérales, mais a noté que le Canada n’a pas encore signé un tel accord.

L’actuel président du Sri Lanka, Ranil Wickremesinghe, est entré en fonction en juillet dernier et « a entamé des discussions formelles avec tous les parlementaires tamouls sur la voie à suivre concernant la question ethnique au Sri Lanka », selon Mme Jhan.

Le haut-commissariat a précisé qu’environ 300 000 personnes au Canada ont des racines tamoules au Sri Lanka.

« Par conséquent, nous pensons que le Canada a un rôle de pacificateur et que toutes les questions doivent être discutées bilatéralement », a estimé Mme Jhan.

« Dans ce contexte, l’annonce canadienne est une surprise. »