(Québec) Privé en santé, attaques contre le tramway, logement social « privatisé », François Legault est influencé par la montée du Parti conservateur d’Éric Duhaime et entame un « grand virage à droite » en vue des élections, prédit Gabriel Nadeau-Dubois.

« Le ton change, et pour moi, c’est clair, François se fait influencer par la montée de la droite conservatrice au Québec. Il a peur de perdre des sièges, notamment dans la région de Québec, et il est en train d’annoncer ses couleurs pour les prochaines élections », affirme le chef parlementaire de Québec solidaire en entrevue avec La Presse.

Dans les sondages, Québec solidaire plafonne, mais le Parti conservateur du Québec, lui, monte en flèche. « La montée d’Éric Duhaime, tout le monde la constate et elle s’inscrit dans un contexte plus large ou il y a une montée de la droite dans plusieurs démocraties », répond M. Nadeau-Dubois.

Mais ce qui l’inquiète, c’est que selon lui, François Legault, plutôt que de s’opposer à ce courant, tente de s’y accrocher. Pourtant, le ministre des Finances, Eric Girard, vient de déposer un budget qui augmente les dépenses en santé de 6,3 % et les dépenses en enseignement supérieur de 13,1 %. Est-ce la signature d’un gouvernement de droite ?

« Il est en train de prendre un virage à droite »

« François Legault a essayé de se donner l’image d’un gouvernement modéré, d’un gouvernement de centre. Il s’est même décrit comme étant de la gauche efficace. Mais ses dernières déclarations et décisions nous indiquent qu’il est en train de prendre un virage à droite », rétorque M. Nadeau-Dubois.

Il cite en exemple la « sortie en bloc » de trois ministres, « gros canons de la CAQ », pour « s’attaquer au maire de Québec [Bruno Marchand] et pour saboter le projet de tramway ». Le ministre Éric Caire avait affirmé que M. Marchand devait arrêter de « polluer » l’existence des conducteurs avec un projet de rue partagée lié à la mise en place d’un tramway dans la ville de Québec ; il s’est par la suite rétracté.

Ça ne prend pas « un doctorat en science politique » pour faire le lien entre la sortie de la CAQ et le fait que « dans la région de Québec, Éric Duhaime fait campagne contre le transport en commun », dit-il. « Dire que faire du transport collectif, c’est faire la guerre aux voitures, comme l’a déclaré Éric Caire, ce sont des déclarations très révélatrices des vraies orientations de ce parti-là. Et ce ne sont pas des choses qu’on entendait avant », dit M. Nadeau-Dubois.

Il nous parle de privatisation en santé, il a déposé un programme qui privatise le logement social, il envoie des chèques aux familles qui font 200 000 $ par année. Ce sont des politiques de droite. Ce n’est pas le Québec dans lequel j’ai envie d’élever ma fille.

Gabriel Nadeau-Dubois, chef parlementaire de Québec solidaire

M. Nadeau-Dubois craint même que cette « influence » de Duhaime, qui s’oppose aux mesures sanitaires, se fasse sentir sur la gestion de la pandémie par le gouvernement Legault. « J’ai hâte d’entendre François Legault et connaître son plan pour la sixième vague. Jusqu’à maintenant, c’est silence radio de son côté. La question se pose : est-ce qu’il sera sur ces enjeux-là aussi influencé par la montée de la droite conservatrice ? », a-t-il demandé. Il va jusqu’à dire que la CAQ veut une « société qui ressemble aux États-Unis ».

En dépeignant François Legault comme un politicien de droite, M. Nadeau-Dubois place lui aussi ses pions électoraux : Québec solidaire devient ainsi « l’alternative progressiste ». M. Nadeau-Dubois veut d’ailleurs « rassembler » les électeurs qui veulent conserver le « modèle québécois ».