(Ottawa) Les libéraux de Justin Trudeau soutiennent qu’ils obtiennent toujours d’appui des peuples et dirigeants autochtones, malgré l’expulsion du caucus de deux ex-ministres ayant joué un rôle central dans le processus de réconciliation.

Même si les libéraux ont répété que les relations avec les peuples autochtones du Canada demeuraient une priorité absolue, certains dirigeants des Premières Nations ont ouvertement remis en cause cet engagement en raison de l’expulsion de Jody Wilson-Raybould et Jane Philpott du caucus libéral.

Le chef régional de l’Assemblée des Premières Nations pour la Colombie-Britannique, Terry Teegee, a laissé entendre que les expulsions démontraient une « intention profondément imparfaite et malhonnête », malgré les déclarations de respect du premier ministre fédéral Justin Trudeau à l’égard des peuples autochtones.

« L’équilibre qui se forgeait dans nos sociétés par le processus de réconciliation est maintenant menacé », a-t-il déclaré au moment de l’annonce de l’expulsion des deux élues libérales. Selon M. Teegee, il s’agit d’une décision « courroucée ».

Mme Wilson-Raybould, ministre de la Justice de 2015 à janvier dernier, est la première autochtone à obtenir un poste ministériel aussi important. Mme Philpott était considérée comme l’une des ministres les plus compétentes du gouvernement Trudeau. En la mutant du ministère de la Santé à celui des Services aux Autochtones, M. Trudeau voulait démontrer l’importance d’une eau saine et de bons logements dans les territoires autochtones.

La ministre des Relations Couronne-Autochtones, Carolyn Bennett, qui a travaillé en étroite collaboration avec les deux élues, dit qu’elle continue à entendre des commentaires « très positifs » sur le travail du gouvernement.

« Que je sois sur la côte Est, sur la côte Ouest ou au Manitoba, ces derniers temps, je dois dire que les gens me prennent discrètement à l’écart pour me dire : “Nous avons besoin que votre gouvernement soit réélu”, a déclaré Mme Bennett. Je ne présume jamais que mon interlocuteur parle au nom de plus d’une personne. Il est important pour nous maintenant de gagner le respect et de continuer à progresser. »

Aux prochaines élections, les membres des Premières nations, les Inuits et les Métis seront en mesure de décider en dernier ressort si leur expérience avec le gouvernement a ressemblé davantage à un partenariat qu’à un paternalisme, a ajouté Mme Bennett.

Mme Wilson-Raybould et Mme Philpott ont été expulsées du caucus libéral après avoir vertement critiqué les pressions politiques subies par l’ex-procureur générale dans le dossier de SNC-Lavalin, une grande entreprise québécoise poursuivie pour corruption.

Si Mme Wilson-Raybould n’était pas disponible pour une entrevue, sa collègue d’infortune a dit que leur départ représente un « revers » dans les relations du gouvernement fédéral avec les peuples autochtones.

Mme Philpott a rappelé que le gouvernement Trudeau travaillait d’arrache-pied sur des questions telles que la reconnaissance et l’affirmation des droits des peuples autochtone et que la nomination de Mme Wilson-Raybould à titre de ministre de la Justice avait suscité un enthousiasme extraordinaire.

Malgré son expulsion, Mme Wilson-Raybould continue de peser sur son parti. Justin Trudeau et les membres des communautés surveillent attentivement ses paroles et ses gestes, a souligné le professeur Joseph Garcea de l’Université de la Saskatchewan, politologue qui étudie la politique canadienne.

« Elle a mis le feu aux pieds de ce gouvernement et c’est à elle de décider à quelle intensité elle fait grimper la chaleur. »

Le président du Conseil national des Métis, Clément Chartier, dit qu’il ne permettra pas à une « source de distraction » comme la controverse entourant SNC-Lavalin « déraille » les efforts de son organisation pour collaborer avec le gouvernement fédéral.

« Pourquoi voudrions-nous détruire quelque chose qui aura été très bénéfique pour la nation métisse ? » a-t-il dit.