Il devait sortir les jeunes de la rue, mais il a vendu des armes et de la drogue à un agent double du SPVM : un homme en processus de réinsertion auparavant employé par un organisme communautaire de Montréal-Nord a plaidé coupable lundi matin à des chefs de trafic d’armes et de substances illicites. Marc St-Félix faisait déjà face à des enjeux d’immigration en lien avec d’autres antécédents.

« On veut sortir les jeunes de la rue ni plus ni moins et ici, c’est complètement court-circuité par les agissements de M. St-Félix », a résumé MJean-François Roy, procureur de la Couronne.

L’homme a plaidé coupable lundi matin au palais de justice de Montréal devant le juge Yves Paradis à des accusations de trafic de drogue, d’avoir offert de céder une arme à feu prohibée et d’avoir vendu une arme à feu prohibée.

N’ayant aucune formation d’intervenant ou de travailleur de rue, il œuvrait auparavant au sein de l’organisme communautaire Café-Jeunesse Multiculturel dans le cadre d’un programme de réinsertion, selon nos informations.

Intervenant le jour, vendeur d’armes le soir

L’enquête visant M. St-Félix s’amorce en novembre 2020, en réponse à une recrudescence de violence armée dans la métropole, indique-t-on dans le résumé des faits présenté en audience.

La police de Montréal est alors informée que l’homme de 32 ans gravite autour du milieu criminel. Il est présent dans un organisme de Montréal-Nord situé au coin des rues Pascal et Lapierre. Cette intersection est « associée de façon notoire au fil des ans à des activités criminelles », a souligné le procureur de la Couronne, MJean-François Roy.

Le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) identifie M. St-Félix sur une photo publiée sur les réseaux sociaux où il s’affiche avec une arme de poing. Une « forme de va-et-vient » est observée dans les locaux de l’organisme communautaire lors de la surveillance physique du suspect.

Un agent d’infiltration du SPVM entre en contact avec lui, se faisant passer pour un potentiel client. M. St-Félix lui confie être « prêt à aider les jeunes à sortir de la rue, mais il affirme pouvoir aider d’une autre manière », poursuit MRoy.

« Les munitions s’en viennent »

L’agent double et M. St-Félix discutent d’abord d’achat de stupéfiants. Ce dernier lui vend 20 comprimés de méthamphétamine et moins de 2 grammes de cocaïne, le tout pour 140 $.

L’agent double demande à acheter un pistolet.

PHOTO FOURNIE

Pistolet offert dans la vidéo de Marc St-Félix à l’agent double

Le 25 novembre 2020, M. St-Félix envoie donc à son « client » une vidéo de 12 secondes montrant une authentique arme de poing. On convient du prix : 5000 $ pour l’arme à feu prohibée.

Ils se rencontrent en personne. M. St-Félix transporte l’arme en question dans un sac réutilisable. Il ne s’agit pas du pistolet présenté sur la vidéo, mais d’un revolver Smith & Wesson modèle 14.

« Les munitions s’en viennent », assure le trafiquant en référence aux 10 balles incluses dans la transaction initiale, selon MRoy. L’agent double paye M. St-Félix et part avec l’arme. Les autorités arrêtent le suspect cinq jours après cet échange.

Enjeux d’immigration

Marc St-Félix écope donc d’une peine de quatre ans, selon la suggestion commune entérinée par le juge Paradis. Il était déjà incarcéré depuis presque trois ans en lien avec ce dossier.

« Les enjeux sont sérieux au niveau d’une interdiction d’accéder au territoire canadien », a souligné le juge en s’adressant à l’homme. Ce dernier, né à l’extérieur du Canada, faisait déjà face à des enjeux d’immigration en lien avec d’autres accusations judiciaires.

« Monsieur a des problèmes d’immigration, c’est un jeune papa. Les conséquences sont importantes, c’est quelqu’un qui faisait déjà l’objet d’un suivi avec l’immigration dû à ses antécédents », a rappelé l’avocate de la défense, MVicky Powell.

Son client a admis ses torts et justifié ses actes par « des circonstances difficiles dans sa vie » en s’adressant à la cour en matinée.

« Je me suis détourné de ma mission », a-t-il expliqué au juge.

Lisez l’article « Frappe antidrogue dans Montréal-Nord : un intervenant auprès des jeunes accusé de trafic d’armes »