(Québec) Le Parti québécois (PQ) a certes connu une défaite historique, ses « trois mousquetaires » qui ont été élus lors de l’élection estiment avoir des « bases solides » sur lesquelles bâtir la suite de leur parti.

L’expression, en référence au célèbre livre d’Alexandre Dumas, a été utilisée vendredi par Paul St-Pierre Plamondon comme un signe que le chef péquiste et député de la circonscription de Camille-Laurin à Montréal est prêt pour les combats parlementaires.

Son objectif premier, qu’il a une fois de plus expliqué lors de son discours d’assermentation au Salon rouge, est de permettre aux députés péquistes, tout comme aux représentants de Québec solidaire, de siéger sans avoir prononcé le serment au roi Charles III.

« Quand les Québécoises et Québécois, directement ou par l’entremise de leurs élus, ont-ils consenti à l’existence de ce serment au roi d’Angleterre ? Quand les Québécoises et Québécois ont-ils même consenti à ce qu’une famille royale étrangère, celle qui a pendu les patriotes, celle qui a déporté les Acadiens et celle qui a confirmé le rapatriement unilatéral de la Constitution canadienne sans l’accord du Québec […] soit choisie pour diriger formellement l’État canadien et l’État québécois ? », a questionné M. St-Pierre Plamondon.

« À travers les siècles, c’est donc au nom du colonialisme et de la domination impériale britannique qu’on force nos élus québécois à se parjurer. Et je pense qu’il est temps d’en finir avec un passé que nous n’avons jamais choisi », a-t-il ajouté.

Dans la salle, où un nombre important d’invités étaient rassemblés pour l’assermentation des députés, les cris et les applaudissements ont fréquemment nourri le discours du chef du PQ. Il était ému aux larmes.

Une rencontre exigée

Tout comme Gabriel Nadeau-Dubois de Québec solidaire, Paul St-Pierre Plamondon demande à François Legault de rencontrer les chefs d’opposition et de trouver une voie de passage pour que les députés qui n’ont pas promis allégeance au roi Charles III siègent dès la reprise des travaux, le 29 novembre.

Dans son point de presse d’assermentation, le chef du PQ a cité l’avis émis vendredi dans Le Devoir par des constitutionnalistes, Henri Brun et Daniel Turp, entre autres. Ces derniers estiment qu’une motion déposée au Salon bleu voulant qu’un député puisse siéger même s’il n’a pas fait son serment d’allégeance à la monarchie pourrait suffire. Le ministre de la Justice et leader parlementaire du gouvernement, Simon Jolin-Barrette, a plus tôt cette semaine répondu qu’un projet de loi était nécessaire.

Paul St-Pierre Plamondon demande à Québec de montrer ses avis juridiques. « Peut-être que la motion ne produira pas les effets escomptés. À ce moment-là, nous on est ouvert à faire le projet de loi avec eux. C’est important de comprendre que l’un n’exclut pas l’autre », a-t-il dit.

Optimistes pour l’avenir 

Le député de Matane-Matapédia Pascal Bérubé, qui a été chef parlementaire du PQ après sa défaite en 2018, estime que son parti part sur de meilleures bases cette année sur lesquelles reconstruire son mouvement.

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Le député de Matane-Matapédia, Pascal Bérubé, avec en arrière-plan le chef péquiste Paul St-Pierre Plamondon

« En 2018, notre chef perd. [Là], notre chef entre. En 2018, on s’est dit ce n’est pas tout à fait la campagne qu’on souhaitait mener collectivement, puis je ne blâme pas personne. Mais là, les gens étaient enthousiastes. […] 2018, on était endettés. On n’est plus endettés. Il y a beaucoup d’autres signaux », a-t-il énuméré.

L’ex-députée péquiste de la circonscription de Taschereau à Québec, Agnès Maltais, a salué la « stature » de Paul St-Pierre Plamondon. « Le discours qu’il vient de prononcer, il continue d’avoir une stature de chef comme ça fait longtemps que j’espère voir au Québec », a-t-elle dit.

Quelques minutes plus tôt, ce dernier avait déclaré que « bien que nous soyons moins nombreux que je ne l’aurais voulu, nous nous devons de garder une vue d’ensemble et de nous rappeler que nous sommes, certes, trois élus, mais nous sommes également plus de 2 millions de Québécoises et de Québécois qui souhaitent que le Québec devienne un pays ».

Pas de ministre de l’Abitibi : une insulte, selon l’ex-ministre François Gendron

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L’ex-ministre péquiste François Gendron.

L’Abitibi a subi un affront, jeudi, en constatant qu’elle n’avait aucun député de la région autour de la table du conseil des ministres, selon l’ex-ministre péquiste et ancien président de l’Assemblée nationale François Gendron.

Selon lui, la population abitibienne va réagir « violemment », car cette région « ne mérite pas ce qui lui arrive », a-t-il ajouté, des sanglots dans la voix, vendredi, lors d’une brève mêlée de presse, en marge de l’assermentation des trois députés péquistes élus ou réélus le 3 octobre, au Salon rouge du parlement.

« C’est inapproprié, pas respectueux, ça n’a aucun sens », selon lui.

« Quand on respecte une région, on lui donne accès au saint des saints », soit le conseil des ministres, a soutenu l’ex-doyen de l’Assemblée nationale, élu pour la première fois en 1976, dans le gouvernement de René Lévesque, dans la circonscription d’Abitibi-Ouest, et qui est reconnu pour son franc-parler.

Territoire immense, l’Abitibi compte trois circonscriptions (Abitibi-Est, Abitibi-Ouest et Rouyn-Noranda–Témiscamingue) et les trois ont élu un député du parti gouvernemental, la Coalition avenir Québec (CAQ), le 3 octobre. Mais aucun d’entre eux n’a été invité à faire partie du cabinet Legault jeudi.

Dans le premier mandat, un des députés de la région réélu le 3 octobre, Pierre Dufour, était ministre des Forêts. Mais il est redevenu simple député jeudi.

Le premier ministre François Legault a confié jeudi au nouveau ministre de la Culture, Mathieu Lacombe, député de l’Outaouais, la responsabilité de la région de l’Abitibi.

Après une longue carrière politique de plusieurs décennies, François Gendron a choisi de ne pas être candidat en 2018.

Jocelyne Richer, La Presse Canadienne