(Ottawa) Les libéraux de Justin Trudeau ont facilement conservé la circonscription de Mississauga-Lakeshore lors de l’élection partielle de lundi, assénant ainsi un premier revers au Parti conservateur depuis que Pierre Poilievre a été élu chef en septembre, et cela, dans une région qui demeure un passage obligé pour tout parti qui aspire à prendre le pouvoir à Ottawa.

Le candidat libéral Charles Sousa, qui a été ministre des Finances de l’Ontario de 2013 à 2018, a remporté la victoire en récoltant 51,2 % % des suffrages, loin devant le candidat conservateur Ron Chhinzer, policier au Service régional de la police de Peel à Mississauga, qui a obtenu 37,3 % des voix. Le NPD a fait piètre figure, la candidate néo-démocrate Julia Kole ne récoltant que 4,9 % des voix.

Avec un peu moins de 20 % des bulletins dépouillés, le candidat libéral s’est présenté à un rassemblement tenu à Mississauga, tard lundi soir, et a proclamé sa victoire. Plus d’une centaine de ses partisans étaient réunis sur place pour l’accueillir.

« En tant que votre représentant à Ottawa, je veux que vous sachiez que je suis là pour vous apporter mon soutien, pour travailler avec vous et pour être pragmatique afin de trouver les bonnes solutions aux défis auxquels nous sommes confrontés, a lancé M. Sousa lors de son discours de victoire. C’est un honneur de servir cette grande communauté et de rejoindre l’équipe d’Ottawa qui partage ces valeurs. »

Un nombre record de 40 candidats étaient sur les rangs durant cette élection partielle, dont 35 candidats indépendants qui souhaitaient dénoncer le refus des libéraux de respecter leur promesse de 2015 de modifier le mode de scrutin.

Le taux de participation des électeurs a été faible. Seulement 26,48 % des quelque 89 000 électeurs inscrits ont exercé leur droit de vote.

Dans un rare point de presse, la semaine dernière, M. Poilievre avait tenté de minimiser les chances d’une victoire en affirmant que la circonscription de Mississauga-Lakeshore demeure un bastion libéral. Au cours des 30 dernières années, le Parti conservateur y a remporté la victoire une seule fois, en 2011, quand Stephen Harper a réussi à former un gouvernement majoritaire conservateur.

Ne tenant pas la victoire pour acquise, les stratèges libéraux se sont assuré qu’un grand nombre de ministres défilent dans cette circonscription durant la campagne. Le premier ministre Justin Trudeau a aussi fait campagne aux côtés de son candidat Charles Sousa.

Le NPD menace de mettre fin à l’entente

Cette victoire des libéraux est survenue le jour même où le chef du Nouveau Parti démocratique (NPD), Jagmeet Singh, a menacé de mettre fin à l’entente que son parti a conclue avec le premier ministre Justin Trudeau en mars.

Cette entente doit permettre d’assurer la survie politique du gouvernement Trudeau, qui est minoritaire à la Chambre des communes, jusqu’en juin 2025. En échange de l’appui du NPD lors des votes de confiance sur les budgets, entre autres, le gouvernement libéral s’est engagé à donner suite à certaines demandes chères aux troupes de Jagmeet Singh, notamment la création d’un programme de soins dentaires, la lutte contre les changements climatiques et des investissements en santé.

En conférence de presse, lundi, M. Singh a affirmé que cette entente deviendra nulle si le gouvernement Trudeau ne prend pas les moyens financiers qui s’imposent pour résoudre la « crise des soins de santé des enfants canadiens ».

Depuis trois ans, les provinces réclament une hausse des transferts en santé de quelque 28 milliards par année. Cette hausse ferait en sorte qu’Ottawa s’acquitte de 35 % de la facture totale liée au système de soins de santé au pays, contre 22 % actuellement. Mais le gouvernement Trudeau continue de faire la sourde oreille à cette requête, même s’il a promis à quelques reprises que des négociations auraient lieu à ce sujet une fois que la pandémie serait terminée.

La semaine dernière, les premiers ministres des provinces ont lancé un énième cri d’alarme dans ce dossier, exigeant une rencontre dès le début de la nouvelle année avec M. Trudeau pour discuter d’une hausse des transferts.

À l’instar du Bloc québécois, le NPD presse le gouvernement fédéral d’augmenter les transferts aux provinces au moment où le régime de soins de santé est en train de s’effondrer après deux ans de pandémie de COVID-19. Pénurie de personnel, travailleurs épuisés, opérations reportées, listes d’attente qui s’allongent : les maux qui affligent le réseau sont multiples.

Mort de Jim Carr

Cette victoire des libéraux est aussi survenue le jour où l’ancien ministre du Commerce international dans le gouvernement Trudeau, Jim Carr, est mort. M. Carr, qui a aussi été ministre des Ressources naturelles, représentait la circonscription de Winnipeg – Centre-Sud pour les libéraux depuis 2015. En 2019, après sa réélection en tant que député, il a appris qu’il était atteint d’un myélome multiple, un cancer du sang, et il a subi une greffe de cellules souches en 2020.

Sa mort a provoqué la consternation parmi les députés de toutes les formations politiques. La Chambre des communes a d’ailleurs ajourné ses travaux quelques minutes après que le député libéral Kevin Lamoureux a annoncé la triste nouvelle aux élus qui étaient présents. M. Carr avait prononcé un discours aux Communes pas plus tard que jeudi dernier.

Avec La Presse Canadienne