Accusés dans une affaire de plantations illégales de cannabis dont les suspects possédaient des autorisations de Santé Canada, un homme d’affaires établi de Montréal et son fils nient toute implication et disent ne jamais avoir eu connaissance de ce qui se passait dans leur immeuble commercial.

Esmaelle Torabi, 59 ans, et son fils Alexander, 26 ans, ont été accusés de complot et de culture de cannabis après que les enquêteurs de l’unité ACCES Cannabis du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) ont établi que des suspects avaient fait pousser illégalement de la marijuana dans des locaux du sous-sol de leur immeuble commercial situé à l’angle des rues Saint-Patrick et Beaulieu, à Montréal.

Lors de la perquisition, les policiers n’ont pas trouvé de marijuana dans le bâtiment, car les suspects avaient quitté les lieux, mais ils soupçonnent M. Torabi et son fils de leur avoir facilité la tâche en leur louant les locaux en toute connaissance de cause.

Durant l’enquête, les autorités ont demandé et obtenu que l’immeuble commercial de M. Torabi, évalué à 6 millions de dollars, soit bloqué dans le but d’être confisqué en tant que bien infractionnel (qui a servi à commettre une infraction).

Rien à voir avec la drogue

« Je n’ai jamais rien fait d’illégal. Je n’ai jamais vendu de drogue », lance d’entrée de jeu M. Torabi en entrevue avec La Presse.

Arrivé au Canada en 1984, l’homme d’affaires a raconté avoir travaillé fort pour arriver où il est aujourd’hui.

Depuis 25 ans, il dirige une entreprise d’importation et de distribution de tapis, l’une des plus grosses au Canada, qui compte 34 employés. Ses clients sont notamment des chaînes de magasins importantes et connues.

Il possède d’autres entreprises et des immeubles, et a des dizaines de locataires.

Ses avocats ont présenté une requête pour que soit levée le plus rapidement possible l’ordonnance de blocage de son immeuble de la rue Saint-Patrick, qui lui causait beaucoup de problèmes avec ses institutions financières et ses locataires.

Le 16 mars dernier, un juge a ordonné la levée de l’ordonnance, mais une somme de 635 000 $, représentant la valeur des locaux qu’auraient loués les producteurs de marijuana, est toujours bloquée.

Des visites régulières

« [Les locataires] m’ont dit que tout était légal. Ils avaient des autorisations de Santé Canada et de la Ville de Montréal. J’ai loué à des gens qui ont contourné le système, mais je ne pouvais pas le savoir », se défend l’homme d’affaires.

M. Torabi affirme que les locaux que son fils et lui avaient loués aux suspects n’ont rien à voir avec son entreprise de tapis et qu’ils étaient accessibles par la rue Beaulieu et non par la rue Saint-Patrick.

Il ajoute que c’est un agent immobilier qui l’a approché pour que les producteurs louent ses locaux, qu’il ne connaissait pas ces futurs locataires et que ces locaux étaient propices à la production légale de cannabis, car ils comptaient déjà des équipements de réfrigération de l’ancienne entreprise Da Vinci.

Son fils et lui soutiennent que des inspecteurs de Santé Canada, de la Ville de Montréal et du Service de sécurité incendie ainsi que des employés d’entreprises de services se sont rendus à une dizaine de reprises dans les locaux loués par les suspects, mais que les règlements interdisaient aux propriétaires d’y entrer.

Ils affirment qu’après un an et demi d’occupation, à la suite de plaintes de la part d’employés, ils ont mis fin aux baux et que les producteurs de marijuana ont quitté les lieux il y a environ un an.

« Ça n’a pas de sens. Nous n’aurions jamais dû être accusés et un jour, les gens vont savoir la vérité », promet M. Torabi, qui entend se défendre avec vigueur devant les tribunaux.

Pour joindre Daniel Renaud, composez le 514 285-7000, poste 4918, écrivez à drenaud@lapresse.ca ou écrivez à l’adresse postale de La Presse.