(Sherwood Park, Alberta) Le concessionnaire de véhicules usagés Park Premium Auto and Leisure, à Sherwood Park, une banlieue voisine d’Edmonton, offre un stock étonnant ces jours-ci.

Motoneiges, quads et gros autoquads biplaces occupent encore la majorité du plancher. Mais à travers ces engins gourmands en carburants fossiles, on aperçoit plusieurs véhicules électriques ou hybrides – une petite BMW i5 ici, une Nissan Leaf là, le Rivian du patron dans la cour.

« [Le marché des véhicules de loisir], c’est encore bien, c’est juste que je ne veux plus faire ça pour longtemps », explique Jean-Pierre Grenier, un Sherbrookois d’origine installé en Alberta depuis 25 ans. Ce qui l’allume désormais, ce sont les autos électriques usagées. Dans un an, il ne vendra que ça, prévoit-il.

PHOTO JASON FRANSON, COLLABORATION SPÉCIALE

Jean-Pierre Grenier

Tu arrives à un moment dans ta vie où tu te dis : ‟On dirait que je ne fais rien pour la planète.” Ma fille va avoir 20 ans, j’aimerais que le monde soit une belle place où vivre pour elle.

Jean-Pierre Grenier

Le marché des véhicules électriques est encore embryonnaire en Alberta. Non seulement la province n’offre pas de crédit d’impôt à l’achat, mais elle vient aussi de leur asséner une taxe annuelle de 200 $ (en vigueur en 2025) pour compenser les taxes non perçues sur l’essence.

« Je conduis une auto électrique et la moitié du monde rit de moi quand j’arrive quelque part. Mes panneaux solaires, c’est la même chose », illustre M. Grenier.

Les panneaux solaires, il les a fait installer l’été dernier sur sa maison située dans le village d’Ardrossan. C’est à une douzaine de kilomètres à l’est de Sherwood Park, mais avec l’application installée sur son cellulaire, c’est comme s’il y était.

Consommation énergétique de la résidence, production des panneaux solaires : tout s’affiche en temps réel avec force graphique. « Là, il ne fait pas soleil, donc je ne produis quasiment pas : 0,67 kilowatt, alors que ma maison, elle, utilise 1,1 kW en ce moment », nous fait-il voir. Mais même en ce début d’avril, « les derniers jours où il a fait soleil, [il produisait] déjà 7,5 kW » !

Impact de l’éclipse du 8 avril, rendement par temps froid ou nuageux : les propriétaires de panneaux solaires adorent partager leurs captures d’écran sur les réseaux sociaux. Ces données en temps réel ne sont pas seulement ludiques. Elles incitent à l’efficacité, témoigne M. Grenier.

Quand tu vois exactement ce que ça consomme de laisser huit lumières allumées à longueur de journée, tu te dis : ‟OK, pourquoi est-ce que je gaspille ?”

Jean-Pierre Grenier

La recharge des véhicules électriques de la famille se fait désormais durant les journées ensoleillées, afin d’utiliser l’énergie générée gratuitement par les panneaux solaires. Le lavage et le séchage à la machine aussi. Et pour réduire l’usage de la sécheuse, il a installé une corde à linge. « Je n’en avais jamais eu ! », souligne le quadragénaire. Quand sa chaudière (communément appelée « fournaise ») au gaz arrivera en fin de vie, dans quelques années, il optera sans doute pour une thermopompe.

« Une fois que tu ouvres la porte à une chose, on dirait qu’une autre vient automatiquement. Si j’ai des panneaux solaires, pourquoi n’aurais-je pas une auto électrique ? Tu deviens plus conscient de ces choses-là », constate M. Grenier.

« J’essaie juste de faire ma part. C’est pour ça que je dis aux gens : ‟Fais ce que tu peux.” À un moment donné, tu vas te rendre compte que tu peux peut-être en faire un petit peu plus, et encore un peu plus. »