Dominique Anglade ne ménage pas ses attaques envers François Legault, l’accusant de « cultiver sciemment la méfiance » de l’autre dans le débat sur l’immigration. Son candidat vedette Mathieu Gratton va plus loin en disant reconnaître des « attributs » de la définition de « manipulateur narcissique » chez le premier ministre.

« Quand il est en train de nous dire qu’il y a une menace à la nation québécoise, il la cultive sciemment, il divise les Québécois », a déclaré Mme Anglade samedi alors que quelque 400 militants étaient réunis en Conseil général à Montréal. « Il veut monter les Québécois les uns contre les autres », a-t-elle ajouté.

Dominique Anglade faisait écho à son discours de clôture lors duquel elle s’est définie comme l’option de « confiance en opposition à la méfiance ».

« Dans cette campagne à venir […], on va être l’écoute en opposition à l’arrogance, on va être la générosité en opposition au repli, on va être l’économie du XXIe siècle en opposition à celle de Maurice Duplessis », a-t-elle lancé devant ses membres, flanqués de ses députés et recrues de la campagne électorale.

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Mathieu Gratton, humoriste, auteur et candidat libéral dans la circonscription de Laporte

Son candidat dans Laporte, l’humoriste et auteur Mathieu Gratton, a même accolé certains traits de la personnalité de « manipulateur narcissique » à François Legault lors d’une plénière. Le nouveau venu en politique a ensuite clarifié sa pensée en expliquant qu’il « n’avait pas lancé ça gratuitement » et qu’il avait mené des recherches sur cette définition.

« Je suis allé faire cette recherche-là, et c’est la raison pourquoi je suis en politique aujourd’hui. C’est parce que je ne suis pas confortable […] avec ce que [M. Legault] représente au niveau de la fierté du Québec », a-t-il expliqué, précisant au passage qu’il avait voté pour la CAQ en 2018.

« Je suis allé voir plusieurs sources, il y avait plusieurs éléments. […] Dans le cas que j’ai lu hier, justement, c’était écrit : “isoler pour mieux régner”. Ça peut être sur une relation, ça peut être sur un peuple. Ça parlait aussi d’un charme manipulateur, ce que François Legault à mon avis possède très bien », a-t-il précisé.

Des propos que la cheffe libérale n’a pas voulu reprendre. « Il manipule certainement les chiffres. Le terme que j’utiliserais, c’est définitivement arrogant et divisif », a-t-elle résumé pour décrire son adversaire.

Vous savez, on a des gens qui sont très authentiques dans les candidats, qui présentent leurs perspectives, et je vais les laisser les décrire.

Dominique Anglade, cheffe du Parti libéral du Québec

Dominique Anglade accuse François Legault, qui a affirmé en Conseil national que de l’obtention de tous les pouvoirs en immigration dépendait « la survie » de la nation québécoise, de vouloir diviser les Québécois sur la question de l’immigration

« La CAQ réduit la nation à un nous qui exclut, à un nous qui fait des nouveaux arrivants un problème. À un nous qui fait de la diversité une faiblesse, et non une force. Savez-vous comment on appelle ça ? On appelle ça de la vieille politique du bouc émissaire, du repli et de la fermeture », a-t-elle souligné à grands traits dans son discours.

Promesse de baisse d’impôts

François Legault ne sera pas le seul à vouloir remettre de l’argent dans le portefeuille des Québécois. Dominique Anglade, qui a dévoilé sa plateforme électorale samedi, promet une baisse d’impôt pour les contribuables qui gagnent moins de 92 000 $ par année. Une mesure qui coûterait 2 milliards par année à l’État.

Il s’agira d’une baisse d’impôt de 1,5 % pour les deux premiers paliers d’imposition (46 295 $ et moins, et de 46 295 $ à 92 580 $). Une diminution qui pourrait alléger le fardeau fiscal d’un contribuable jusqu’à 1000 $ par année, selon les libéraux. Ceux qui gagnent plus de 300 000 $ par an verraient en contrepartie leurs impôts augmenter de 2 %.

Mme Anglade a parlé d’une mesure « qui n’est pas sur le court terme », décochant une flèche au premier ministre qui a promis aux Québécois un nouveau chèque de 500 $, après les élections. Reste que François Legault a aussi télégraphié une promesse de baisse d’impôt.

L’ex-ministre des Finances Carlos Leitão a assuré que cette mesure ne s’accompagnerait pas de politiques d’austérité. Il estimait avant le dépôt du budget Girard en mars qu’il était pourtant inconcevable de baisser les impôts à court terme. Le contexte a changé depuis, a-t-il assuré samedi. « D’abord, la pandémie est réellement sous contrôle », a nuancé le député de Robert-Baldwin.

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Carlos Leitão

Il note aussi que la situation inflationniste entraîne nécessairement une hausse des revenus de l’État et que le rapport préélectoral de 2022, qui sera déposé en août prochain, devrait révéler un coussin « très, très important ».

Le ministère des Finances prévoyait un déficit structurel de 6,5 milliards cette année et il a finalement fondu de moitié pour atteindre 2,8 milliards. Québec a donc deux ans d’avance sur son échéancier de retour à l’équilibre budgétaire, mais le ministre Eric Girard croit toujours l’atteindre en 2027-2028.

Les libéraux maintiendraient l’atteinte de l’équilibre budgétaire d’ici sept ans pour financer leur promesse de baisse d’impôt.

Anglade conserverait les cours de français

Malgré les vives critiques, Dominique Anglade ne ferait pas passer à la trappe l’obligation pour les élèves des cégeps anglophones de réussir trois cours de français supplémentaires. Cette disposition de la nouvelle loi 96 sur la protection du français « resterait », a-t-elle affirmé samedi. « Ceci dit, on va travailler avec l’ensemble de la communauté pour s’assurer que tout le monde sent qu’il a sa place. » Pourtant, elle promet déjà de rouvrir la loi pour retirer les articles « qui divisent », et d’éliminer le délai de six mois imposés aux nouveaux arrivants pour communiquer en français et le recours à la disposition de dérogation (« clause nonobstant »).