Pionnière parmi les femmes universitaires, cofondatrice et directrice du Collège April-Fortier de 1979 à 2004, Gisèle April est morte le 9 octobre 2013, à l'âge de 68 ans.

Née à Saint-Gabriel-de-Brandon, Gisèle April a rapidement dévoilé sa force de caractère en faisant sa place dans un programme d'administration dès l'ouverture de l'Université du Québec à Montréal, en 1969. «À l'époque, c'était une chasse gardée pour les hommes, rappelle son mari Normand Fortier. Dans un groupe d'une quarantaine d'étudiants, Gisèle était l'une des deux seules femmes. Elle n'était pas du genre à manifester dans la rue, mais elle fonçait.»

En novembre 1970, soit trois ans après leur première rencontre, Normand Fortier et Gisèle April ont entamé une relation amoureuse. Leur rencontre s'est soldée par un mariage un an plus tard, la naissance d'une enfant, Catherine, et la création d'une institution dans l'industrie du voyage au Québec, le Collège April-Fortier, en 1979.

Travaillant dans le domaine du voyage dès la fin des années 60, M. Fortier avait noté que le service des agences de voyages n'était pas toujours à la hauteur. «Les nouveaux employés manquaient de formation et leur service aux clients me faisait dresser les cheveux sur la tête, relate-t-il. Vers 1975, Gisèle et moi avons commencé à parler d'un projet pour former des agents de voyages professionnels, qui pourraient bien gagner leur vie. Quatre ans plus tard, l'école a été créée.»

Depuis bientôt 35 ans, le Collège April-Fortier a formé plus de 10 000 étudiants que s'arrachent les grandes entreprises de l'industrie. «Transat, American Express, Vacances Air Canada et plusieurs autres engagent systématiquement nos étudiants, et on n'arrive quand même pas à fournir l'industrie», lance Normand Fortier.

Récemment honoré pour l'impact majeur qu'il a eu sur l'industrie du voyage, M. Fortier n'hésite pas à dire qu'une partie du mérite revient à Gisèle April. «Elle avait une bonne intuition pour engager les employés et elle était une administratrice très efficace, souligne-t-il. La culture d'entreprise qu'elle a implantée à l'époque est encore présente aujourd'hui, même si presque tout le personnel a changé au fil des ans. C'est important pour nous d'offrir un service personnalisé à nos étudiants. Si un cours était annulé, on appelait les gens pour les avertir, dans la mesure du possible.»

Innovation

Le couple April-Fortier a également été remarqué pour le caractère innovant de son travail à travers les années. «Nous avons été parmi les premiers à produire des publireportages dans les années 80. On écrivait des articles sur ce qui se faisait à notre école et dans le milieu. Semble-t-il que les HEC ont étudié nos pratiques dans leurs cours.

«En 1996, on a aussi innové en proposant des infopublicités qui ne faisaient pas la promotion de chaudrons, ni de la vente à pression, ajoute-t-il. On transmettait de l'information pour inciter les gens à venir nous rencontrer et vérifier si l'école était faite pour eux.»

En 2004, Gisèle April a choisi de prendre sa retraite en vendant ses parts à Normand Fortier.

L'année suivante, leur fille Catherine Fortier s'est jointe à l'entreprise, où elle agit aujourd'hui comme directrice générale.