(Boucherville) C’est à croire qu’ils s’étaient passé le mot. Le chef du Parti québécois (PQ), Paul St-Pierre Plamondon, l’ancien chef parlementaire et député péquiste Pascal Bérubé, de même que le chef du Bloc québécois à Ottawa, Yves-François Blanchet, ont tour à tour affirmé samedi que les électeurs devaient se méfier des conséquences d’un raz-de-marée caquiste aux prochaines élections.

« Nul doute que les Québécois vont se demander [s’il est] sain d’écraser tous les partis d’opposition pour favoriser [la Coalition avenir Québec], qui a déjà 76 députés et qui montre surtout des signes d’arrogance », a déclaré M. St-Pierre Plamondon au Conseil national du PQ, à Boucherville.

« De quoi le Québec a-t-il besoin ? A-t-il besoin de 126 députés de la CAQ sur 125 ? », a ensuite demandé M. Blanchet.

« Leur arrogance va certainement jouer contre eux. Ils ont de la misère à se retenir, c’est à peine s’ils ne [font] pas le petit train comme dans un Club Med à Drummondville », a enchaîné M. Bérubé, en référence au congrès du parti formant le gouvernement, qui se déroule aussi samedi.

Mais à la différence de la CAQ, qui accumule pour l’instant les sondages favorables, les partis de l’opposition ne font pas bonne figure dans les intentions de vote, alors que les élections auront lieu le 3 octobre prochain. Face à des chiffres désastreux pour son parti, Paul St-Pierre Plamondon persiste et signe en mettant de l’avant le projet d’indépendance du Québec.

« On ne choisit pas l’époque dans laquelle on milite, mais on choisit les convictions qu’on décide de porter », a-t-il affirmé.

« N’ayez pas peur »

Dans son discours d’ouverture prononcé devant une foule à l’énergie débordante au Conseil national du PQ, le chef de la formation n’a pas balayé sous le tapis les résultats du plus récent sondage de la firme Léger, publié vendredi dans les médias de Québecor, et selon lequel son parti ferme la marche des intentions de vote avec un maigre 8 %.

PHOTO DOMINICK GRAVEL, LA PRESSE

Paul St-Pierre Plamondon, chef du Parti québécois

Interrogés sur le chef de parti qui selon eux ferait le meilleur premier ministre, les répondants ont choisi à 46 % le premier ministre actuel, François Legault, suivi d’Éric Duhaime du Parti conservateur (11 %), de Gabriel Nadeau-Dubois de Québec solidaire (10 %), de Dominique Anglade du Parti libéral (9 %) et de Paul St-Pierre Plamondon, à seulement 2 %. « Il y a de l’espace de progression », a dit avec philosophie Pascal Bérubé.

N’ayez pas peur. Marchez fièrement la tête haute. Marchez droit, parce que vous dites vrai et vous êtes du bon côté de l’histoire.

Paul St-Pierre Plamondon à l'ouverture du Conseil national du PQ

Dans une partie de son discours où il s’adressait plutôt aux électeurs, M. St-Pierre Plamondon a affirmé que « l’indépendance du Québec est nécessaire et urgente ». Dans ce contexte, a-t-il ajouté, « notre message pour vous, c’est que la CAQ n’a pas besoin de votre vote, mais l’indépendance du Québec oui ».

De l’espoir malgré tout

Pour Joël Arseneau, chef parlementaire du PQ et député des Îles-de-la-Madeleine, « la seule chose qui est sûre avec les sondages, c’est qu’ils vont changer. On ne pourra pas donner les clés du parlement avec 125 députés pour la CAQ. Ça n’arrivera pas ».

L’enjeu de l’élection de l’automne prochain sera-t-il de définir quel parti formera l’opposition officielle ? « On peut le voir comme ça », a reconnu M. Arseneau, qui a tout de même précisé qu’il ne se lançait pas en campagne électorale pour perdre.

« [François Legault] souhaite que son mandat soit fort. Moi, je souhaite que le mandat de l’opposition soit des plus forts pour qu’on puisse justement affronter le gouvernement », a-t-il dit.

« Je ne concède […] rien », a pour sa part déclaré Paul St-Pierre Plamondon, alors que son allié bloquiste à Ottawa, M. Blanchet, rappelait ce qui est pour lui une évidence : « la campagne n’est pas finie, elle n’est pas commencée ».