Seeyomak Salemi-Seyfeddin, que la police considérait comme un associé des Hells Angels en 2020 et 2021, a admis avoir supervisé un réseau de trafiquants de cocaïne et a plaidé coupable à des accusations de trafic et de gangstérisme, lundi, au palais de justice de Montréal.

Ce qu’il faut savoir

Seeyomak Salemi-Seyfeddin a été arrêté en avril 2022 dans le cadre d’une enquête de l’Escouade nationale de répression du crime organisé (ENRCO) baptisée Percuter, et qui visait des motards et leurs associés.

Au cours de l’enquête, la police a intercepté plus de 210 000 communications, dont plus de 8500 en farsi.

La peine trafic et gangstérisme sera prononcée le 3 janvier prochain. Les deux parties se sont entendues sur une suggestion commune de 23 mois de prison.

« Il supervisait et participait à l’achat de kilos de cocaïne, leur transformation, la revente ainsi que la distribution et la collecte de sommes d’argent. […] Entre la mi-avril et la mi-octobre 2020, il a pris part à l’approvisionnement d’une quantité d’environ 2 à 3 kilogrammes de cocaïne par mois », a notamment déclaré la coprocureure au dossier, MVicky Pilote-Henry, du Bureau de la grande criminalité et des affaires spéciales du Directeur des poursuites criminelles et pénales (DPCP).

Salemi-Seyfeddin, 30 ans, a également reconnu sa culpabilité à un chef de possession de cannabis dans un but de distribution qui a également été déposé après que les enquêteurs eurent saisi un téléphone durant une perquisition dans un immeuble du boulevard René-Lévesque en septembre 2020.

La peine de Salemi-Seyfeddin sera prononcée le 3 janvier prochain. Le trafiquant est détenu depuis 16 mois et la détention préventive est calculée en temps et demi. La poursuite, également représentée par MMartin Joly, et la défense, assumée par MIsabella Teolis, se sont entendues sur un reliquat de peine de 23 mois, auquel la période passée en détention préventive a déjà été soustraite, de même qu’une autre période d’une durée inconnue expliquée par « des conditions de détention difficiles ».

Les parties n’ont pas épilogué sur ces conditions difficiles, mais des sources ont confié à La Presse, il y a plusieurs semaines, que Salemi-Seyfeddin avait été attaqué par un ou des codétenus en prison le printemps dernier, et que les périodes de sortie de sa cellule ont ensuite été limitées.

Le juge Pierre Belisle, de la Cour du Québec, décidera le 3 janvier s’il entérine cette suggestion commune ou non.

210 000 communications interceptées

Salemi-Seyfeddin a été arrêté en avril 2022 dans le cadre d’une enquête de l’Escouade nationale de répression du crime organisé (ENRCO) baptisée Percuter et visant des motards et leurs associés, dont le Hells Angel de la section de Montréal Vincent Boulanger, qui a lui aussi été appréhendé et accusé.

Selon un document judiciaire obtenu par La Presse, au cours de cette enquête, les enquêteurs ont intercepté plus de 210 000 communications, dont plus de 8500 en farsi, la langue principalement parlée en Iran.

Le 20 septembre 2019, Salemi-Seyfeddin était en compagnie de plusieurs membres des Hells Angels lors d’un gala de boxe présenté au Centre Pierre-Charbonneau.

Il avait notamment été vu par les policiers accompagnant le Hells Angel de Montréal Salvatore Brunetti.

Ce soir-là, les motards avaient des places assises directement dans la zone de sécurité entourant l’arène, et les organisateurs de l’évènement avaient été convoqués devant la Régie des alcools, des courses et des jeux.

Un enquêteur du Renseignement du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) avait déposé un rapport contenant certaines informations sur Salemi-Seyfeddin.

Surnommé « Le Perse » ou Mike, il avait été décrit comme un proche de Vincent Boulanger, et « un sujet connu pour être très violent et imprévisible ».

Régulièrement l’objet d’enquête par les membres du Groupe Éclipse du SPVM, spécialisés dans la surveillance des bars et la collecte d’informations sur le crime organisé, Salemi-Seyfeddin avait demandé un soir aux policiers s’ils se rangeraient derrière les Hells Angels ou les membres des cartels mexicains si ces derniers en venaient à s’imposer à Montréal.

Les autres suspects

Trois autres individus de la cellule de Salemi-Seyfeddin arrêtés et accusés dans la foulée de l’enquête Percuter, Seifeddine Ben Khalifa, Ashkan Khorassani et Frédéric Lamarre, ont plaidé coupable récemment et recevront leur peine à l’automne.

Vincent Boulanger et d’autres accusés doivent avoir leur procès au printemps prochain.

D’autres suspects visés dans l’enquête Percuter sont toujours recherchés : Romeo Rugero, Mathieu Bélanger et sa conjointe, Andrée-Ann Vignola-Sullivan, et Sidi Ayoub Cherkaoui.

Ce dernier fait partie des dix individus les plus recherchés au Québec et fait l’objet d’une notice rouge diffusée par Interpol. Il pourrait se trouver aux Émirats arabes unis, selon les dernières informations parvenues à la Sûreté du Québec.

Pour joindre Daniel Renaud, composez le 514 285-7000, poste 4918, écrivez à drenaud@lapresse.ca ou écrivez à l’adresse postale de La Presse.