Le gouvernement Legault doit serrer la vis encore davantage aux plateformes de location à court terme, a affirmé Québec solidaire, jeudi, après qu'il fut révélé qu'un arnaqueur a affiché plusieurs propriétés sur Airbnb alors qu'il ne payait pas son loyer.

La Presse a rapporté jeudi qu'Ali El-Chami a floué plusieurs propriétaires de Montréal au cours des derniers mois. Le stratagème était toujours le même : il louait des logements de prestige, les sous-louait sur Airbnb, et ne payait pas son loyer.

Ses victimes ont dû recourir à la Régie du logement pour l'expulser. Ils disent avoir demandé plusieurs fois à l'entreprise américaine de retirer ses annonces. Mais elle a toujours refusé de le faire.

L'attitude de la multinationale choque le député de Québec solidaire, Andres Fontecilla.

« Ce que je trouve encore plus inacceptable, c'est qu'Airbnb s'en lave les mains, comme Ponce Pilate, a-t-il déploré en entrevue. Airbnb devrait prendre plus au sérieux ce type d'allégation et agir plus rapidement. »

Selon lui, l'épisode prouve que Québec doit se montrer encore plus sévère avec les plateformes de locations à court terme.

Début juin, le gouvernement de la Coalition avenir Québec a proposé de nouvelles règles pour encadrer ce type d'hébergement.

Si elles sont adoptées tel quel, les propriétaires qui annoncent sur les plateformes comme Airbnb ou HomeAway devront obtenir une accréditation auprès de la Corporation de l'industrie touristique du Québec (CITQ). Ils devront prouver qu'il s'agit bien de leur résidence principale et le numéro d'enregistrement devra être affiché sur les annonces.

Une équipe de 25 enquêteurs de Revenu Québec surveillera les annonces en ligne pour vérifier que les propriétaires se conforment aux règles. Les contrevenants s'exposent à des amendes pouvant aller jusqu'à 10 000 $ pour les particuliers et 25 000 $ pour les sociétés.

Andres Fontecilla presse Québec d'aller plus loin. Selon lui, c'est Airbnb, et non Québec, qui devrait s'assurer que ses annonceurs se conforment à la loi. Il craint qu'un groupe 25 fonctionnaires ne soit tout simplement pas capable de vérifier une à une toutes les annonces du site.

« Airbnb doit être responsable du contenu des annonces qui apparaissent sur leur site », a-t-il résumé.

Au cabinet de la ministre du Tourisme, Caroline Proulx, on assure que les nouvelles règles permettront de mettre hors-jeu des arnaqueurs comme Ali El-Chami. On fait valoir que pour obtenir une accréditation, les locataires devront présenter une copie de leur bail et une autorisation écrite de leur propriétaire.

« Quelqu'un comme Ali El-Chami, qu'on connaît, qui est récalcitrant, pourrait être ciblé facilement par les inspecteurs Revenu Québec dans un premier temps, a noté le porte-parole de la ministre, Raphaël Melançon. Mais il y a aussi un mécanisme qui est prévu dans le cas d'un propriétaire d'immeuble (qui a été floué). S'il se rend compte que ça ne marche pas et qu'il veut retirer son autorisation, il pourra le faire. »

Le projet de règlement a été publié le mois dernier. La ministre Proulx mène depuis une consultation publique afin de le raffiner. Elle souhaite qu'il entre en vigueur d'ici l'automne.

Airbnb s'oppose aux nouvelles règles, arguant qu'elles feront « reculer le Québec dans l'économie numérique ». L'entreprise invite ses usagers à écrire au gouvernement Legault pour lui demander de changer de cap.