(Ottawa) Le gouvernement fédéral accorde des millions de dollars à deux fabricants d’armes pour élaborer une stratégie visant à produire au Canada davantage d’obus de 155 mm, alors que la guerre en Ukraine se prolonge.

Le ministre de la Défense nationale, Bill Blair, en a fait l’annonce jeudi dans un discours prononcé devant l’Institut de la Conférence des associations de la défense, à Ottawa. M. Blair a précisé que 4,4 millions seront versés à IMT Defence et à General Dynamics pour élaborer des propositions détaillées visant à fabriquer au Canada davantage d’obus d’artillerie de calibre 155 mm.

Les investissements sont consentis à General Dynamics dans ses usines de Repentigny et de Salaberry-de-Valleyfield, près de Montréal, et à IMT Defence à Ingersoll, en Ontario.

« Nous avons fait don à l’Ukraine de dizaines de milliers d’obus d’artillerie de 155 mm conformes aux normes de l’OTAN, a déclaré M. Blair. Mais l’Ukraine a besoin de beaucoup plus de munitions – et, franchement, le Canada et les [Forces armées canadiennes] aussi. »

Au cours d’un débat en milieu de matinée sur l’OTAN, des experts européens et canadiens ont convenu que ce sont les munitions qui constituent le besoin le plus urgent de l’Ukraine à court terme. Plusieurs alliés du Canada ont d’ailleurs déjà signé des accords pour augmenter leur production.

L’OTAN a signé un accord de 1,2 milliard, fin janvier, par l’intermédiaire de son Agence de soutien et d’acquisition, pour produire environ 220 000 obus d’artillerie, portant à plus de 4 milliards ses dépenses totales en obus de 155 mm. Les pays contributeurs à ces accords renforceront leurs approvisionnements ou fourniront leurs propres munitions à l’Ukraine. Le Canada ne fait pas partie de ces pays contributeurs.

Dans une déclaration du 25 janvier, le porte-parole du ministère de la Défense, Alex Tétreault, déclarait : « Nous continuons de maintenir les stocks de munitions nécessaires pour répondre aux engagements opérationnels et d’entraînement à long terme » des Forces armées canadiennes.

Préparer des chaînes de production

Des fabricants canadiens produisent une variante d’obus d’artillerie de 155 mm, connue sous le nom de « M107 », qui est à plus courte portée et considérée comme moins intéressante que l’obus « M795 ».

Le ministre Blair a déclaré jeudi que la capacité de production du Canada est désormais passée de 3000 à 5000 obus par mois, grâce à une injection de 4,8 millions l’année dernière – la première augmentation de la capacité de production depuis l’invasion à grande échelle de l’Ukraine par la Russie en février 2022.

Mais les estimations de coûts pour renforcer la capacité de production nationale des M795 sont près de 100 fois supérieures à cette somme.

Un haut responsable du ministère de la Défense déclarait en novembre devant un comité des Communes que General Dynamics et IMT Defence avaient fourni à la fin de 2022 des estimations de dépenses initiales de 200 millions, puis les avaient rehaussées à 400 millions.

Or, ces coûts n’incluent aucune munition effectivement produite : ils ne prévoient que les changements apportés sur les chaînes de production des fabricants.

Troy Crosby, sous-ministre adjoint de la Défense chargé des matériels, a également déclaré aux députés du Comité permanent de la défense que les estimations de l’industrie suggèrent qu’il faudra peut-être trois ans pour qu’une chaîne de production soit opérationnelle au Canada.

Le discours du ministre Blair et le communiqué de presse qui l’accompagne ne précisent pas si les 4,4 millions annoncés jeudi visent à planifier la production des obus M795, plus prisés, ou des M107.