(Ottawa) Quelques ministres des Finances et gouverneurs de banques centrales du G20 réunis à Washington ont quitté la salle lorsque le ministre des Finances de la Russie, Anton Silouanov, a voulu intervenir virtuellement – un avant-goût de ce qui pourrait arriver au prochain sommet des dirigeants du G20, à Bali, en novembre prochain.

La ministre des Finances et vice-première ministre du Canada, Chrystia Freeland, a quitté la plénière avec certains de ses homologues, dont la secrétaire au Trésor des États-Unis, Janet Yellen, ainsi que la présidente de la Banque centrale européenne, Christine Lagarde.

Le gouverneur de la Banque du Canada, Tiff Macklem, a aussi participé à ce boycottage diplomatique, tout comme le commissaire aux affaires économiques et financières de l’Union européenne, Paolo Gentiloni, que l’on aperçoit entre autres sur une photographie publiée sur les réseaux sociaux par Mme Freeland.

« La Russie ne devrait pas participer ou être incluse dans ces réunions », a-t-elle déclaré sur Twitter.

« Aujourd’hui, le Canada et un certain nombre de nos alliés démocratiques ont quitté la plénière du G20 lorsque la Russie a cherché à intervenir », a-t-elle ajouté dans un deuxième gazouillis coiffant une photo des personnes qui ont procédé à ce boycottage.

Avant de quitter la salle, Chrystia Freeland se serait adressée directement aux technocrates russes présents, leur disant qu’ils étaient maintenant complices de crimes de guerre et qu’il n’était jamais trop tard pour faire la bonne chose, a soutenu une fonctionnaire canadienne au fait de ce qui s’est dit dans la salle.

La ministre, dont la famille maternelle est originaire d’Ukraine, leur aurait dit qu’ils avaient deux choix : soit convaincre le président Vladimir Poutine de mettre fin à la guerre, soit démissionner, a ajouté cette fonctionnaire qui s’est exprimée sous le couvert de l’anonymat afin de parler plus librement.

La Presse n’est pas en mesure de confirmer cette information, qui a aussi circulé dans d’autres médias.

Remise en question

Le maintien de la Russie au sein du G20, groupe de pays à vocation économique, est remis en question par certains membres.

Le président des États-Unis, Joe Biden, a carrément appelé à son expulsion.

Le premier ministre Justin Trudeau n’est pas allé aussi loin, mais il a soutenu que, minimalement, la Russie ne devrait pas avoir sa place à la table du prochain sommet des 20 puissances mondiales, qui se tiendra à Bali, en Indonésie, en novembre prochain.

PHOTO MARKUS SCHREIBER, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS

Justin Trudeau, premier ministre du Canada

« Ça ne peut pas être comme d’habitude […] Je ne pense pas qu’on peut s’asseoir avec la Russie autour de la table », a-t-il déclaré à la fin du mois de mars.

Le ministre Anton Silouanov n’est pas le premier du régime Poutine à être boudé par des représentants de la communauté internationale. En mars, au Conseil des droits de l’homme, à Genève, la salle s’est vidée de la majorité de ses diplomates au moment où le ministre des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a pris la parole.

54 000 demandes de visa approuvées

Pendant ce temps, l’invasion russe continue de faire fuir les Ukrainiens.

À l’instar d’autres pays, le Canada s’est mobilisé pour accueillir ces déplacés.

En l’espace de quelques semaines à peine, le gouvernement a approuvé les demandes de visa de résidant temporaire de plus de 54 000 ressortissants ukrainiens et membres de leur famille, a indiqué le ministre de l’Immigration, Sean Fraser, en conférence de presse à Halifax, en Nouvelle-Écosse.

M. Fraser a fourni cette mise à jour en annonçant la mise sur pied d’un fonds destiné à financer le voyage en avion de ces Ukrainiens qui souhaitent venir au pays.

Air Canada y a versé 100 millions de points Aéroplan, alors que la Fondation Shapiro a promis qu’elle égalerait les dons jusqu’à 50 millions de points Aéroplan.

L’initiative a été jugée largement insuffisante par le député bloquiste Alexis Brunelle-Duceppe.

« Alors qu’une guerre sévit en Ukraine […], le ministre annonce un programme de points Aéroplan. Ce serait risible si ce n’était aussi triste. Le Bloc réitère sa position : le fédéral doit mettre en place une passerelle aérienne afin de faire venir les Ukrainiens fuyant la guerre », a-t-il affirmé dans une déclaration écrite.

Le gouvernement canadien enverra par ailleurs prochainement de l’artillerie lourde pour armer les troupes ukrainiennes. Les détails des livraisons n’ont pas encore été dévoilés. Jeudi dernier, le premier ministre Trudeau a argué que cette discrétion s’imposait en raison de la situation sécuritaire sur le terrain.