Une femme a été accusée mercredi de trafic de drogue en lien avec la perquisition du magasin Funguyz, qui vend illégalement des champignons magiques à Montréal, quelques heures à peine après son ouverture.

Feila Alichina Idrissa fait face à un chef d’accusation de trafic de substances en vertu de la Loi réglementant certaines drogues et autres substances. La femme, qui n’a pas d’antécédents criminels au Québec, a semblé déboussolée lors de sa comparution mercredi après-midi au palais de justice de Montréal.

Une infraction de cette loi pour le trafic de psilocybine (l’ingrédient actif que l’on retrouve dans les champignons magiques) est passible d’un emprisonnement maximal de dix ans selon le Code criminel.

Le rôle de Feila Alichina Idrissa dans le magasin reste obscur, la police se faisant avare de détails mercredi quant au sort réservé aux trois autres personnes arrêtées en marge de la perquisition effectuée dans la succursale de la rue Ontario mardi.

« L’enquête n’étant pas terminée, nous ne pouvons partager aucune information sur celle-ci », s’est limité à dire le SPVM.

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE

Intérieur du magasin Funguyz rue Ontario, à Montréal, mercredi

Pendant ce temps, l’intérieur du magasin Funguyz rue Ontario, non loin de l’avenue Papineau, avait été complètement vidé de toute référence aux champignons magiques, comme a pu le constater La Presse. L’entreprise, qui compte déjà 11 magasins en Ontario, n’a pas répondu à nos questions quant à la suite des choses pour sa succursale montréalaise.

À Radio-Canada, les propriétaires de la chaîne ont toutefois affirmé vouloir tout remettre en place dans le local de Montréal afin de rouvrir jeudi.

À Toronto, les opioïdes d’abord

En Ontario, où la chaîne de magasins de champignons magiques Funguyz est déjà bien établie, la police de Toronto indique que lorsqu’un signalement est fait à la police de Toronto, « il fait l’objet d’une enquête et toute décision de porter des accusations est fondée sur les conclusions de cette enquête », assure la porte-parole Stephanie Sayer.

Cela dit, d’autres « priorités » sont jugées plus urgentes dans la Ville Reine, explique-t-elle. « Je ne dirais pas que nous sommes tolérants. Cela dit, en ce qui concerne la lutte antidrogue à Toronto, la police se concentre activement sur l’arrêt du trafic de drogues comme le fentanyl et l’héroïne, qui provoquent des décès par surdose », explique Mme Sayer, en ajoutant que les opioïdes « ont un impact traumatisant et dévastateur sur nos communautés ».

« L’offre non réglementée d’opioïdes est dominée par le fentanyl, et Toronto, comme de nombreuses villes, continue d’être au milieu d’une crise », ajoute-t-elle.

En entrevue à La Presse en juin, Edgars Gorbans, copropriétaire d’un Funguyz à Toronto, avait toutefois évoqué une forme de tolérance. « Quand les policiers viennent […], ils déposent des accusations contre l’employé en poste et lui remettent une promesse de comparaître. D’habitude, on rouvre deux ou trois heures plus tard », avait-il dit.

Selon des données de la Santé publique fédérale, l’Ontario est la province où le nombre de décès liés à une intoxication aux opioïdes est le plus élevé au Canada, avec environ 2500 en 2022. Sur un taux de 100 000 habitants, cela donne environ 16,6, au quatrième rang derrière la Colombie-Britannique (44), l’Alberta (33) et la Saskatchewan (19,7).

Environ 87 % des décès et 90 % des hospitalisations liés à une intoxication ont eu lieu en Colombie-Britannique, en Alberta et en Ontario. On a recensé l’an dernier 7238 décès au total, une moyenne de 20 par jour approximativement. Avec 541 décès liés à ce phénomène l’an dernier, le Québec est encore loin derrière ce classement, avec un taux de 6,2 décès pour 100 000 habitants. N’empêche, la crise des opioïdes s’aggrave au Québec, notamment à Montréal, selon plusieurs organismes communautaires.