Le père d’une famille recomposée dont deux bébés sont morts coup sur coup a été arrêté jeudi matin à Québec. Il a été accusé de meurtre au deuxième degré de sa fille de 2 mois.

L’homme, qu’il nous est interdit de nommer pour protéger d’autres enfants, a comparu par vidéoconférence devant un juge jeudi après-midi.

« Le service des enquêtes sur les crimes contre la personne de la Sûreté du Québec (SQ) a procédé ce matin, à Sainte-Foy, à l’arrestation d’un homme de 27 ans de Lévis en lien avec le décès d’un poupon de deux mois survenu en octobre 2021 », avait indiqué Hélène St-Pierre, porte-parole de la SQ, quelques heures plus tôt.

L’homme, tête rasée et vêtu d’un t-shirt noir, est resté impassible pendant sa comparution. Comme il est accusé de meurtre au deuxième degré, son maintien en détention est « automatique à ce stade-ci » du processus judiciaire, lui a expliqué le procureur de la Couronne, Me Matthieu Rochette. L’accusé s’est vu interdire de communiquer avec sa conjointe.

Sollicitée par courriel, son avocate, MMacha Ouellet-Bernatchez, n’a pas immédiatement commenté le dossier.

Deux bébés morts

La Presse a levé le voile mercredi sur la situation tragique à l’origine des accusations, révélée par un jugement dans une affaire de protection de la jeunesse.

Un garçon et une fille de cette famille reconstituée de Chaudière-Appalaches sont morts dans leurs premiers mois de vie en 2020 et 2021.

Le premier décès, celui d’un petit garçon de moins de 6 mois, demeure inexpliqué après une enquête du coroner.

Le second décès, celui d’une petite fille de 2 mois, était lié à des traumatismes constatés sur le corps de l’enfant au moment de son hospitalisation, selon les médecins. « Elle a subi au cours de sa courte vie, de la part de l’un et/ou l’autre de ses parents, des sévices d’une grande violence qui ont entraîné son décès », a écrit le juge Louis Charette, dans sa décision sur l’avenir des enfants survivants de la famille.

Peu importe leur degré de responsabilité dans ces gestes, [les parents] ont failli à leur tâche.

le juge Louis Charette, dans sa décision sur l’avenir des enfants survivants de la famille

Le jugement a été rendu en décembre dernier.

La gestion du dossier a été compliquée par la progression parallèle de l’enquête policière et des efforts de la Direction de la protection de la jeunesse (DPJ) afin d’assurer la sécurité des enfants survivants de la famille recomposée. Le rapport d’autopsie concernant le second décès « est achevé depuis plusieurs mois, mais [il] n’est toujours pas accessible. En effet, ce document est toujours en possession de la Sûreté du Québec qui refuse d’en donner l’accès aux parents et à la DPJ », avait souligné le juge Charette en décembre.

Choisissant de ne pas prendre de risque, le magistrat avait décidé que le couple ne retrouverait pas la garde des enfants survivants : l’une demeurerait chez sa mère biologique, l’autre serait pris en charge par sa grand-mère. La mère de famille continuerait à avoir accès à son enfant. Le père bénéficiait d’un droit d’accès supervisé, mais son arrestation pourrait venir brouiller les cartes.