(Ottawa) Le ministre fédéral de la Sécurité publique se dit prêt à travailler avec les parlementaires pour réviser le projet de loi sur la cybersécurité du gouvernement libéral, après que des groupes de la société civile et des députés de l’opposition ont soulevé des préoccupations en matière de transparence et de responsabilité.

Marco Mendicino a souligné dans une récente entrevue que le projet de loi présenté l’année dernière aux Communes permettra au Canada de disposer des outils nécessaires pour faire face aux nombreuses menaces en ligne à la sécurité nationale.

Le gouvernement veut établir un cadre afin de mieux protéger les systèmes vitaux pour la sécurité nationale et donner aux autorités de nouveaux outils pour répondre aux dangers émergents dans le cyberespace.

En vertu du projet de loi, les entreprises des secteurs clés que sont les institutions financières et les télécommunications seraient tenues d’améliorer la cybersécurité de leur système et de signaler toute attaque informatique, sous peine de sanctions.

Mais plusieurs groupes de la société civile ont écrit une lettre ouverte l’automne dernier pour demander au ministre des changements au projet de loi. Ils estimaient qu’en l’état actuel, le projet de loi porterait atteinte à la vie privée des citoyens, à la responsabilité des entreprises et à la transparence judiciaire.

L’Association canadienne des libertés civiles, la Coalition pour la surveillance internationale des libertés civiles, la Ligue des droits et libertés et OpenMedia faisaient notamment partie des groupes qui ont signé la lettre ouverte.

En entrevue, le ministre Mendicino a soutenu que son gouvernement est prêt à coopérer pour trouver des façons « d’améliorer » le projet de loi en trouvant un juste équilibre entre différents enjeux.

L’objectif global est de « mettre en place des mesures intelligentes et prudentes pour se prémunir contre les menaces potentielles à notre sécurité nationale dans le cyberespace », a-t-il expliqué.

Lors du débat en deuxième lecture du projet de loi à la Chambre des communes, la porte-parole conservatrice en matière de Sécurité publique, Raquel Dancho, a souligné l’importance de se protéger contre les cyberattaques compte tenu des récents incidents en Amérique du Nord, notamment le vol de renseignements personnels.

Mais Mme Dancho a également soulevé les préoccupations exprimées par les groupes de défense des droits civiques et le secteur privé au sujet du projet de loi.

Elle a indiqué que les conservateurs chercheraient à soutenir le projet de loi lors de son passage en commission parlementaire, mais qu’ils seraient prêts à « retirer leur soutien immédiatement » si certains éléments n’étaient pas corrigés.

« Il y a des problèmes graves qui doivent être résolus et des modifications qui doivent être apportées », a-t-elle plaidé.

De son côté, le député néo-démocrate Daniel Blaikie a soutenu que les Canadiens sont préoccupés par ce qui se passe avec leurs données personnelles volées en ligne par des pirates, mais qu’ils ne veulent pas que le gouvernement puisse tout gérer « en secret sans ne faire aucun rapport ».

« Personne ne veut demeurer les bras croisés sans savoir ce qui est fait à ce sujet, et actuellement, les Canadiens ne savent pas ce que fait le gouvernement fédéral pour s’attaquer à ce problème », a-t-il dénoncé.