La Cour supérieure a autorisé la demande d’injonction provisoire de l’Université du Québec à Montréal (UQAM) visant à démanteler en partie le campement propalestinien installé sur la pelouse du Complexe des sciences Pierre-Dansereau.

Les occupants du campement devront dégager un espace de deux mètres tout le long du pavillon, de manière à créer un corridor de circulation. Ils devront également retirer tout matériel obstruant les portes, les fenêtres et les caméras de sécurité.

« Ces mesures de sécurité ne nuiront pas à l’exercice du droit à la liberté d’expression, incluant celui de manifester », a souligné le juge Louis-Joseph Gouin dans sa décision rendue lundi.

L’université ne demandait pas le démantèlement complet du campement, comme l’avait formulé McGill dans une requête similaire rejetée en mai.

Elle se disait même prête à tolérer la présence des manifestants, à condition qu’ils n’entravent pas la libre circulation, l’accès et la sortie des bâtiments et qu’ils n’endommagent pas les biens.

Lundi en début d’après-midi, il y avait peu de mouvement à l’intérieur du campement. Les manifestants rencontrés sur place-la plupart masqués-refusaient de s’adresser aux médias.

Une assemblée générale était prévue en soirée afin de déterminer s’ils respecteraient les ordonnances du tribunal. « Ça sera une décision collective », a brièvement réagi une représentante du campement, Leila Khaled.

Dans une déclaration aux médias, l’université a quant à elle dit qu’elle comptait « sur la collaboration » des manifestants pour mettre en œuvre les aménagements énumérés dans la décision.

« Par ailleurs, l’UQAM poursuivra le dialogue avec les étudiantes et les étudiants, dont celles et ceux qui se trouvent sur le campement, en lien avec leurs préoccupations sur la situation en Palestine et en Israël. Une fois les questions de sécurité réglées, le dialogue sur le fond des revendications pourra se prolonger dans la sérénité », a indiqué le recteur de l’UQAM, Stéphane Pallage.

« La sécurité est présentement mise à mal »

Depuis une semaine, la tension montait autour du campement propalestinien. Le week-end dernier, des affrontements ont éclaté entre des manifestants et des policiers, qui ont eu recours aux bâtons et au gaz irritant. La ministre de l’Enseignement supérieure, Pascale Déry, avait lancé un appel au calme.

« La sécurité est présentement mise à mal et il est urgent d’y pallier avant qu’un évènement malheureux ne se produise », a souligné le juge.

Les deux parties ont présenté leurs arguments vendredi au palais de justice de Montréal.

Selon l’université, des manifestants ont été aperçus pénétrant dans le campement avec des barres de fer, des morceaux d’asphalte et des bidons d’essence.

Elle a présenté des photos montrant des murs recouverts de graffitis, des fenêtres recouvertes par des sacs de poubelle et des portes entravées par des bouts de bois.

Les représentants des manifestants ont répondu que les portes identifiées par l’université avaient depuis été débloquées.

Ils alléguaient qu’un démantèlement même partiel mettrait en péril le campement. « Il n’en est rien », a répliqué le juge, ajoutant qu’un dégagement de deux mètres était « suffisant » contrairement aux trois mètres suggérés par l’université.

« Peut-être que cela signifiera de réduire le nombre de tentes, ou invitera les occupants du Campement à une plus grande promiscuité, mais on ne peut mettre davantage à risque la sécurité pour permettre aux occupants d’ainsi occuper, à leur aise, la presque totalité de la cour intérieure du Complexe », a-t-il fait valoir.

Plus tôt en mai, la Cour supérieure a rejeté la demande d’injonction interlocutoire provisoire de l’Université McGill visant à démanteler le campement, revigorant ses occupants.

L’université avait échoué à démontrer l’urgence d’intervenir, avait tranché le juge Marc St-Pierre.

Depuis l’apparition des premières tentes, aucun incident violent n’avait été rapporté. Même la contre-manifestation évoquée par l’université pour illustrer la crainte d’une escalade de tensions « s’est faite pacifiquement », avait souligné le juge.