La famille décimée lors de la tuerie au couteau survenue à Ottawa mercredi soir avait accueilli à bras ouvert le suspect venu s’établir au Canada pour ses études et lui avait même organisé une fête d’anniversaire il y a quelques jours, a affirmé un chef religieux qui connaissait les victimes à plusieurs médias.

Il n’y a eu aucun signe précurseur avant la tragédie, selon Bhante Suneetha, un moine du monastère bouddhiste Hilda Jayewardenaramaya, endroit fréquenté par les victimes.

Mercredi soir, six personnes, dont une mère et ses quatre jeunes enfants, ont été poignardées à mort par un jeune homme originaire du Sri Lanka. Febrio De-Zoysa, 19 ans, était installé au domicile des victimes alors qu’il venait de s’établir à Ottawa pour ses études universitaires.

Les victimes sont les membres d’une famille du Sri Lanka arrivée au Canada depuis environ quatre ans ainsi qu’une connaissance qu’ils hébergeaient. Il s’agit de la pire tuerie de masse dans l’histoire récente d’Ottawa.

Le père des enfants tués dans cette attaque au couteau a été grièvement blessé.

Ni lui ni sa femme n’avait mentionné quoi que ce soit au sujet des visiteurs, qu’ils ne connaissaient pas beaucoup, a poursuivi M. Suneetha. Une fête avait même été organisée pour le présumé assaillant, désormais incarcéré. « C’est un acte de générosité assez commun dans notre communauté d’accueillir des gens qui veulent venir s’installer si la situation le permet », a expliqué à La Presse M. Suneethra.

PHOTO TIRÉE DE FACEBOOK

La famille Wickramasinghe

« C’est là qu’il a été coupé »

Il a d’ailleurs visité à l’hôpital Dhanushka Wickramasinghe, seul survivant de l’attaque. « On peut comprendre qu’il est encore sous le choc et ne comprend pas ce qui est arrivé », a relaté le représentant du temple situé à Ottawa.

Bhanthe Sumanarathana, un autre moine au Hilda Jayewardenaramaya, a raconté au Ottawa Citizen que le père de famille aurait vu le suspect non loin de la porte de garage à son retour à la maison, tard mercredi. Febrio De-Zoysa avait alors un couteau entre les mains.

À l’hôpital, M. Wickramasinghe a raconté au moine s’être alors enquis de sa famille, ce à quoi De-Zoysa lui aurait répondu que tout le monde était en sécurité à l’étage. « Lorsqu’il a ouvert la porte, le type qui se trouvait derrière lui l’a frappé à la tête et c’est là qu’il a été coupé », a expliqué M. Sumanarathana au Ottawa Citizen.

« Il est entré dans la maison, a vu les corps (de sa famille) et s’est rendu dans l’autre pièce pour voir comment allait son ami (Amarakoonmubiayanselan Ge Gamini Amarakoon, lui aussi retrouvé mort sur les lieux) », a raconté le moine.

M. Wickramasinghe s’est ensuite enfermé dans une pièce et a appelé le 9-1-1, toujours selon Bhanthe Sumanarathana.

Des messages de soutien

Une pluie de messages de soutien pour la famille a déferlé sur les réseaux sociaux dans les dernières 48 heures. Une campagne de sociofinancement gérée par le temple a été mise en ligne au lendemain de la tragédie. Plus de 42 000 $ ont déjà été amassés.

Le tueur allégué a comparu jeudi et fait face à six chefs d’accusations de meurtre prémédité, ainsi qu’un chef de tentative de meurtre. Son retour devant le tribunal est prévu pour le 13 mars prochain.

« Je ne l’ai jamais rencontré. Il n’est jamais venu au temple », a précisé M. Suneetha.

La tante du jeune homme, Anusha De-Zoysa, a raconté au réseau Global News que celui-ci avait vécu chez elle pendant le premier mois de son arrivée au Canada, il y a environ deux ans, avant de devenir colocataire de Wickramasinghe, qu’il a rencontré au Collège Algonquin.

Alors que ce dernier s’employait à faire déménager sa famille du Sri Lanka à Ottawa, il avait invité De-Zoysa à vivre avec lui dans la maison où s’est produit le drame. Son neveu s’est alors coupé de ses proches qui demeurent dans le secteur.

« Il a cessé de nous contacter. Il nous a bloqués. Nos numéros de téléphone, les médias sociaux. Tout a été bloqué », a-t-elle déclaré à Global News. « Je n’aurais jamais imaginé que cela puisse arriver, même dans mes rêves les plus fous. »

Selon Bhante Suneetha, le suspect et Amarakoonmubiayanselan Ge Gamini Amarakoon, un homme de 40 ans qui a également perdu la vie dans la tuerie, étaient hébergés chez la famille Wickramasinghe depuis seulement deux mois.

Une vigie est prévue samedi soir dans un parc de Barrhaven, non loin des lieux du drame. Une centaine de personnes se sont rassemblées jeudi soir pour rendre hommage aux six innocents morts dans cette tuerie, la plus violente à survenir à Ottawa dans l’histoire récente.

Avec Vincent Larin, La Presse