C’est un conflit entre un membre des Hells Angels et Marco Pizzi qui serait la toile de fond des coups de feu tirés sur le commerce de véhicules usagés du mafioso, dans l’est de Montréal, le 4 septembre 2023.

C’est ce que révèle la preuve présentée durant l’enquête sur remise en liberté de l’un des deux présumés commanditaires du contrat, Mathieu Scott-Dumont.

La preuve démontre aussi que ce sont les quatre individus impliqués directement dans l’évènement du 4 septembre qui ont dénoncé les deux commanditaires, parce qu’ils n’ont reçu que 1000 $ sur une somme promise de 15 000 $.

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Mathieu Scott-Dumont est notamment accusé de possession d’une arme à feu prohibée et d’avoir participé au déchargement d’une arme à feu avec insouciance.

Le 4 septembre 2023, vers 22 h 40, dix coups de feu ont été tirés sur le concessionnaire Gestion Automobiles Plus sur la rue Notre-Dame est, certains traversant même la vitrine du commerce, sans toutefois faire de blessé.

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Une des douilles retrouvées par les policiers.

Selon la preuve présentée, deux jours avant les évènements, Scott-Dumont et un complice, Benjamyn Paquette, auraient rencontré trois individus dans un parc, près du bord de l’eau, dans Lachine, et leur auraient remis l’arme du crime, une carabine semi-automatique de style AR-15.

Ils leur auraient promis 15 000 $ et auraient exigé qu’ils filment la scène lorsque les coups de feu seraient tirés, pour prouver qu’ils ont rempli leur contrat.

Le 4 septembre, quatre suspects, tous de la région de Salaberry-de-Valleyfield, ont pris place à bord de deux véhicules, se sont suivis jusque dans l’est de Montréal, ont fait du repérage autour du commerce, ont ouvert le feu à partir de l’un des véhicules avant de prendre la fuite.

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Les deux véhicules des suspects se suivant le soir du 4 septembre 2023.

Après la fusillade, les tireurs ont voulu se faire payer, mais les commanditaires ne leur ont offert que 1000 $.

Deux mois après les coups de feu, les quatre individus soupçonnés d’avoir rempli le contrat ont été arrêtés.

Les policiers ont accumulé passablement de preuve et ont notamment retrouvé dans l’un des téléphones saisis la vidéo prouvant que le contrat avait été rempli.

Les suspects ont ensuite fait des aveux et dénoncé Scott-Dumont et Paquette.

« Un complice a mentionné qu’à sa connaissance, la fusillade a été commandée dans un contexte de guerre entre les Hells Angels et la mafia italienne. Selon les allégations du ministère public, le concessionnaire visé est relié à Marco Pizzi, un membre influent du crime organisé italien à Montréal qui serait actif dans le trafic de stupéfiants et les paris illégaux » écrit le juge Dennis Galiatsatos de la Cour du Québec dans sa décision, ajoutant que les commerces et véhicules de Pizzi et de certains de ses proches ont été ciblés à dix reprises par des tirs ou des incendies criminels en 2022 et 2023, et que lui-même a été victime d’une tentative de meurtre en 2016.

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Marco Pizzi

Un contexte de violence

Paquette n’a pas demandé sa remise en liberté. Scott-Dumont, oui, mais le juge Galiatsatos le lui a refusée.

« En pleine guerre violente et implacable entre les clans rivaux du crime organisé, il n’est pas question que le Tribunal mette en liberté des individus qui organisent des fusillades “drive-by”, mettant ainsi le public en danger. Une telle décision déconsidérerait nettement l’administration de la justice ».

« Chaque individu qui fait un usage illicite et dangereux d’armes à feu contribue à la prolifération du problème et à l’omniprésence des armes. II serait artificiel et irréaliste de dissocier totalement l’accusé de ces données », écrit notamment le juge dans sa décision.

Scott-Dumont n’a pas d’antécédent criminel et a témoigné vouloir se reprendre en main.

Lui et Paquette ont été désignés commanditaires dans la preuve présentée, mais il est connu que dans le milieu du crime organisé, il peut y avoir plusieurs intervenants entre le véritable commanditaire et les exécutants.

Pour joindre Daniel Renaud, composez-le 514 285-7000, poste 4918, écrivez à drenaud@lapresse.ca ou écrivez à l’adresse postale de La Presse.