Il tire près de sa copine enceinte avec une arme de poing pour la forcer à avorter : Albano Pierre écope de 12 ans de pénitencier pour des évènements troublants survenus il y a trois ans. Une histoire de violence conjugale extrême qui s’est retrouvée mêlée à la mort nébuleuse d’une femme à Laval, dossier toujours non résolu.

Le danger que posent les armes à feu pour la communauté est bien connu, a rappelé le juge Dennis Galiatsatos lundi matin au palais de justice de Montréal. « Elles nuisent aux communautés, surtout aux communautés déjà défavorisées », a-t-il souligné dans sa décision.

Albano Pierre avait été reconnu coupable l’automne dernier. Il faisait face à une quinzaine de chefs d’accusation, dont plusieurs reliés aux armes à feu. Il avait été acquitté de harcèlement criminel.

Dans sa sacoche pour hommes (man purse), l’assaillant traîne une arme de poing « comme si elle n’était rien d’autre qu’un accessoire de mode », a dénoncé le juge Galiatsatos.

C’est avec ce revolver qu’il menace sa copine, tente de l’obliger à se faire avorter et lui fait vivre un calvaire qui la pousse à dénoncer son bourreau.

16 février 2021. Une dispute éclate dans un appartement de Montréal. Albano Pierre est furieux contre sa conjointe, qui lui annonce attendre un enfant. Il se fâche lorsqu’elle refuse de se faire avorter. L’homme cherche à l’effrayer en braquant son arme à feu chargée en sa direction. Dans un accès de colère, il tire à côté de sa copine, alors enceinte et vulnérable.

Un autre épisode teinté d’agressivité et de volonté coercitive envers la victime survient un mois après l’évènement de l’arme à feu, dans une chambre d’hôtel. Albano Pierre soupçonne alors sa conjointe d’être infidèle. Il la prend par le bras, saisit son manteau, puis s’empare de son cellulaire.

Des gestes « d’une violence inacceptable », une « volonté de contrôle et de domination maximale » qualifiée de « répugnante » par le juge Galiatsatos. La victime était enceinte au moment des agressions et a vécu des cauchemars fréquents lors de sa grossesse, a-t-il précisé.

L’arme reliée à un décès suspect

La possession d’arme à feu fait donc partie du quotidien d’Albano Pierre. Il se balade avec l’arme chargée dans sa sacoche pour hommes signée Louis Vuitton. Il loue sans hésitation le revolver à Marly Édouard, une connaissance, pour 800 $. Cette dernière disait avoir besoin de l’arme pour se protéger.

La femme de 32 ans est retrouvée morte d’une balle à la tête près de son domicile de Laval en mars 2021. L’arme à feu prêtée par Albano Pierre se trouve sur les lieux.

Les circonstances du décès de Mme Édouard demeurent inconnues jusqu’à ce jour. L’enquête est toujours en cours, a mentionné le juge.

Suicide, meurtre, tir accidentel : ces hypothèses sont encore sur la table pour expliquer la disparition de la jeune femme, une agente d’artistes originaire d’Haïti.

Le dossier n’est pas clos, a confirmé le porte-parole de la Sûreté du Québec (SQ), Benoit Richard. « Par contre, aucun élément ne nous permet de croire qu’un acte criminel a été commis », indique-t-il.

Il n’y a aucune preuve qu’Albano Pierre a pris part à cette mort nébuleuse. Le juge a tout de même réprimandé le trentenaire, responsable d’avoir fourni une arme à feu à la défunte.

Lorsqu’on s’adonne au trafic [d’armes], le risque inhérent est indéniable. M. Pierre n’a pas loué un bâton de hockey à Mme Édouard. On peut difficilement prétendre qu’un dérapage était imprévisible.

Le juge Dennis Galiatsatos

Les procureurs de la Couronne MJeanne Gagné et MSylvie Dulude demandaient entre 10 et 12 ans d’incarcération dans ce dossier. L’avocat de la défense MJulien Montpetit suggérait 7 ou 8 ans.

L’assaillant de 33 ans n’avait pas d’antécédents judiciaires avant d’être accusé dans ce dossier d’arme à feu et de violence conjugale.

Il lui reste 8 ans et 3 mois à purger de la peine d’incarcération de 12 ans prononcée lundi matin. Il risque par ailleurs d’être expulsé du pays en raison de cette sentence.