(Ottawa) Déployer des militaires pour mater les occupations et les blocages est une solution de « dernier, dernier, dernier, dernier, dernier recours », mais elle ne peut être complètement écartée, a déclaré vendredi Justin Trudeau.

L’envoi de militaires contre des civils canadiens est « quelque chose à éviter à tout prix », et par ailleurs, on n’en est pas encore rendu là, a martelé le premier ministre en conférence de presse au parlement, la première qu’il offrait depuis jeudi dernier.

« C’est une solution de dernier, dernier, dernier, dernier, dernier recours. Évidemment, dans une situation comme ça, on doit être prêt pour toute éventualité […] Il y a tellement d’autres étapes qu’on peut, et qu’on est en train d’utiliser, on n’est pas rendu là encore. Loin de là », a-t-il dit avec vigueur.

Mais chose certaine, l’occupation illégale et les blocages à des points d’entrée à la frontière entre le Canada et les États-Unis nuisent à l’économie, et elles doivent cesser immédiatement, a-t-il insisté, alors que la capitale canadienne est paralysée par le « convoi de la liberté » depuis deux semaines.

Il a exhorté les protestataires à rentrer à la maison, car leurs actions nuisent à l’économie, aux travailleurs et aux familles canadiennes. Il n’a pas voulu prédire quand l’impasse pourrait être dénouée, disant craindre que des violences n’éclatent.

En revanche, il a affirmé que des actions plus « robustes » étaient à prévoir, disant accueillir favorablement l’annonce faite plus tôt par le premier ministre Doug Ford, qui s’apprête à décréter l’état d’urgence dans sa province. Cette mesure est « responsable » et « nécessaire », a-t-il noté.

La « meilleure solution », cependant, demeure « que les gens décident qu’ils se sont fait entendre, ils ont pu exprimer leur frustration, leur désaccord, et que c’est maintenant le temps de rentrer chez eux », a plaidé le premier ministre du Canada.

« Ils commencent à voir qu’il va y avoir de réelles conséquences […] s’ils se font arrêter », a-t-il enchaîné.

« Près de 50 % » des dons des États-Unis

Le premier ministre a indiqué qu’il avait discuté au téléphone de l’enjeu des blocages avec le président des États-Unis, Joe Biden, et que les deux sont sur la même longueur d’onde, c’est-à-dire qu’ils veulent que cela cesse.

Les deux hommes ont aussi discuté du fait que des lignes du 911 d’Ottawa par des appels en provenance des États-Unis, de la présence de citoyens américains en sol canadien, de financement de l’étranger. Des fonds ne peuvent être utilisés pour des activités illégales, et les banques sont aux aguets, a insisté Justin Trudeau.

« Je n’ai pas ces détails sous les yeux en ce moment, mais j’ai entendu que sur certaines plateformes, près de 50 % des dons proviennent des États-Unis », a-t-il offert au micro. Au sujet du nombre de citoyens des États-Unis qui se trouvent au Canada, il s’est contenté de dire que les forces de l’ordre surveillaient cela de près.

Selon un compte rendu de la Maison-Blanche, le président Biden « s’est dit préoccupé par le fait que les entreprises et les travailleurs américains subissent de sérieuses conséquences, y compris des ralentissements de la production, des heures de travail réduites et des fermetures d’usines ».

Dans les rues du centre-ville d’Ottawa, qui en est au jour 15 de l’occupation, des klaxons ont recommencé à se faire entendre sporadiquement, vendredi, après une accalmie de quelques jours qui a été rendue possible grâce à une injonction citoyenne.

Les policiers s’attendent à ce que des manifestants viennent gonfler les rangs des camionneurs pour un troisième week-end consécutif.