Qui a tué Jimmy Méthot ? Un adolescent meurtrier muni d’une machette ? Un criminel violent prêt à éliminer les témoins ? Ou bien Véronique Manceaux, alors sous l’effet du crack ? « Ce n’est pas une partie de Clue », a plaidé la défense jeudi. Néanmoins, les deux hommes ont possiblement commis le meurtre, selon le camp Manceaux.

« Zones d’ombre », « lacunes », « contradictions » : MCarl Devost Fortin a haché menu la preuve de la Couronne et les témoignages de ses témoins-clés jeudi dans sa plaidoirie. L’avocat de la défense a ainsi demandé au jury de faire bénéficier Véronique Manceaux du doute raisonnable et de l’acquitter. La femme de 38 ans est accusée du meurtre au premier degré de Jimmy Méthot en septembre 2021. Les délibérations doivent s’amorcer mardi prochain.

L’affaire est complexe. Malgré plusieurs semaines de procès, le rôle de chaque protagoniste demeure nébuleux. On sait que cinq personnes se trouvaient chez Véronique Manceaux, à Montréal, dans la nuit du 6 septembre 2021. Outre l’accusée, il y avait Abigaïl*, la grande amie de l’accusée, son copain Jimmy Méthot, le criminel de carrière Everett Roger Clayton et son acolyte, un adolescent de 17 ans.

La preuve de la Couronne repose essentiellement sur le témoignage d’Abigaïl, qui avait consommé du crack et de l’alcool ce soir-là, et sur celui de l’adolescent (déjà reconnu coupable de meurtre). Ce dernier a refusé de témoigner au procès et a été accusé d’outrage au tribunal. Son témoignage à l’enquête préliminaire a donc été présenté au jury.

Ces deux récits sont « incohérents » et « incompatibles », selon la défense. L’adolescent raconte que Jimmy Méthot s’est enfui à deux reprises, alors que l’accusée l’accusait d’être un espion. La première fois, l’adolescent a sévèrement battu la victime. Puis, à la seconde fuite de Méthot, Véronique Manceaux l’a tué avec un couteau.

Or, selon Abigaïl, il n’y a eu qu’une seule tentative de fuite, impliquant l’adolescent et Véronique Manceaux. « [Abigaïl] vous parle d’une poêle à frire. Elle vous dit qu’elle sait qu’il a été poignardé, mais qu’elle ne sait pas comment. Elle a beaucoup de difficulté à dire qui a fait quoi », a relevé MDevost Fortin.

« Êtes-vous convaincus de la participation de Mme Manceaux ? », a-t-il lancé au jury.

PHOTO DÉPOSÉE EN COUR

C’est dans ce salon que Véronique Manceaux aurait battu à mort Jimmy Méthot, selon Abigaïl. Le plancher du salon a été nettoyé.

La défense a mis en garde les jurés : Abigaïl et l’adolescent avaient certaines « motivations » à témoigner ainsi. Abigaïl est d’ailleurs en attente de procès dans cette affaire. Quant à l’adolescent, il semble avoir évité une peine pour adulte de prison à vie, puisqu’il a été condamné à une peine de neuf ans, dont cinq ans en détention, pour meurtre au premier degré.

« Avait-il un incitatif à donner une version édulcorée de sa participation ? », s’est interrogé MDevost Fortin. L’adolescent portait toujours un couteau à l’époque. Il avait aussi sa machette chez Véronique Manceaux. Cette machette a d’ailleurs été « manipulée et déplacée » pendant la soirée. Une témoin a même dit que l’arme avait été brandie, a poursuivi la défense.

Le mentor de l’adolescent, Everett Roger Clayton – mort depuis –, pourrait également avoir tué Jimmy Méthot, suppose la défense, en énumérant ses nombreux antécédents de violence. Clayton a carrément voulu tuer Abigaïl après la mort de Jimmy Méthot pour l’éliminer comme témoin. C’est Véronique Manceaux qui l’en a empêché, rappelle la défense. Après le meurtre, c’est Clayton qui a pris en charge l’opération de nettoyage.

« Il a peut-être participé plus qu’on veut admettre », a plaidé la défense.

Également, son protégé, l’adolescent de 17 ans, a peut-être utilisé un couteau ce soir-là. Les deux hommes ont-ils participé au meurtre, alors que Véronique Manceaux n’a rien fait ? « S’il subsiste un doute raisonnable, Véronique Manceaux doit en bénéficier », a conclu MDevost Fortin, qui fait équipe avec MFanie Lacroix.

Le juge Daniel Royer amorcera ses directives lundi.

* Nom fictif