(Ottawa) Face au refus d’une majorité des délégués conservateurs de reconnaître que les changements climatiques sont une réalité, le chef du Parti conservateur, Erin O’Toole, réaffirme que le débat à ce sujet est clos.

Et il s’engage à présenter un plan de lutte contre les changements climatiques « détaillé et crédible » que les Canadiens pourront juger durant la prochaine campagne électorale, qui pourrait avoir lieu ce printemps.

Durant une séance de questions-réponses samedi midi, quelques heures après qu’une majorité des participants au congrès conservateur eurent rejeté une proposition de militants du Québec visant à reconnaître que « les changements climatiques sont réels » et que « le Parti conservateur a la volonté d’agir », M. O’Toole a tenu à corriger le tir dans les deux langues officielles.

PHOTO DAVE CHAN, AGENCE FRANCE-PRESSE

Erin O’Toole, chef du Parti conservateur du Canada

Le rejet de cette motion, contre laquelle ont voté 54 % des délégués conservateurs, a valu au chef conservateur une volée de critiques sur les réseaux sociaux et de la part des autres formations politiques, notamment les libéraux de Justin Trudeau.

« Le débat est clos. Les changements climatiques sont réels. Et le Parti conservateur aura un plan sérieux et détaillé sur les changements climatiques pour réduire nos émissions de gaz à effet de serre. Cela est important pour moi en tant que père de deux jeunes enfants, en tant que député de la Chambre des communes. Les changements climatiques et la lutte que nous devons mener pour nous y attaquer sont importants pour le Parti conservateur du Canada », a-t-il affirmé en anglais.

C’est une question importante et primordiale. Les changements climatiques sont une menace pour notre société et on doit avoir un plan. Le Parti conservateur va avoir un plan clair et sérieux aux prochaines élections en ce qui concerne l’environnement, la réduction des émissions. Ce sera une priorité pour moi comme leader.

Erin O’Toole

M. O’Toole a répondu ainsi à une question posée par un militant conservateur de la Colombie-Britannique dans les premières minutes de la séance de questions-réponses, qui a duré en tout environ 45 minutes.

Le Parti libéral du Canada a vivement dénoncé la décision des militants conservateurs.

« M. O’Toole a promis de faire reculer le Canada en affaiblissant le contrôle des armes à feu, en démantelant le plan canadien de lutte contre les changements climatiques et en effectuant des coupes douloureuses dans les services sur lesquels les Canadiennes et les Canadiens comptent », a réagi la députée libérale de l’Ontario Pam Damoff.

« La question de l’existence des changements climatiques a été débattue, et lors de son discours, M. O’Toole a confirmé qu’il ne ferait rien à ce sujet et qu’il continuerait à s’opposer à la tarification de la pollution », a-t-elle ajouté.

« Oui, on va agir »

La proposition rejetée avait été soumise par l’association de circonscription de Portneuf–Jacques-Cartier, représentée par le député conservateur Joël Godin. Ce dernier avait fait un plaidoyer vendredi pour convaincre les délégués réunis en congrès virtuel de l’appuyer. Mais seulement 46 % des délégués ont voté pour la proposition. Toutefois, 70 % des délégués du Québec l’ont appuyée.

Joint par La Presse samedi, M. Godin a affirmé que sa proposition comportait plusieurs éléments et que certains délégués ont pu voter contre pour toutes sortes de raisons. « Il n’était pas juste question de la reconnaissance des changements climatiques dans la proposition. Et les gens ont voté sur l’ensemble de la proposition. Alors cela ne veut pas dire que nous ne sommes pas conscients de l’existence des changements climatiques, bien au contraire. Mon chef est clair depuis qu’il est à la barre du Parti conservateur. Il l’a dit vendredi. Il l’a redit samedi. Oui, on reconnaît les changements climatiques et oui, on va agir. »

Dans son discours, vendredi soir, M. O’Toole avait martelé que « le débat [était] clos » sur cette question, qui a été le principal talon d’Achille des conservateurs aux dernières élections. Le chef a insisté sur le fait que son parti ne pouvait pas « ignorer la réalité des changements climatiques ».

Mais il a aussi réitéré son engagement à abolir la taxe sur le carbone imposée par le gouvernement Trudeau dans le cadre de son plan de lutte contre les changements climatiques.