Pierre Ny St-Amand, ce chauffeur d’autobus qui a percuté une garderie, allait se marier dans un mois. « Il avait tout ! Une femme, des enfants, une maison, une auto », raconte celui qui devait agir à titre de témoin lors de la célébration. Sokkha Mey ne comprend pas ce qui s’est passé dans la tête de son ami le jour du drame.

Le mariage de Pierre Ny St-Amand devait avoir lieu le 11 mars prochain à Longueuil, mais l’union a été annulée à la suite de l’arrestation du Lavallois de 51 ans. Deux enfants sont morts et six autres ont été blessés quand l’autobus qu’il conduisait a défoncé un mur de la garderie éducative Ste-Rose. Il fait face à neuf chefs d’accusation, dont deux de meurtre prémédité.

PHOTO TIRÉE DE FACEBOOK

Pierre Ny St-Amand

« C’est quelque chose qui ne va pas se faire », a confirmé Lili Beka, la notaire qui devait procéder au mariage. « C’est une période difficile pour cette famille », a-t-elle expliqué.

Pierre Ny St-Amand est en couple avec la même femme depuis plus de 10 ans. Son mariage devait se dérouler sans flafla au bureau de la notaire dans Greenfield Park. « Ils voulaient juste signer les papiers et officialiser leur mariage parce que ça fait 10 ou 15 ans qu’ils vivent ensemble et qu’ils ont des enfants », ajoute la notaire.

Sokkha Mey confirme que ses deux amis vivent ensemble depuis de nombreuses années. Les conjoints s’étaient mariés de façon religieuse, mais leur union n’avait pas de valeur légale. Ils sont d’ailleurs parents de deux enfants. « Dans notre culture, on se marie de façon religieuse […] Moi-même, je me suis marié il y a 14, 15 ans et on a fait une grosse fête. Ce n’est qu’il y a deux mois que nous avons décidé de le faire de façon légale devant le notaire », explique M. Mey, qui est d’origine cambodgienne tout comme Pierre Ny St-Amand et sa conjointe.

« Ils voulaient faire la même chose que nous », ajoute-t-il. M. Mey leur a donc suggéré d’avoir recours aux services de la même notaire, Lili Beka, qui avait célébré sa propre union, il y a deux mois.

Aucun indice

Sokkha Mey fréquente « régulièrement » Pierre Ny St-Amand depuis huit ou neuf ans, dit-il. Leurs deux familles se voient aux anniversaires de leurs enfants, à Noël, pour des barbecues et à la piscine, l’été. « Il n’y a eu aucun indice », laisse tomber l’homme encore sous le choc que son ami ait pu conduire son véhicule de la Société de transport de Laval (STL) dans une garderie bondée de petites vies.

Quand j’ai écouté les nouvelles ce matin-là, j’ai entendu qu’un autobus avait foncé dans une garderie, mais je n’y ai pas fait attention plus que ça. Vers 11 h ou midi, quand j’ai appris [l’identité du chauffeur], j’ai été abasourdi. Je n’étais plus capable de travailler.

Sokkha Mey, proche de Pierre Ny St-Amand

L’homme assure que Pierre Ny St-Amand et sa conjointe formaient un couple uni, même s’ils montraient peu de signes d’affection en public. « Leur couple allait très bien. Financièrement aussi. Les deux travaillent, ils ont une maison, une voiture, les enfants vont à l’école, ils vont bien », énumère-t-il.

« Je vous confirme que je n’ai pas constaté de problèmes entre eux, de violence ou de chicanes. Ils s’aimaient. Je n’arrive pas à comprendre ce qui s’est passé », ajoute-t-il. À sa connaissance, son copain n’éprouvait pas de problème de santé mentale non plus.

« Je n’en reviens pas. Tous ses amis, on ne comprend pas », se désole-t-il.

Un homme « gentil avec zéro problème »

D’autres membres de l’entourage de Pierre Ny St-Amand, qui refusent de se nommer pour des raisons professionnelles, se posent autant de questions depuis la tragédie.

« C’était un chic type, quelqu’un de gentil avec zéro problème. Il n’y a rien qui laissait croire qu’il aurait pu commettre ce geste, rien », confie l’un d’eux, qui n’était pas au courant du fait que l’accusé allait se marier en mars.

On a tous hâte de savoir ce que les enquêtes vont dire. Tout le monde en parle, mais personne n’a de réponses.

Un proche de Pierre Ny St-Amand qui témoigne sous le couvert de l'anonymat

Adopté par une famille originaire de Sept-Îles, Pierre Ny St-Amand « a eu une enfance difficile et était souvent rejeté par les autres », ajoute une autre source qui l’a côtoyé au collège Montmorency. « Mais jamais il n’y a eu de signes supplémentaires. Quand on a terminé nos études, à la fin des années 1990, il était impliqué avec l’association des diplômés. Il était là avec nous, participait aux réunions. On est vraiment abasourdis », confie cette personne.

Le directeur du Service des affaires étudiantes du collège Montmorency avait d’ailleurs pris Pierre Ny St-Amand « sous son aile » à l’époque. La famille du directeur en question était aussi proche de l’accusé, selon nos informations, et elle avait assisté au mariage religieux de l’accusé et sa conjointe, en 2012.