Pierre Ny St-Amand, ce chauffeur de la Société de transport de Laval (STL) qui a fait deux morts et six blessés en fonçant dans une garderie de Laval, subira une évaluation psychiatrique pour déterminer son aptitude à subir son procès.

La décision a été rendue vendredi par le juge Carol Richer, de la Cour du Québec, à la demande de l’avocat de l’accusé, MJulien Lespérance Hudon, au palais de justice de Laval.

Pierre Ny St-Amand, qui était présent en cour, sera de retour le 24 février. C’est alors qu’on saura si les experts estiment qu’il peut subir son procès.

Vendredi, peu avant midi, l’homme est apparu dans le box des accusés, soutenu par deux agents correctionnels, l’air hagard, les cheveux dressés sur la tête. Il marchait péniblement, les yeux fermés, mains et pieds liés. On aurait dit qu’il avait perdu contact avec la réalité.

ILLUSTRATION MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE

Le juge Carol Richer

Son avocat a expliqué au juge qu’il avait des motifs raisonnables de croire que son état mental ne lui permettait pas de subir son procès.

Il a dit avoir noté des changements soudains dans son attitude, après l’avoir rencontré à quelques reprises au cours de la dernière semaine.

« Dépendamment des journées où je le rencontre, hier par exemple, j’ai eu une rencontre avec lui d’au-delà d’une heure et demie. À ce moment-là, j’ai jugé que Monsieur était présent, capable de subir son procès, alors qu’aujourd’hui, ce matin, comme vous voyez, je ne suis pas en mesure d’entrer en contact avec lui, d’obtenir de réponse de sa part, M. le juge. Il est comme ça depuis ce matin », a-t-il détaillé.

L’évaluation psychiatrique qui aura lieu à l’Institut Philippe-Pinel a été accordée par le juge Richer en vertu de l’article 672 du Code criminel. Elle doit être réalisée dans un délai de cinq jours.

Pourquoi avoir attendu au 17 février pour demander cette évaluation psychiatrique ?

« J’avais certaines informations qui me permettaient d’avoir les motifs pour faire la demande que je n’avais pas la semaine dernière », a répondu MJulien Lespérance Hudon, à la sortie de l’audience.

Le juriste a ajouté qu’il avait insisté pour que son client soit présent à l’audience de vendredi prochain.

« Des fois, c’est difficile de rencontrer les clients en prison, a-t-il expliqué. Le fait de l’amener au palais de justice, c’est plus facile pour moi de le rencontrer directement en salle. »

Neuf accusations

L’homme de 51 ans fait face à neuf chefs d’accusation : deux de meurtre au premier degré, une de tentative de meurtre, deux de voies de fait graves et quatre de voies de fait ayant causé des lésions corporelles.

Selon des informations obtenues par La Presse, il était détenu à l’infirmerie de l’Établissement de détention de Bordeaux depuis mercredi, probablement dans une cellule d’isolement. Le jour de sa mise en accusation, qui s’est déroulée par visioconférence, le 8 février, il se trouvait à l’hôpital du Sacré-Cœur.

Toujours selon La Presse, l’homme devait se marier dans un mois avec celle qui partage sa vie depuis plus de dix ans et qui est la mère de ses deux enfants.

Les motifs qui l’ont conduit à foncer dans la garderie restent inconnus.

Après la collision, le chauffeur de la STL a tenté de sortir de l’autobus en se dénudant et a été maîtrisé par des parents et des voisins. Ce geste insensé a provoqué une vague de colère, de tristesse et de compassion.

Les funérailles de l’un des deux jeunes enfants tués, Jacob Gauthier, 4 ans, ont eu lieu jeudi. Les détails entourant les funérailles de l’autre victime, Maëva David, 5 ans, n’ont pas encore été annoncés.

Au lendemain du drame, le ministre responsable des Services sociaux, Lionel Carmant, a révélé que l’accusé n’était pas en attente de services en santé mentale. Rien ne laissait croire qu’il avait eu des problèmes de santé mentale dans le passé.

À la STL, où il était conducteur depuis une dizaine d’années, il avait la réputation d’être un homme calme et discret.

Pour être jugé apte à comparaître, l’accusé doit comprendre les accusations portées contre lui, savoir où il se trouve et être capable de communiquer avec son avocat.

Rappelons que Pierre Ny St-Amand, né au Cambodge, a été adopté par une famille de Sept-Îles, sur la Côte-Nord. Il « a eu une enfance difficile et était souvent rejeté par les autres », a confié une source à La Presse.

Depuis cinq ans, lui et sa famille habitent à un peu plus de 5 km du lieu de la tragédie.