(Ottawa) Une famille originaire du Sri Lanka installée au Canada depuis peu a été décimée dans la pire tuerie de masse de l’histoire récente survenue à Ottawa, mercredi soir. Six personnes, dont quatre jeunes enfants et leur mère, ont été poignardées à mort à Ottawa, tandis qu’un homme a été blessé. Un étudiant de 19 ans hébergé chez les victimes a été arrêté. Dans la communauté, l’incompréhension règne.

Ce qu’il faut savoir

Six personnes, dont une mère et ses quatre jeunes enfants, ont été poignardées à mort et un homme a été grièvement blessé mercredi soir, à Ottawa.

Les victimes sont les membres d’une famille du Sri Lanka nouvellement arrivée au Canada ainsi que l’une de leurs connaissances originaire du même pays.

Un homme de 19 ans également d’origine srilankaise, récemment établi à Ottawa pour ses études universitaires, a été arrêté en lien avec ces multiples meurtres.

Les autorités décrivent la tragédie comme la pire tuerie de masse dans l’histoire récente d’Ottawa.

À Barrhaven, quartier d’Ottawa situé à une vingtaine de kilomètres au sud du centre-ville de la capitale fédérale, c’est du jamais vu. Six innocents poignardés. Des enfants tués dans leur propre maison, sans raison apparente. La plus jeune victime avait à peine 2 mois, répète Anua Thomas, voisine de la demeure où s’est déroulée l’attaque. Elle s’est fait réveiller mercredi soir, aveuglée par les gyrophares et la cacophonie engendrée par l’opération policière.

« Je sais que tout le monde dit ça, mais c’est un quartier où il ne se passe rien. On ne voit tellement jamais la police que je pensais que quelqu’un avait eu un malaise cardiaque. Je n’ai jamais pensé à un meurtre », a-t-elle expliqué à bout de souffle.

Cet évènement d’une violence inouïe a troublé la quiétude des résidants de ce quartier aux allures de banlieue parfaite, où toutes les maisons se ressemblent. Shanti Ramesh, qui habite de l’autre côté de la rue, a affirmé avoir vu un homme en détresse devant l’entrée de garage. Il hurlait. Elle ignore toutefois s’il s’agissait du suspect, a-t-elle indiqué.

Dur à croire

Joint au téléphone jeudi soir, Bhanté Sumana, l’un des membres du monastère bouddhiste Hilda Jayewardenaramaya, situé à proximité, arrivait mal à s’expliquer le drame venant de survenir.

On est tous encore sous le choc. C’est douloureux, mais c’est surtout dur à croire. On essaie d’aider comme on peut. Dans la communauté, ça discute beaucoup de ce qu’on pourra faire pour la famille dans les prochains jours.

Bhanté Sumana, membre du monastère bouddhiste Hilda Jayewardenaramaya

Il se souvient que la famille impliquée dans cette tragédie « était très sympathique avec tout le monde », ce qui rend le drame d’autant plus surprenant selon lui.

« Sincèrement, ils avaient vraiment une belle histoire. Ils venaient ensemble assez souvent au temple, ils étaient très gentils et serviables, ils nous aidaient. On ne peut pas juste pas croire ce qui est arrivé », ajoute encore Bhanté Sumana.

Des funérailles devraient normalement se tenir au cours du week-end prochain, soit samedi ou dimanche, aux abords du temple, affirme le résidant. « Tout ça reste à déterminer [vendredi], mais c’est certain que toute la communauté voudra y être ensemble, en guise de solidarité », conclut-il.

Rare violence à Ottawa

« Il s’agit de la plus grosse tuerie de masse dans l’histoire récente d’Ottawa », a laissé tomber le chef de police Eric Stubbs lors d’un point de presse. Il a décrit le choc et l’horreur de ceux qui ont découvert les corps des six victimes mercredi vers 23 h. L’enquête, a-t-il ajouté, s’annonce complexe et difficile. Les autorités ont rappelé qu’un évènement d’une telle violence était rare, voire inédit, dans la capitale.

Le chef de police a précisé qu’il s’agissait d’une tuerie de masse et non d’une fusillade. Un « objet tranchant » a été utilisé par l’assaillant dans chacun des meurtres et dans la tentative de meurtre.

PHOTO CHARLES WILLIAM PELLETIER, COLLABORATION SPÉCIALE

« Il s’agit de la plus grosse tuerie de masse dans l’histoire récente d’Ottawa », a laissé tomber le chef de police Eric Stubbs lors d’un point de presse en début d’après-midi.

Des appels ont été faits au 911 « signalant un incident suspect où un homme criait “à l’aide” et demandait aux gens de composer le 911 », a détaillé Trish Ferguson, chef adjointe du Service de police d’Ottawa. Lorsque les policiers sont arrivés peu de temps après, ils ont découvert le suspect, qu’ils ont arrêté sans incident, a ajouté Mme Ferguson.

La plus jeune des victimes, Kelly Wickramasinghe, n’avait que 2 mois. Ses frères et sœurs sont également morts dans l’attaque de mercredi soir. Il s’agit de Rinyana Wickramasinghe, 2 ans, Ashwini Wickramasinghe, 4 ans, et Inuka Wickramasinghe, 7 ans.

PHOTO TIRÉE DE FACEBOOK

La famille Wickramasinghe

La mère des enfants, Darshani Ekanyake, 35 ans, a été retrouvée morte dans le domicile. Amarakoonmubiayanselan Ge Gamini Amarakoon, une connaissance de la famille, a aussi été tué dans les mêmes circonstances.

Seul le père des enfants, Dhanushka Wickramasinghe, qui se trouve dans un état critique, mais stable, a survécu à ce massacre. C’est précisément ce qui trouble Gustav. Nouveau venu dans le quartier, il habite à deux maisons de celle où est survenue la tragédie. « Je ne peux pas m’imaginer la douleur de cet homme qui a vu sa femme et ses enfants mourir », a expliqué l’homme qui a préféré taire son nom de famille.

D’après des informations rapportées dans divers médias, jeudi, M. Wickramasinghe s’était installé au Canada en 2020, durant la pandémie de COVID-19, avant de parvenir à se réunir avec sa famille dans la dernière année. Il s’était par ailleurs lancé en affaires tout récemment.

Le suspect hébergé par la famille

« On est présentement à aviser les familles des défunts dont certains se trouvent outremer. On parle d’une enquête difficile et complexe », a réitéré la chef adjointe de la police d’Ottawa, Trish Ferguson.

Les victimes sont les membres d’une famille originaire du Sri Lanka nouvellement établie au pays, ainsi que l’une de leurs connaissances, âgée de 40 ans. Cette personne était hébergée par la famille au moment du drame, tout comme l’était le suspect, Febrio De-Zoysa.

PHOTO CHARLES WILLIAM PELLETIER, COLLABORATION SPÉCIALE

Le jeune homme inculpé de six chefs d’homicide et d’un chef de tentative de meurtre séjournait au domicile des victimes.

On en sait peu au sujet du présumé meurtrier de 19 ans : le jeune homme n’a pas de dossier criminel, pas d’historique connu en matière de troubles mentaux et il n’était pas connu des policiers, selon les informations divulguées en point de presse.

Le jeune homme inculpé de six chefs d’homicide et d’un chef de tentative de meurtre est un ressortissant srilankais. Il s’était récemment installé au Canada pour ses études. « Le suspect est une connaissance des victimes et vivait avec eux au moment du drame », a confirmé le chef Eric Stubbs.

PHOTO PATRICK DOYLE, LA PRESSE CANADIENNE

Un homme de 19 ans, Febrio De-Zoysa, a été arrêté sur place peu après l’arrivée des premiers répondants.

La police n’était jamais intervenue auprès de ce jeune homme avant le drame de mercredi soir. C’était également la première fois que les autorités se rendaient au domicile où sont survenus les meurtres.

« Il est particulièrement troublant pour moi en tant que parent d’entendre parler de la mort d’enfants très jeunes », s’est désolé le maire d’Ottawa, Mark Sutcliffe.

Les autorités conseillent à la population d’éviter les lieux du crime, étant donné l’enquête en toujours en cours. Un espace permettant à la population de se recueillir a été aménagé au parc Palmedeo, non loin du domicile des victimes. « Cette tragédie pèsera sans doute fort longtemps dans nos cœurs », a ajouté la chef adjointe du Service de police d’Ottawa.

Sur les réseaux sociaux, Mark Sutcliffe a écrit qu’il a été atterré d’apprendre les multiples homicides qui constituent, a-t-il ajouté, « l’un des incidents de violence les plus choquants de l’histoire de [la] ville ». Le maire a aussi remercié les intervenants d’urgence qui enquêtent et soutiennent les personnes touchées.

Le premier ministre de l’Ontario, Doug Ford, a également présenté ses condoléances. « La nouvelle de ce matin est déchirante, a-t-il écrit sur X. Mes pensées vont à la famille et aux amis des six victimes ainsi qu’à toute la communauté d’Ottawa qui est sous le choc de cette terrible tragédie. »