(Ottawa) L’un des organisateurs du « convoi de la liberté » avait indiqué à la police d’Ottawa qu’il voulait rencontrer la gouverneure générale Mary Simon, le premier ministre Justin Trudeau et le président du Sénat, George Furey, lors d’une réunion secrète, deux semaines après l’arrivée des centaines de camions dans la capitale fédérale. Il admet également qu’il était incapable de contrôler « le groupe français », en faisant allusion aux Farfadaas.

Ses propos sont résumés dans un courriel échangé le 12 février entre des policiers du Service de police d’Ottawa. Le document fait partie de la preuve présentée vendredi à la Commission sur l’état d’urgence.

« Cela va vous donner une bonne idée de ce que certains groupes/factions veulent », écrit John Ferguson, qui était alors responsable de l’équipe de liaison avec les organisateurs du « convoi de la liberté ».

Le nom de cet organisateur, qui était dans la portion est du centre-ville d’Ottawa, est caviardé. Le courriel rapporte qu’il a contacté un sergent pour réclamer une réunion avec la gouverneure générale Mary Simon, le premier ministre Justin Trudeau et le président du Sénat, George Furey.

« Il a indiqué que la rencontre pourrait se faire en secret et être rendue publique seulement si quelque chose de bon en ressort », relate John Ferguson. L’organisateur n’a pas voulu fournir un « signe de bonne foi ».

Avant et durant les premiers jours de la manifestation, le groupe Canada Unity avait fait circuler un protocole d’entente pour renverser le gouvernement de Justin Trudeau avec l’aide de la gouverneure générale et du président du Sénat. Selon le scénario échafaudé par ce groupe, Mary Simon et George Furey auraient formé un comité avec ce groupe pour gouverner.

Canada Unity exigeait alors la levée de toutes les mesures sanitaires contre la COVID-19 et de l’obligation vaccinale imposée aux camionneurs qui devaient traverser la frontière canado-américaine, considérées comme « une violation des droits de la personne ».

Le réseau CTV rapportait le 8 février que le protocole d’entente avait été signé par 320 000 personnes, mais qu’il serait retiré du site web de Canada Unity par James et Sandra Bauder parce qu’il ne pas « reflétait l’esprit et l’intention du convoi de la liberté ».

Pas de contrôle sur les Farfadaas

L’organisateur a également indiqué à la police d’Ottawa qu’il était « incapable de contrôler le groupe “français” » installé à l’angle des rues Rideau et Sussex. Il s’agit du groupe québécois d’opposition aux mesures sanitaires, Farfadaas.

La chef adjointe intérimaire du Service de police d’Ottawa, Patricia Ferguson, a affirmé jeudi que ce groupe inquiétait les forces policières à cause du comportement intimidant de ses membres. Elle a attribué la fermeture du Centre Rideau, plus gros centre commercial de la ville, à leur présence.

La veille, le responsable du renseignement de la Police provinciale de l’Ontario (PPO), Patrick Morris, avait témoigné qu’il ne s’agissait pas d’un groupe violent, selon les informations fournies par la Sûreté du Québec.

Une opération policière réunissant 400 agents pour reprendre le contrôle de ce secteur du centre-ville le 9 février a toutefois avorté en raison de divergences entre les membres de la cellule de crise formée de plusieurs corps policiers, dont la Gendarmerie royale du Canada (GRC), la PPO et le Service de police d’Ottawa.

Des conflits au sein du commandement de la police et des tensions avec la PPO empoisonnaient les relations de travail. Craig Abrams, un haut gradé du corps policier provincial, a témoigné jeudi que des agents se lançaient des insultes lors des réunions.