(Ottawa) La possible venue de l’ancien ministre péquiste Réjean Hébert dans le camp de Justin Trudeau est une « surprise » pour les souverainistes qui perdent l’un des leurs.

M. Hébert, qui a été ministre de la Santé sous le gouvernement de Pauline Marois de 2012 à 2014, a indiqué à Radio-Canada qu’il avait tourné la page sur le projet d’indépendance du Québec.

Il songe maintenant à sauter dans l’arène fédérale pour les libéraux et ne cache pas son ambition de devenir ministre de la Santé. Il souhaite notamment élargir la couverture publique aux soins en domicile, un domaine de compétence provinciale.

Selon le chef par intérim du Parti québécois (PQ), Pascal Bérubé, qui a été dans le même conseil des ministres que M. Hébert à l’époque, son ancien collègue tient des « propos qui ne lui ressemblent pas ».

M. Bérubé l’accuse de vouloir « magasiner » un poste de ministre de la Santé, à l’instar de l’ancienne candidate libérale défaite Gertrude Bourdon lors des dernières élections au Québec.

Pourtant, il y a quelques mois seulement, M. Hébert avait appelé à l’union du PQ et de Québec solidaire — deux partis souverainistes — dans une lettre ouverte publiée dans le Devoir.

« De toute évidence, ce n’est pas un souverainiste ! Je pense que d’aller avec Justin Trudeau, il faut prendre acte de ça », a réagi la députée péquiste Véronique Hivon.

Du côté du Bloc québécois, la députée Monique Pauzé a invité M. Hébert à poursuivre sa réflexion. Elle pense que ce serait une « erreur » de joindre les libéraux dans l’espoir de changer les choses.

« On est ici depuis quatre ans et de faire bouger ce navire-là, ce n’est pas loin d’être impossible », ironise-t-elle.

La possible arrivée de M. Hébert dans le camp libéral semble toutefois réjouir ses futurs collègues.

Mélanie Joly, ministre du Tourisme, des Langues officielles et de la Francophonie, pense que « les Québécois sont passés à autre chose » concernant la souveraineté du Québec.

À son avis, la possible arrivée de M. Hébert est la preuve que les libéraux fédéraux veulent montrer un front « progressiste » et « contrer la menace conservatrice » aux prochaines élections.

Le ministre de l’Infrastructure, François-Philippe Champagne, croit que cette candidature pourrait amener un « vent de fraîcheur » dans l’équipe libérale.

Il ne voit pas de contradiction entre son récent passé souverainiste et le fait de joindre un parti fédéraliste.

« En 2019, je pense que c’est plutôt quand on collabore ensemble, quand on ouvre l’esprit, quand on ouvre la porte aux nouvelles idées, c’est comme ça qu’on avance », fait valoir M. Champagne.