(Québec) Les trois députés du Parti québécois (PQ) ont brillé par leur absence mardi au Salon bleu, jour de rentrée parlementaire, où les députés des autres partis ont élu par acclamation la caquiste Nathalie Roy comme présidente de l’Assemblée nationale. Les péquistes ont annoncé qu’ils se présenteraient jeudi en Chambre. Ils ont demandé à Mme Roy d'annuler la décision de son prédécesseur, François Paradis, qui les empêche de siéger parce qu’ils n’ont pas prononcé le serment au roi Charles III.

Selon le chef du PQ, Paul St-Pierre Plamondon, « c’est un appel au gros bon sens » qu’il fait à la nouvelle présidente. « C’est chez nous, l’Assemblée nationale, et on va bien décider nous-même […] comment on gère la maison du peuple au Québec. Ça nous appartient, et donc le pouvoir est remis entre les mains de Nathalie Roy », a-t-il dit. En refusant de prêter serment au roi, les députés péquistes ne peuvent pour le moment pas siéger au Salon bleu ni dans les commissions parlementaires.

M. St-Pierre Plamondon et ses collègues Pascal Bérubé et Joël Arseneau n’ont pas poussé l’audace mardi jusqu’à tenter d’entrer au Salon bleu, ce qui aurait forcé la sergente d’armes à les expulser. Ils ne se sont tout simplement pas présentés et ont manifesté devant le Parlement, avec plus d’une centaine de citoyens, pour l’abolition du serment au roi et une réforme du mode de scrutin.

Le gouvernement Legault entend déposer rapidement un projet de loi afin de rendre facultatif le serment au roi. Québec solidaire a également l’intention de présenter son propre texte législatif jeudi – il avait déjà déposé un projet de loi en ce sens au cours de la législature précédente. Après avoir refusé de le faire le jour de leur cérémonie de prestation de serment, ses députés ont prêté serment au roi la semaine dernière, en privé, afin de pouvoir siéger en Chambre cette semaine.

En point de presse mardi, Paul St-Pierre Plamondon a une fois de plus cité des juristes qui se sont prononcés en faveur de solutions qui permettraient aux péquistes de siéger en Chambre, le temps qu’un projet de loi qui rendrait le serment au roi facultatif soit adopté. « Le scénario le plus simple, c’est qu’on va se rendre jeudi et qu’il ne se passe absolument rien. Qu’on rentre en Chambre, quitte à ce qu’on nous enlève symboliquement une fonction, comme celle de voter. Ça me semble le scénario le plus simple, le plus probable », a-t-il dit.

Le gouvernement clarifie ses intentions

Lors d’une mêlée de presse, le leader parlementaire du gouvernement, Simon Jolin-Barrette, a dit souhaiter que son projet de loi soit « adopté avant Noël » avec le consentement des autres partis ; la courte session parlementaire de deux semaines prendra fin le 9 décembre.

« Il faudra voir dans quelle mesure les partis d’opposition sont prêts à nous faire avancer rapidement, ou s’ils demandent de faire des auditions en commission. À ce moment-là, l’adoption sera en février. Il n’en tient qu’aux oppositions », a ensuite affirmé le ministre responsable des Institutions démocratiques, Jean-François Roberge.

Mais le chef intérimaire du Parti libéral du Québec (PLQ), Marc Tanguay, a indiqué mardi que le travail des parlementaires ne devra pas être bâclé sur cette question.

« Nous, on est bien ouverts à en discuter, du projet de loi, très ouverts à en discuter. On va l’analyser à son mérite. […] Nous, ce qu’on veut, c’est qu’il y ait minimalement des auditions », a-t-il dit.

Une nouvelle présidente

Comme le veut la procédure, le premier jour de la session parlementaire est consacré à l’élection de la présidence de l’Assemblée nationale.

Une femme occupera ce poste pour la deuxième fois seulement de l’histoire, après Louise Harel en 2002-2003. La caquiste Nathalie Roy, ex-ministre de la Culture, succède en effet à François Paradis, qui a quitté la vie politique à la fin du précédent mandat. Ce n’est pas une surprise : Mme Roy était la candidate choisie par le premier ministre François Legault. Deux vice-présidents issus du gouvernement ont également été nommés : Chantal Soucy et Sylvain Lévesque.

La nomination de la troisième vice-présidence, qui revient à un membre de l’opposition officielle, avait quant à elle tourné à la controverse au Parti libéral du Québec. Frantz Benjamin obtient le poste, qui était convoité par Marie-Claude Nichols. Cette dernière avait été expulsée du caucus libéral parce qu’elle refusait les autres responsabilités que voulait lui confier Dominique Anglade.

Ce mercredi, François Legault prononcera le discours d’ouverture de la session parlementaire. Comme le veut cet exercice traditionnel traçant la voie du mandat, M. Legault reprendra ses promesses électorales. Mais comme on a pu le constater dans ses prises de parole depuis sa victoire du 3 octobre, on s’attend à ce qu’il mette une touche de vert dans son discours en faisant de l’économie verte un thème important. Selon les signaux envoyés dans les dernières semaines, François Legault devrait aussi insister sur l’importance de freiner le déclin du français et de renverser la tendance.

Avec Fanny Lévesque, Charles Lecavalier et La Presse Canadienne