Depuis mercredi matin, Michel David pleure. Il pleure sa petite-fille disparue dans un évènement incompréhensible, insensé et improbable. Il pleure pour son fils, sa conjointe et leurs jeunes enfants dont la vie vient de changer à tout jamais, dit-il.

La famille venait de fêter le cinquième anniversaire de leur « petite sauterelle. » La fillette est l’une des deux victimes de la terrible tragédie à la garderie Ste-Rose qui a ébranlé tout le Québec.

Le grand-père endeuillé se dit surpris. Dévasté, il ne ressent aucune colère face au chauffeur qui aurait enlevé délibérément la vie à sa petite-fille. « Simplement une grande incompréhension. »

Le soutien de ses amis et de parfaits inconnus qui ont eu vent de la nouvelle lui font chaud au cœur. « Si je peux exprimer un souhait, c’est que les parents et grands-parents s’investissent, prennent du temps, auprès de leurs enfants et petits-enfants et apprécient ces moments privilégiés. La vie est souvent très belle, et quelquefois cruelle. »

Population ébranlée

« Un drame sans nom », « un geste cruel et pas possible » : la tragédie de la garderie éducative Ste-Rose laissera des traces indélébiles pour des Lavallois venus rendre hommage aux petites victimes, tôt jeudi matin.

Le temps s’est arrêté mercredi matin pour Noémie Desjardins, mère de deux fillettes de 4 et 5 ans qui fréquentent la garderie. Son conjoint l’appelle en tentant de garder son calme. Un autobus a foncé dans la garderie, laisse-t-il tomber. « Mais il me dit Chiara est correcte. Il ne le savait pas qu’elle était correcte, il voulait juste pas que je panique », raconte-t-elle les larmes aux yeux.

Elle se retrouve sans mot devant la bâtisse lourdement endommagée, au lendemain du drame. Sa fille s’en est sortie. Son autre enfant n’était pas à la garderie cette journée-là. Elle ignore les séquelles que gardera la cadette après avoir vécu le pire. « Elle me dit : maman, me garderie a eu un accident d’auto et mes amis sont malades », rapporte Mme Desjardins. « C’est difficile d’expliquer ça à ses filles quand même toi tu n’as pas de réponse » laisse tomber la maman après un court silence.

PHOTO PATRICK SANFAÇON, LA PRESSE

La garderie a été placardée après le retrait de l’autobus.

« Quand j’ai compris c’était quoi l’évènement, c’était l’effondrement total. C’est un drame sans nom », raconte Mélanie, une voisine de la garderie. Ses enfants ont vu plusieurs ambulances se diriger vers la garderie mercredi matin. Elle ne peut retenir ses sanglots au lendemain du terrible évènement. « C’est des enfants. Ils n’ont pas à subir ça. C’est pas correct. C’est vraiment pas correct. »

Ilham Mirouchi, une mère de famille du secteur, n’a pas fermé l’œil de la nuit. « Je pense juste à comment les enfants se sont sentis. Pourquoi c’est arrivé ? »

Elle a dormi avec son fils de six ans hier. « On se trouve chanceux. C’est un geste cruel et pas possible qui aurait pu toucher n’importe qui. »

Un poste de commandement est érigé à deux pas des lieux du drame où des citoyens en larmes se recueillent, bouquets de fleurs à la main. « Des intervenants psychosociaux d’Urgence sociale et des agents d’interventions communautaires de l’escouade Prévention seront sur place pour discuter avec les citoyens qui en ressentent le besoin », signale le Service de police de Laval (SPL).

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Le rond-point devant la garderie Ste-Rose, là où les autobus de la ligne 151 se stationnent.

Plusieurs passants essuient leurs larmes et lâchent des soupirs désemparés en repensant à ce geste « insensé. »

« Dès qu’on a reçu l’appel, les répartiteurs ont été en mesure de savoir qu’il s’agissait d’une situation hors norme », souligne Jean-Pierre Rouleau, d’Urgences Santé.

Une quinzaine de véhicules d’Urgences Santé, dont neuf ambulances, ont été mobilisés pour cette intervention impliquant plusieurs enfants.

Des véhicules de soins avancés ont été demandés sur les lieux. L’opération a nécessité 25 intervenants.

Le premier ministre François Legault se rendra à Laval sur les lieux en avant-midi.