Malgré les vives critiques, Dominique Anglade ne passerait pas à la trappe l’obligation pour les étudiants des cégeps anglophones de réussir trois cours de français supplémentaires si elle prend le pouvoir à l’automne prochain.

Cette disposition de la nouvelle loi 96 sur la protection du français « resterait » advenant le scénario où elle remporterait les élections générales, a indiqué samedi la cheffe libérale, Dominique Anglade. Pourtant, l’adoption de cet amendement controversé, d’abord soumis par la députée Hélène David et modifié par le ministre Simon Jolin-Barrette, a provoqué l’ire des communautés anglophones.

La réforme de la loi 101, adoptée par le gouvernement Legault, prévoit que tous les élèves des cégeps anglophones qui n’ont pas la capacité linguistique de suivre trois cours enseignés en français de leur substituer trois cours de français. Ces modifications au régime pédagogique collégial seront applicables dès la rentrée scolaire de l’automne 2024.

L’amendement initial, qui avait été adopté en commission parlementaire, prévoyait que les élèves des cégeps anglophones, y compris les ayants droit (c’est-à-dire ceux qui ont étudié en anglais au primaire et au secondaire), devaient suivre trois cours de leur formation collégiale en français afin d’obtenir leur diplôme.

« Ça resterait […] ceci dit, on va travailler avec l’ensemble de la communauté pour s’assurer que tout le monde sent qu’il a sa place », a déclaré Dominique Anglade. Pourtant, elle promet déjà de rouvrir la loi pour retirer les articles « qui divisent » comme éliminer le délai de six mois imposés aux nouveaux arrivants pour communiquer en français et le recours à la clause dérogatoire.

Dans la plateforme électorale de la formation politique, on indique également qu’un gouvernement libéral « redonner[ait] le droit aux étudiants de fréquenter l’institution collégiale de leur choix », ce qui signifie qu’il n’y aurait pas quota. Pourtant, lors du dépôt de ses 27 propositions pour le français l’an dernier, la formation se disait en faveur du statu quo quant au nombre d’étudiants francophones dans les collèges anglophones.

« Toutes les questions qui vraiment divisent ça, on les retirerait. Mais, j’aimerais revenir aujourd’hui, on est ici pour parler de ce qui touche particulièrement les Québécois dans la crise de l’inflation, dans leur quotidien et c’est pour ça que l’on parle surtout et avant tout d’une baisse d’impôt », a réitéré Dominique Anglade qui a promis samedi une baisse d’impôt pour la classe moyenne.

Lisez « Dominique Anglade promet une baisse d’impôt »

Encore « plusieurs appels »

Le député de Robert-Baldwin, Carlos Leitão, et celui de Jacques-Cartier, Gregory Kelley, n’ont pas nié avoir reçu « plusieurs appels » d’électeurs d’expression anglaise toujours fâchés de l’amendement déposé par les libéraux. « Nous leur parlons, leur expliquons, nous leur disons quelle est notre position », a indiqué M. Leitão. Les libéraux ont voté contre l’adoption du projet de loi 96.

« J’en reçois aussi et je parle à chacun d’entre eux. Comme j’ai dit, il y a plusieurs parents qui ne sont pas contre le fait qu’il y ait plus de français au cégep. Ils veulent que leurs enfants soient bilingues, qu’ils améliorent leur français […], mais ils veulent surtout avoir une discussion à savoir comment tout ça va fonctionner », a soutenu pour sa part Gregory Kelley.

Dans ses 27 propositions, les libéraux proposent que l’offre de cours au cégep « ne devrait pas se limiter aux cours de français langue seconde, mais être encouragée en incluant au moins trois cours en français offerts dans chaque programme d’études ». C’est dans cet esprit que la députée Hélène David a soumis cet amendement au projet de loi 96. Par la suite, Mme Anglade a reconnu que son parti n’avait pas consulté les groupes anglophones avant de proposer ce sous-amendement.