(Ottawa) Les chefs autochtones du pays réclament que les fusils utilisés par les Autochtones pour assurer leur subsistance soient retirés de la liste des armes prohibées. Ils ont adopté une résolution jeudi pour que l’Assemblée des Premières Nations (APN) s’oppose publiquement au projet de loi C-21 sur le contrôle des armes à feu dans sa forme actuelle et exige une série d’amendements.

Le projet de loi C-21 « criminalise potentiellement les armes longues » qui sont utilisées par les Autochtones pour « exercer leurs droits ancestraux et issus de traités de chasse », peut-on lire dans la résolution adoptée en assemblée générale.

L’APN, qui représente plus de 600 communautés, demande une consultation en bonne et due forme conforme à la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones et propose cinq amendements, dont celui de retirer les armes utilisées par les Autochtones de la liste des armes prohibées.

« De quelles armes on parle au juste ? », a demandé le chef de l’Assemblée des Premières Nations du Québec et du Labrador, Ghislain Picard, en entrevue. « Tout le monde s’est référé à Carey Price, à ce qu’il avait en sa possession », a-t-il ajouté.

Le gardien de but du Canadien, dont la carrière est en suspens, a publié samedi une photo de lui sur Instagram avec un fusil de chasse à la main pour dénoncer la nouvelle liste d’armes prohibées proposée par le gouvernement. Il a donné son appui au passage à la Coalition canadienne pour les droits aux armes à feu, qui a utilisé le code promotionnel « Poly » pour l’achat de marchandises sur son site web quelques semaines avant le 33e anniversaire du féminicide de masse à Polytechnique.

Le gouvernement a beau affirmer que l’arme que Carey Price tient dans sa main demeurerait légale, la confusion persiste depuis qu’il a déposé deux amendements de dernière minute en novembre au projet de loi C-21. Ces amendements élargissent la définition d’une arme prohibée et dressent une liste d’environ 300 pages de modèles qui seraient interdits.

La liste inclut les fusils de type SKS, une arme de style militaire populaire auprès des chasseurs incluant les Autochtones. « Le SKS est une arme moins chère que les autres, c’est pour ça », a expliqué Michael Esquash, conseiller de la Première Nation de Swan Lake au Manitoba. « Beaucoup de nos gens ont seulement quelques centaines de dollars pour acheter un fusil pour la chasse et il leur reste seulement peut-être 20 $ pour les balles. »

« Nous utilisons la chasse pour nous nourrir, pour fournir de la viande à notre famille », a-t-il rappelé. Cette situation touche particulièrement les Autochtones vivant dans des communautés nordiques où les prix à l’épicerie sont carrément inabordables.

Bien que le gouvernement se soit dit ouvert à modifier la liste pour retirer les armes de chasse, le ministre de la Sécurité publique, Marco Mendicino, a donné l’impression jeudi qu’il ne serait pas flexible pour les fusils de type SKS.

« Rappelez-vous que le SKS a été conçu en temps de guerre et qu’il s’agit toujours d’une arme à feu dotée d’une énorme force létale », a-t-il répondu à La Presse. Ce fusil a été développé par les Soviétiques durant la Seconde Guerre mondiale.

« Et il n’y a qu’à regarder comment le SKS peut également être utilisé pour commettre des crimes violents », a-t-il ajouté en faisant référence aux deux policiers abattus en octobre avec ce type d’arme à feu dans le comté de South Simcoe, en Ontario.