Un pédophile qui traite sa victime de 14 ans de « manipulateur » veut faire retirer son plaidoyer de culpabilité au prétexte que la Couronne réclame 6 ans de détention, une peine qui serait plus sévère que prévu. Malgré la gravité de ses crimes, Claude Hamelin espère s’en tirer avec de la prison à domicile.

Directeur de scrutin d’Élections Québec, l’homme de 58 ans a agressé sexuellement un adolescent à une douzaine de reprises en 2020. Il a plaidé coupable, en janvier dernier, à un chef de contact sexuel sur un mineur.

Claude Hamelin a profité de sa relation de confiance avec la famille de la victime pour s’en prendre au garçon de 14 ans, dont l’identité est protégée par une ordonnance. Le prédateur avait même fait l’objet d’un long reportage dithyrambique dans un média, il y a quelques années, pour vanter sa grande générosité à l’égard des enfants.

Pendant la première vague de la pandémie, Claude Hamelin a agressé l’adolescent à une douzaine de reprises en lui massant les fesses et en le touchant par-dessus les vêtements. Son colocataire l’a finalement pincé en train de faire une fellation à l’adolescent et a alerté les parents de la victime.

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Claude Hamelin

Trois ans plus tard, la victime a encore une « grande blessure interne », a souligné le procureur de la Couronne MCharles Doucet mercredi lors des observations sur la peine. La famille de la victime a été contrainte de déménager et de changer la fratrie d’école, a indiqué le procureur.

L’audience a pris une tournure inattendue lorsque MDoucet a annoncé son intention de réclamer six ans de pénitencier. L’avocat de l’accusé, MMike Jr Boudreau, a alors fait part de sa surprise.

À ses yeux, le ministère public s’était plutôt engagé, lors de discussions privilégiées, à réclamer de quatre à cinq ans de détention si l’accusé plaidait coupable, et de sept à huit ans en cas de procès. « Je suis penaud de vous faire ces observations », s’est excusé MBoudreau au juge Martin Chalifour.

« Il n’y a jamais eu de suggestion commune et il n’y a jamais eu d’entente », a martelé MDoucet. « Les rapports sont dévastateurs. [L’accusé] traite [la victime] de manipulateur », a insisté le procureur pour expliquer sa demande de six ans.

Comme le « plaidoyer » de l’accusé a été « vicié », MBoudreau veut faire retirer le plaidoyer de culpabilité de son client. Il a aussi été question d’une requête Nixon. Ce type de requête vise à obliger la Couronne à respecter une entente qu’elle aurait répudiée.

Le procureur de la Couronne persiste et signe : il a seulement « envisagé » de demander de quatre à cinq ans de détention en cas de reconnaissance de culpabilité. Selon lui, cette fourchette était conditionnelle aux résultats des évaluations.

« À mes yeux, il n’y a pas un procureur sérieux qui va fermer un chiffre sans avoir eu les évaluations. On fait ça de façon constante, on donne des barèmes, mais on doit avoir les expertises avant de prendre une décision finale », a plaidé MDoucet.

Le procureur a mentionné en salle d’audience que la défense prévoyait demander une peine d’emprisonnement dans la collectivité. Une telle peine serait particulièrement clémente dans cette affaire.