(Ottawa) Le gouvernement Trudeau, qui avait manœuvré en coulisses en faveur d’un report du sommet de la Francophonie en Tunisie, n’est pas encore prêt à confirmer qu’il y participera.

Le Canada a discrètement fait campagne au cours des derniers mois pour reporter de nouveau la grand-messe annuelle de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), qui doit se tenir en novembre en Tunisie, en raison de la situation politique dans ce pays dirigé d’une main de fer par le président Kaïs Saïed.

Le premier ministre Justin Trudeau en avait discuté en privé avec le président français Emmanuel Macron au Sommet du G7, en juin dernier, en Allemagne. La France, principal bailleur de fonds de l’OIF, ne partage cependant pas cet avis, selon nos informations.

Que fera le gouvernement canadien ? « Nous sommes en réflexion et en discussion avec d’autres membres de la Francophonie […] Les conversations continuent sur l’enjeu », a répondu le dirigeant canadien en marge d’une annonce économique à Sorel-Tracy, mardi.

« Un des principes [fondamentaux] de la Francophonie, c’est l’arrimage des valeurs des pays francophones à travers le monde : des principes de démocratie, de règle de droit, de respect des droits humains, sont au cœur de la Francophonie, tout comme cette belle langue française que nous partageons », a-t-il aussi affirmé.

À l’origine, le Sommet de la Francophonie devait avoir lieu à Tunis en 2020, mais il a été reporté une première fois à cause de la pandémie. Il avait aussi alors été décidé que la rencontre aurait lieu hors de la capitale, soit dans l’île tunisienne de Djerba, en novembre 2021.

Mais un mois avant la rencontre, les membres du Conseil permanent de la Francophonie (CPF) ont opté pour un deuxième report, invoquant cette fois la pandémie et la crise politique provoquée par les changements adoptés qui donnent plus de pouvoirs au président Kaïs Saïed.

Du côté de l’OIF, on signalait à la fin de l’été que le verdict n’était pas encore tombé. « Nous ne sommes pas en mesure de vous répondre à ce stade-ci, car ce sont les États et les gouvernements membres qui se prononceront sur le sujet », écrivait à La Presse une porte-parole en août dernier.

Le Sommet de la Francophonie, s’il a bel et bien lieu à Djerba les 19 et 20 novembre, se tiendrait environ un mois avant les élections législatives du 17 décembre prochain, lesquelles pourraient se dérouler sur fond de tension en Tunisie.

Avec Joël-Denis Bellavance, La Presse